Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome I, pp. 66-67, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Louis Le Poittevin

Paris, ce dimanche soir
[fin 1874 ou début 1875].
C’est la rage dans le cœur et l’indignation au bout de la plume que je t’écris, mon cher Louis. Je viens de voir l’« Étretat1 » — la peinture est éreintée, il y a des places grandes comme la main où le bois est à nu. Ensuite, le père Gardon, notre gareur, nous dit quand nous arrivons, « Messieurs, on vous a envoyé un aviron qui ne tiendra pas deux jours. » Comme il faisait beaucoup de vent, nous sortons à la rame. Au bout de 5 minutes l’aviron casse ! Le bois de la gaffe était pourri — la gaffe casse.
total
peinture-réparations
aviron commandé ici
gaffe
08 fr.
07
01
——
16
de plus — le canot fait eau et Gardon prétend que le mât ne tiendra pas un mois tant il est gercé. Nous sommes obligés de le faire cercler de fer — 2 fr.
Si Bénard ne m’envoie pas de suite un aviron de rechange — et pour rien, naturellement — il peut bien compter qu’il n’aura pas une commande ici. Tout le monde m’a blagué sur mon constructeur rouennais et Fontaine n’était pas content d’avoir 18 fr. de réparation dès le premier jour. Je te prie de faire cette commission à Bénard, si tu as une minute.
Tu peux dire encore à Bénard que la dérive ne descend que de 23 centimètres au lieu de 50. Je n’ai que 14 m. de toile.
Adieu, mon cher Louis. Mille compliments à ta femme et à ton beau-père. Pardon pour la peine que je te donne encore.
Tout à toi,
Guy de Maupassant

1 Nom de son bateau.