Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome II, pp. 16-17, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Caroline Commanville

Lundi matin [janvier 1881 ?].
Madame et chère amie,
Je ne vous ai point répondu plus tôt parce que je suis au lit depuis huit jours avec une atroce névralgie du cerveau et des yeux. Je vous remercie infiniment des détails que vous m’avez envoyés et dont je ne savais qu’une partie. Je n’ai point répondu à Christofle, l’époque du Concours étant finie. Je lui avais écrit seulement un mot pour lui dire qu’aucun lien autre que ceux d’une très grande amitié n’existait entre Flaubert et Bouilhet. Cette calomnie qu’une grande ressemblance a fait courir ne peut du reste atteindre en rien la mémoire de votre grand-mère comme vous semblez le croire, car, si on peut quelquefois avoir un doute sur le père, il n’en saurait être de même pour la mère : et c’est bien ainsi qu’on l’entend, car deux ou trois fois déjà j’ai eu à combattre cette erreur1.
Je pars malheureusement demain matin pour Étretat, ce qui me permettra pas de vous voir à votre passage ici. Je tâcherai de me rendre à Croisset en revenant, mais je ne puis vous le promettre absolument car je puis être rappelé à Paris par dépêche et en ce cas je ne pourrais m’arrêter.
Croyez chère Madame et amie à mes sentiments bien affectueux et tout dévoués — mille amitiés à votre mari.
Guy de Maupassant
Si ma santé ne me permettait pas de partir demain (car je souffre toujours beaucoup) je tâcherais de me faire voiturer jusque chez vous quand vous passerez ici. Excusez le laconisme de cette lettre. Je suis absolument abruti par la névralgie.

1 Selon des racontars sans fondement Bouilhet aurait été un frère adultérin de Flaubert.