À Émile Zola
83, rue Dulong. [Printemps 1883.] |
Cher Maître et ami,
Je suis tellement honteux que je rougirai en vous voyant. Je n’ai pu encore aller vous voir étant en ce moment accablé de besognes de toute espèce qui ne me laissent pas dix minutes par jour.
Ajoutez à cela que je suis à moitié aveugle depuis six mois, que toute lecture m’est impossible et que j’écris presque à tâtons, et vous saurez comment vous n’avez pas reçu de mes nouvelles.
Je pars demain pour quatre ou cinq jours, je serai revenu mardi, et j’irai un matin de la semaine, sonner à votre porte, si je ne vous dérange pas.
Je ne vous parle pas du Bonheur des Dames dont je n’ai là qu’un feuilleton. Je l’attends en volume. Je suis incapable d’ailleurs en ce moment de lire un journal quelconque ; et je me suis procuré un lecteur pour les livres que je veux connaître.
Je vous serre bien cordialement la main, mon cher Maître et ami, en vous priant de présenter à Madame Zola mes compliments empressés et respectueux.