À Périvier
rédacteur en chef du Figaro
Cannes, villa Mon-Plaisir1. 6 décembre 1886. |
Mon cher Rédacteur en chef,
Voulez-vous me permettre une nouvelle réclamation à la justice de ce pays, par la voie du Figaro puisque je n’ai pas d’autre moyen toutes mes lettres à M. le Procureur de la République de Mâcon demeurant sans réponse et sans résultat.
Le Parquet de cette ville poursuit pour escroquerie le sieur Mussot, né à Philippeville, qui a commis une série de vols sous mon nom, et qui continue en ce moment ses exploits à Alger.
On n’a pas pu ou pas voulu arrêter ce drôle, bien que ses voyages à travers le Midi aient été faciles à suivre.
J’ai signalé dernièrement sa présence à Alger à M. le Procureur de la République à Mâcon.
J’apprends aujourd’hui par une lettre du directeur de la Gazette de l’Algérie et par une note parue dans son journal que le même Mussot vient de fonder un journal à Alger !
Vraiment c’est trop fort !
Il ne me reste plus qu’à prévenir le souverain du Maroc qui voudra peut-être bien faire arrêter Mussot, si celui-ci a, un jour ou l’autre, la fantaisie de passer la frontière.
C’est ma dernière ressource.
Croyez, mon cher Rédacteur en chef, à mes sentiments les plus dévoués.
1 Il semble qu’en décembre 1886, Maupassant ait abandonné Cannes pour Antibes ; mais il a pu passer à Cannes pour voir sa mère.