Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome II, pp. 210-211, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
Lettre 414
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À Georges Decaux1

2 juin 1886.
Monsieur, je vous retourne en renonçant à les corriger les épreuves que vous m’avez envoyées. J’ai perdu deux jours sur ces feuilles que vous avez données à imprimer à je ne sais qui, mais certainement pas à un imprimeur. Notez qu’ayant eu à composer non pas sur un manuscrit mais sur des journaux imprimés sans aucune faute, il ne devait et ne pouvait faire aucune erreur. Je n’ai jamais reçu d’épreuves dans ces conditions : il manque des phrases, d’autres sont changées de place, les mots oubliés sont innombrables, enfin je n’y reconnais rien. Comme j’ai les yeux malades et pas de temps à perdre, vous voudrez bien arrêter tout simplement cette publication qui paraîtrait maintenant beaucoup trop tard par la faute de cet inqualifiable imprimeur...

1 Georges Decaux, éditeur, directeur de la « Librairie illustrée » écrivait à un ami le 2 novembre 1892 : « ... Permettez-moi de vous offrir l’exemplaire unique, à l’état d’épreuve, du Salon (de 1886) de Maupassant, qui n’a jamais vu le jour, pour les raisons indiquées dans la lettre de l’auteur jointe à l’exemplaire. Maupassant avait tellement raison de se plaindre de l’incroyable façon dont son texte avait été composé, que j’acquiesçai complètement à son désir et ne fis aucun effort pour le faire revenir sur sa détermination... Un détail qui a son importance : au moment où sont paru les articles en question, Maupassant avait mal aux yeux et il devait se contenter de dicter ses lettres et ses articles. Il en résulte que la lettre et les corrections ne sont pas de sa main. » (Catalogue Giraud-Badin, Vente du Comte de Suzannet, 24 mai 1938.)