Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome I, pp. 287-288, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Jules Ferry

ministre de l’instruction publique
Ministère
de l’Instruction Publique
des Cultes
et des Beaux-Arts
Direction des Sciences et Lettres
Bureau des Travaux Historiques
et des Sociétés Savantes
Paris, le 1er juin 1880.
Monsieur le Ministre,
Une maladie nerveuse dont je souffre depuis plusieurs années a pris depuis quelques semaines des proportions inquiétantes, attaquant mes yeux et me faisant souffrir sans cesse de violentes migraines.
Ainsi que l’atteste le certificat ci-joint, mon médecin, M. le Docteur Rendu, pense qu’un repos absolu pourrait seul rétablir ma santé.
Me conformant à mon conseil j’ai l’honneur, Monsieur le Ministre, de solliciter de votre bienveillance un congé de trois mois, avec traitement, pour me permettre de me soigner d’une façon régulière et de vivre un peu à la campagne dont l’air m’est vivement conseillé.
Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, votre très obéissant serviteur.
Guy de Maupassant
Certificat médical
Monsieur le Ministre de l’Instruction Publique
et des Beaux-Arts.
2, Rue de l’Université
Mardi, Jeudi, Samedi
de midi à 2 heures

Je soussigné, agrégé médecin des hôpitaux, certifie avoir donné, depuis deux ans, mes soins à M. de Maupassant. Ce jeune homme a été atteint d’une névrose tenace, caractérisée par des maux de tête incessants, des poussées congestives vers le cerveau, qui à plusieurs reprises ont préoccupé pour sa santé.
Cette disposition, bien que légèrement atténuée, persiste, ainsi que des palpitations cardiaques violentes qui reviennent à certains moments et s’accompagnent de troubles digestifs. Enfin, depuis quelques semaines, M. de Maupassant a été atteint de paralysie de l’accommodation de l’œil droit, coïncidant avec une névralgie tenace du coin correspondant de la tête. En raison de la persistance et de l’intensité de ces troubles fonctionnels, qui empêchent bien souvent M. de Maupassant de se livrer au travail, je pense qu’il serait utile pour lui de garder un repos absolu et de prendre un congé pendant trois ou quatre mois environ.
En foi de quoi, j’ai délivré à M. de Maupassant, ce certificat pour en faire l’usage qu’il croira utile.
Le 1er juin 1880.
M. Rendu