À sa mère
Ma chère mère,
Un mot seulement. Je viens de recevoir une de tes lettres, la dernière écrite envoyée directement ici. Je lis le roman de Bourget
1 avec des réserves. Ce que j’en connais me plaît beaucoup. J’y trouve une étrange séduction, une atmosphère d’intérêt et de charme très curieuse, de rares qualités enfin.
Les critiques que j’aurais à faire seraient assez longues.
Ici, beau temps aujourd’hui, froid, très froid, mais beau.
Je vais bien. Les deux premières journées de traitement semblent réussir, car j’éprouve un bien-être physique sensible.
Je crois un peu que ma crainte excessive du froid est devenue un résultat de ma maladie même, dont le froid est la principale cause.
Adieu, ma bien chère mère ; je t’embrasse très tendrement.
Le pays est joli, plein de bois et de sources ; mais, après l’affreux été que nous venons de subir, tellement imprégné d’humidité que j’en tremble. On boit de l’eau en respirant.
1 Un Cœur de Femme (Lemerre 1890).