Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome I, p. 264, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Gustave Flaubert

Cabinet du ministre
de l’Instruction Publique
des Cultes
et des Beaux-Arts
[Paris, 16 février 1880.]
Ça va très mal, mon bien cher Maître, je crois que je vais perdre ma place et me trouver sur le pavé, c’est roide. Je vous dirai, tout à fait confidentiellement, que Nana est sur le point d’être saisie, et on me poursuit, je crois, pour arriver à Zola sur un marchepied. Je compte cependant beaucoup sur la lettre que je vous ai demandée. Le retentissement de votre procès et votre haute situation littéraire actuelle vous donnent une autorité singulière.
On m’a dit de différents côtés et par des canaux autorisés que j’allais être condamné certainement. Donc, il y a des dessous. On m’affirme que cela vient du salon de madame Adam (entre nous), et que je suis une victime désignée pour frapper ensuite Zola. Est-ce vrai ? Je ne sais. Je suis, dans tous les cas, bien embêté. Je vous tiendrai au courant de tout ce qui se produira.
Je vous embrasse bien tendrement.
Guy de Maupassant1

1 Cf. réponse de Flaubert, Correspondance (id., 1956 1955).