Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome I, pp. 230-231, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
Lettre précédente : 138 Lettre 144 — Lettre suivante : 150
Sommaire chronologiqueSommaire alphabétique

À Gustave Flaubert

Ministère
de l’Instruction Publique
et des Beaux-Arts
Cabinet et secrétariat
1er bureau
Paris, le 19 août 1879.
Mon cher Maître,
Je ne vous ai pas répondu plus tôt parce que je ne pouvais vous donner encore aucune nouvelle. J’ai été 2 fois chez M. Billard sans le trouver ; il était absent de Paris. Quant à M. Achille il ne pouvait se procurer les Festons et Astragales dont un exemplaire vaut actuellement de 40 à 50 fr.
Enfin j’ai vu M. Billard ce matin et il porte aujourd’hui à Lemerre les 3 volumes. J’ai eu d’autant plus de mal à le voir que je suis en ce moment seul avec Charmes dans notre bureau, ce qui me force à arriver à 8 heures du matin pour ne partir qu’à 7 heures du soir ; et je ne puis m’absenter une seule minute dans le jour.
J’ai fait écrire au chef du cabinet, absent en ce moment, pour qu’il donne l’ordre d’ordonnancer 750 fr. en votre nom. J’ai tout lieu de croire que la chose va être faite. Quant à une augmentation de pension, c’est, en ce moment, tout à fait impossible ; la commission du Budget a carrément refusé le crédit que nous demandions en 1880 pour le chapitre des hommes de lettres, de sorte que nous restons avec des dettes, et que toute la bonne volonté d’un ministre serait insuffisante pour donner actuellement une pension de 100 francs.
Je suis bien heureux des nouvelles que vous me donnez de vos affaires. Je savais du reste, par Mme Brainne, que M. Commanville reprenait ses affaires et installait une scierie à Rouen. — J’ai eu, quant à moi, un tas d’embêtements du côté de mon frère qui a causé beaucoup de chagrin à ma mère et l’a fait se sauver dans un petit trou de la Bretagne, St-Jacut-de-la-Mer, où j’irai, sans doute la chercher au commencement de septembre. J’ai vu Tourgueneff qui va très bien.
Adieu, mon cher Maître, je vous embrasse tendrement et filialement. Mille amitiés autour de vous.
Guy de Maupassant
Je vous serais bien reconnaissant de m’envoyer une lettre de recommandation (pas d’introduction, ils se connaissent) pour M. Charles Schaeffer, auprès de M. d’Osmoy. Comme M. d’Osmoy me connaît vous pouvez très bien lui écrire que je vous demande cette lettre pour M. Schaeffer que je garantis un fort honnête et fort brave homme qui a besoin d’appui pour obtenir une perception.
Ci-joint la carte de M. Schaeffer1.

1 Cf. réponse de Flaubert, Correspondance (éd. Conard, tome VIII, N° 1747, datée par erreur du 28 août 1878, au lieu de 1879).