Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome III, pp. 202-203, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À sa mère

Paris, mars 1891.
Ma bien chère mère,
La première de Musotte a lieu mercredi1. Je crois que cela marchera bien, sans être une pièce remarquable. Les acteurs sont bons et jouent bien.
Occupe-toi, n’est-ce pas, de me découvrir un petit logement pour moi pas trop près de la mer. Je partirais peut-être vers le 20 mars si tu trouvais.
Mes yeux sont si faibles que je ne peux plus écrire du tout et j’ai aussi l’esprit très fatigué.
Cet hiver du pôle a été affreux ; tout mon jardin d’Étretat a été perdu, les lauriers étant tous morts.
Je veux essayer l’action du premier printemps dans le Midi, marcher et naviguer, finir mon roman pour mai. J’en ai fait très peu, mais il sera court, puis me reposer ensuite.
Je sais que vous avez en ce moment là-bas des temps magnifiques. Il fait beau à Paris, mais ça ne sent pas encore du tout le réveil de la terre.
Si notre petite pièce marche à peu près bien cela me donnera aussi un peu de tranquillité du côté argent qui n’est pas brillant, car en réalité je n’ai rien pu produire depuis le mois de mai dernier.
Quand j’aurai fini L’Angélus, je ferai tout doucement ma pièce d’Yvette.
Adieu, ma bien chère mère, je t’embrasse de tout mon cœur. J’embrasse Simone. Bien des choses affectueuses à Marie-Thérèse.
Ton fils,
Guy

1 Théâtre du Gymnase, 4 mars 1891.