Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome II, pp. 238-239, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Charles Lapierre

Antibes, 15 janvier [1887.]
Yacht Bel-Ami.
Mon cher ami,
Je vous ai communiqué une lettre d’Edmond de Goncourt donnant sa démission de Président du Comité du Monument Flaubert et je vous ai mis au courant des faits qui ont amené cette détermination1.
Je suis coupable de l’incident et responsable du résultat qui m’afflige beaucoup et me paraîtrait extrêmement fâcheux pour l’œuvre que nous poursuivons, si vous ne parveniez à modifier la décision de Goncourt.
Puisque je suis coupable du fait qui a causé le mal, et comme j’ai agi de mon propre mouvement, je ne vois qu’une chose à faire, c’est de vous adresser à mon tour ma démission de Secrétaire du Comité, ce qui vous laisse toute liberté pour agir auprès de Goncourt, qu’il faut absolument décider à rester.
Il porte un nom qui doit être un ralliement pour nous tous le jour de l’inauguration, le plus grand nom des romanciers vivants devant lequel tous les artistes s’inclinent, et je ne me pardonnerais point, si j’avais privé votre Comité de sa haute et puissante autorité.
Écrivez au Maître, dites-lui qu’il ne peut s’en aller ainsi, et obtenir qu’il reste.
Je pars mercredi pour Paris et j’irai vous voir dès mon retour, qui sera proche.
Présentez je vous prie mes compliments les plus empressés à Madame Lapierre, et croyez à ma vive amitié.
Guy de Maupassant
Je tiens 1000 francs à la disposition du Comité.

1 Froissé par des échos de presse qu’il estima désobligeants, Goncourt avait en effet donné sa démission, « enchanté, disait-il, de se décharger de toute initiative personnelle en ces affairer délicates ». — Lapierre était vice-président du Comité.