Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome II, pp. 213-214, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Louis Le Poittevin

Châtel-Guyon, mardi.
[Juillet 1886 ?]
Mon cher Louis,
J’ai écrit immédiatement à mon ami Hecq, Chef de Bureau au Cabinet du Ministre, et chargé des Beaux-Arts.
Je ne sais, par exemple, si je réussirai à faire acheter ton tableau par l’État, car j’avais déjà essayé d’y parvenir, sans te le dire, à la suite de la première Exposition, et je n’ai pas réussi. Je te montrerai, quand nous serons revenus à Paris, la lettre fort aimable de Burty1 à ce sujet. Mais on peut toujours tenter de nouveau.
Je suis mon traitement avec énergie et je crois sentir un peu de mieux, mais depuis deux jours seulement. Mon cœur surtout était absolument détraqué. Ma mère et moi nous avions l’air de deux soufflets crevés.
J’avale mon tube tous les matins et je commence à y prendre un certain plaisir.
Peux-tu m’écrire un mot pour me dire où en est ma maison.
1. Le balcon est-il fait tout autour ainsi que la terrasse sur la nouvelle cuisine ?
2. Le grand réservoir est-il foré sur le faux balcon contre l’aile nouvelle ?
3. La salle de bains est-elle prête ?
4. Les plafonds de l’ancienne maison ont-ils été remis en état ?
5. La marre est-elle terminée ?
Tu serais bien aimable de me donner ces renseignements le plus tôt que tu pourras, afin que je puisse écrire à Touzet.
Si la salle de bains n’est pas prête, je te prierai de passer chez Jeanne, le zingueur, et de lui dire que je viens de t’écrire que j’allais le quitter et lui enlever en même temps tous les travaux pour ma mère.
Pardon de te donner toutes ces commissions ennuyeuses.
J’embrasse ta femme et toi aussi. Dis mille choses tendres à Mme du Noüy1 ! Mais ne me compromets pas.
Ma mère vous embrasse. Elle est toujours dans le même état, et très faible.
Ton
Guy de Maupassant

1 Philippe Burty, critique d’art (1830-1890).
2 Hermine Lecomte du Noüy.