Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome III, p. 102, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Henry Cazalis

[Fragment]
10, rue de Montchanin
[Août 1889.]
Après des hésitations sans nombre, qui m’ont empêché de vous répondre plus tôt, je ne vais pas à Aix. Pardonnez-moi de vous avoir dérangé et d’avoir gardé ensuite un aussi long silence. J’ai loué d’abord sur les bords de la Seine une délicieuse maison à Triel : mais cette maison est bientôt devenue le lieu de rendez-vous ordinaire de gens charmants que j’aime beaucoup, mais qui m’empêchaient un peu de travailler. Je la quitte donc, et comme voici l’été avancé, je me décide à naviguer car je sais que le mouvement de la mer est encore ce qu’il y a de meilleur pour mon estomac. Je vais errer en Corse un peu, puis sur la côte italienne, de port en port, jusqu’à Naples. Je m’arrêterai partout où le pays me plaira et j’y écrirai quelques pages. Ce genre de débauche est encore celui que je préfère.
J’aurais bien voulu aller vous voir, mais j’ai été retenu, accaparé, et maintenant j’ai tout juste le temps de flotter un peu avant les mauvais jours de l’automne. Merci pour toutes les choses aimables que vous m’avez dites au sujet de Fort comme la Mort...
Guy de Maupassant