À Me Jacob
Cannes, Villa Marie-Louise [Novembre.] |
Cher Monsieur,
Je vous remercie beaucoup pour la nouvelle que vous me donnez. Elle m’est fort agréable. Je dois vous prévenir que j’ai reçu hier une lettre de mon domestique qui s’inquiète au sujet des constatations à faire. Il sait par un camarade, confident indiscret du concierge, qu’une surveillance incessante est exercée sur mon logis. On sait qu’un expert doit venir
1 et le boulanger, allié au propriétaire, sera prévenu dès qu’une personne inconnue aura pénétré chez moi, de jour ou de nuit. Pouvez-vous prévenir aussi M. Lalanne de ces précautions ? Si cet architecte est bien M. Albert Lalanne, c’est un de mes vieux amis. Le hasard m’aura servi.
En ce qui concerne le conseil de famille de ma nièce
2, voulez-vous écrire un mot à M. Aynaud que j’irai voir ? J’espérais que vous pourriez représenter mon père et, en même temps, être nommé subrogé-tuteur. M. Aynaud me fournirait donc deux clercs, un représenterait mon père, l’autre mon cousin, et je vous proposerai comme subrogé-tuteur, au nom de mon père.
Merci mille fois, cher Monsieur ; croyez à ma gratitude et à mes sentiments bien cordialement dévoués.
1 Il s’agit d’un expert chargé de constater que l’appartement était anormalement bruyant (Cf. les Souvenirs de François chap. XV).
2 Hervé de Maupassant était mort le 13 novembre 1889, laissant une fille, Simone, alors âgée de deux ans.