Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome III, p. 223, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À sa mère

Paris, 9 mai 1891.
Ma bien chère mère,
Mes dents ne sont pas guéries tout à fait mais elles le seront. L’abcès est sec et fermé. Je peux partir. De toute façon il faudrait attendre pour les laisser reposer un ou deux mois avant de les aurifier.
Je pars donc samedi. J’arrive dimanche à 1 h. 59. François n’arrive que le lendemain ; et je voudrais bien quelqu’un pour le remplacer jusqu’à son retour, car je suis repris encore par l’influenza. Elle m’a attaqué d’abord par la poitrine ; puis je me suis cru guéri. Elle m’a repris par les fosses nasales et la gorge. Enfin j’ai pensé que j’en étais quitte quand elle m’a saisi par la tête, par la migraine, par les yeux et la mémoire. Le changement d’air me remettra tout de suite sans doute car je suis ni maigri (au contraire) ni affaibli, mais abruti.
Sais-tu que dans certaines villes du Nord de l’Italie il meurt 50 à 60 personnes de ce mal, en ce moment.
Adieu, ma bien chère mère, dans deux jours. Je t’embrasse de tout mon cœur. Tendresses à Simone, amitiés à Marie-Thérèse.
Ton fils,
Guy