Charpentier m’a envoyé La Terre, à Antibes¹. J’étais à Paris et je n’ai pas encore entre les mains votre roman qui m’attend là-bas, m’a-t-on écrit.

Je n’avais pas attendu votre envoi pour le relire, et je voudrais que tous nos amis, tous ceux qui vous admirent comme moi vous suppliassent de ne plus jamais publier en feuilleton ces œuvres si grandes, si larges, dont l’admirable composition et le puissant effet disparaissent presque entièrement avec le morcellement du journal.

Une opinion s’établit sur la lecture de phrases ou de paragraphes et, malgré la réaction qui se produit quand le livre paraît, le public, ou du moins une partie du public, continue à s’indigner contre ce qu’il appelle des cochonneries, parce qu’il n’a pas compris.

Dans le journal, en effet, on les voyait, tant le détail y prend de l’importance. Dans le volume il n’y en a plus ; et les délicats qui s’effarouchent de lire imprimé ce qu’ils font tous les jours, ne remarqueraient pas eux-mêmes ces petites choses dans le magnifique ensemble du roman.

Je suis content, mon cher ami, de vous écrire combien j’ai trouvé belle et haute cette nouvelle œuvre du grand artiste dont je serre bien cordialement les mains.