Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome II, pp. 194-195, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À la comtesse Potocka

[Fragment]
[1885 ?]
J’aurais dû m’en souvenir, car la partie de campagne avait été remise à samedi à cause de cela. Je lâche tous mes invités de jeudi. Je leur écris que je suis à l’agonie et je vous demande de venir jeudi au lieu de vendredi. Il faut que vous ordonniez à Georges1 de ne pas aller à Lille ou d’être revenu.
Je viens d’écrire à Mme Kann2 pour la supplier de ne pas faire manquer la partie de samedi. Ne jouons pas à nous faire des niches dont nous sommes les premières victimes, bornons-nous aux niches qui embêtent les autres. Moi j’aime beaucoup ces excursions, bien que je les blague quelquefois, et j’aime beaucoup mieux les faire avec Mme Kann qu’avec Mme Legrand dont la conversation languit un peu après dîner.
... Je n’ai pas de chance. Massenet n’ayant pu m’obtenir les fauteuils payés que je demandais, m’envoie son propre service en me faisant écrire, par Mme Bessand, qu’il compte sur ses amis. J’en ai donc pour cinq heures de musique ce soir, après la soirée d’hier ! C’est la vengeance de Branlou-Wi-koff-dor. Pardon : Branlou-Widorkoff. J’emmène Georges à cette exécution de ma patience.
Ce matin je suis défrisé et je ne sais pas du tout comment cela s’est fait. Je crois que, pendant mon sommeil, je me suis tout simplement passé la main dans les cheveux.
J’ai envie d’aller faire une visite à Mme de Mailly tantôt... Faut-il lui proposer de faire des parties de campagne, — et former un 3e groupe, — ou bien la mêler à un des deux premiers groupes ? Je me conformerai sur ce point aux ordres que m’enverra Votre Grâce toute puissante dont je suis le sincère ami et le serviteur toujours frisé...

1 Sans doute le journaliste Georges Legrand.
2 Née Marie Warshawska.