À Mme Émile Straus
Madame,
Malgré l’antipyrine, me voici dans l’impossibilité d’aller chez vous. J’ai fait la bêtise de déjeuner hier avec des amis, ce qui a installé immédiatement la migraine dans ma tête. J’ai résisté à peu près jusqu’à ce soir, mais me voici contraint de me mettre au lit.
Cela me désole d’autant plus que je ne pourrai dîner jeudi à St-Germain avec vous, comme me l’avait demandé Blowitz
1. Je suis obligé de partir mercredi matin pour assister à la vente d’une maison de ma mère, qui doit avoir lieu le lendemain. J’ai retardé ce départ jusqu’au dernier jour, mais je suis à la toute dernière minute.
J’irai demain vous faire mes adieux. J’espère bien trouver votre mari. J’ai choisi cette heure sachant que c’est celle de sa rentrée quotidienne
2.
Je ne saurais vous dire combien je suis désolé de ne pouvoir dîner chez vous ce soir. J’espère que vous me pardonnerez.
Je vous baise les mains, Madame, en me disant votre ami très respectueux.
1 Henri-Georges-Stephan-Adolphe Opper de Blowitz, journaliste célèbre, correspondant du Times (1825-1903).
2 Cette heure n’est pas indiquée.