Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome I, pp. 102-103, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Gustave Flaubert

Paris, ce mardi soir
[novembre 1876].
Cher Monsieur et ami,
J’ai reçu ce matin votre petit mot, et j’ai été dans la journée chez M. Carvalho, que j’ai trouvé. Il a paru très étonné en apprenant que vous n’aviez pas reçu de lettre de lui et m’a affirmé qu’il vous avait écrit dimanche soir. Il vous enverra une nouvelle lettre demain, pour vous dire que son intention est de partir de Paris samedi matin pour passer la journée avec vous.
Je n’ai que le temps de fermer cette lettre et de la porter au chemin de fer pour qu’elle parte ce soir. Je vous écrirai d’ici à quelques jours pour causer un peu avec vous, comme je le faisais ici chaque dimanche. Nos causeries de chaque semaine étaient devenues pour moi une habitude et un besoin, et je ne puis résister au désir de bavarder encore un peu par lettre ; je ne vous demande pas de me répondre, bien entendu, je sais que vous avez autre chose à faire ; pardonnez-moi cette liberté, mais, en causant avec vous, il me semblait souvent entendre mon oncle que je n’ai pas connu, mais dont vous et ma mère m’avez si souvent parlé et que j’aime comme si j’avais été son camarade ou son fils, puis le pauvre Bouilhet, que j’ai connu, celui-là, et que j’aimais bien aussi.
Il me semble voir vos réunions de Rouen. Et je regrette de n’avoir pas été avec tous ceux-là au lieu d’être avec les amis de mon âge qui n’ont pas une idée de ce qui existe.
Pardon pour ce griffonnage. Veuillez croire à mon affection la plus dévouée et la plus vive.
G. de M.