Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome II, pp. 264-265, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Victor Havard

Antibes, 20 octobre [1887].
Mon cher ami,
Vous venez de me mettre encore une fois dans le plus grand embarras et cette fois je trouve que c’est trop. Je vous ai dit que je voulais mon compte chez moi à Paris, le 8, afin de pouvoir prendre mes dispositions pour le 15. Or nous sommes au 20 et je n’ai encore rien reçu. J’ai dû demander 2000 francs à Ollendorff par le télégraphe. Non seulement vous vendez très mal les livres, mais vous n’arrivez pas à être exact pour les comptes, ce à quoi je tiens essentiellement, comme je vous l’ai dit souvent. Je viens de recevoir avis de Marpon que Toine et les Contes du Jour et de la Nuit sont l’un au dixième mille, l’autre au onzième. Or ce sont mes deux plus mauvais livres, lancés à 5 fr. sans aucune réclame. Or, Parent est au 11e mille, Le Horla au 13e. Quand je compare cela à mes meilleurs livres, La Maison Tellier, Mlle Fifi, Yvette, La Petite Roque, je suis obligé de constater que votre vente est tout à fait inférieure.
Mais nous causerons de cela. Je n’avais pas fait de traite sur vous. J’attendais votre compte pour savoir de combien je pouvais disposer.
Aujourd’hui j’en lance une de 1200 fr. au trente octobre, et une de 1000 au 31 janvier prochain. Vous n’en aurez pas d’autre. Tenez à ma disposition, dès mon retour à Paris, la différence entre les 1200 fr. et le total de ce qui m’est dû — que j’ignore ! Les 1000 de l’autre traite porteront sur le trimestre commencé.
Je vous serre cordialement la main.
Maupassant
Je ne veux pas vous humilier, mais Ollendorff vient de me vendre la traduction du Champ d’Oliviers à la Nouvelle Revue Libre, soit 400 fr. rien que pour la publication dans ce journal allemand ; pour les autres droits de traduction, réservés.