Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome III, p. 174, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
Lettre 641
Sommaire chronologiqueSommaire alphabétique

À un administrateur de la société
« les roches blanches »

La Guillette, Étretat.
[Août 1890 ?]
Cher Monsieur,
J’ai accepté vivement, l’autre jour, l’aimable proposition que vous m’avez faite de faire partie du conseil d’administration des Roches Blanches.
Je viens aujourd’hui vous prier de considérer comme nulle mon acceptation. J’ai répondu affirmativement, n’obéissant qu’au désir de vous être agréable et d’être agréable à la famille Vallois, mais la réflexion m’a démontré que j’aurais tort à tous égards de me mêler de cette affaire.
Et voici les raisons qui m’ont déterminé si vite à changer de résolution.
Je ne veux, d’abord, m’occuper d’aucune sorte de question financière ni d’entreprise d’aucun genre. Cela forcément me distrairait de ce que je fais, et je désire n’avoir d’autres préoccupations que ma besogne.
Je n’aurais, ensuite, ni le temps ni le désir d’assister aux séances, de discuter des questions auxquelles je n’entends rien.
Enfin j’ai l’intention bien arrêtée de quitter Étretat aussitôt que j’aurai pu vendre ma maison dans des conditions avantageuses, et de ne plus venir dans ce pays dont le climat m’est odieux.
Je n’ai pas besoin de vous dire que je suis absolument à votre disposition pour toute affaire de presse où je pourrais vous être utile, et que je m’efforcerai d’appeler l’attention publique sur les Roches Blanches, chaque fois que j’en trouverai l’occasion.
Agréez, cher Monsieur, avec tous mes regrets, l’expression de mes sentiments les plus cordiaux.
Guy de Maupassant