Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome II, p. 149, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
Lettre précédente : 289 Lettre 348 — Lettre suivante : 769
Sommaire chronologiqueSommaire alphabétique

Au baron Ludovic de Vaux

[Fragment]
La Guillette (Étretat),
25 juin 1884.
L’histoire dont tu me parles est tellement bête et tellement folle que je ne m’explique pas comment elle a pu prendre naissance. Généralement, quand de pareilles inventions germent dans la cervelle de quelque portière rentée, on trouve au moins l’œuf dont est née la calomnie. Mais j’ai beau chercher, je ne découvre même point ce qui a pu servir de prétexte à cette stupide fable. Je ne puis trouver un nom qui me mette sur la voie de l’homme ou de la femme d’imagination d’où est venu ce potin étonnant. Il est bien certain que ce cancan a pris naissance à Paris, et non à Étretat, que c’est l’œuvre de quelque ami ou de quelque confrère, car personne parmi les baigneurs ou les baigneuses d’ici ne se trouve dans les conditions indiquées par l’inventeur de l’histoire.
Veux-tu le pendant ?
On a raconté à Paris cet hiver, dans le monde des grandes cocottes (monde où je ne vais pas, où je n’ai jamais été), que je vivais à Étretat maritalement avec une fille, du produit des aventures de cette fille au Casino ! Cette personne habitait chez moi, disait-on, à la connaissance de tout le pays. J’ai cherché d’où partait cela. Je n’ai rien trouvé.
Ce qu’il y a de mieux à faire c’est de rire de ces sottises...