Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome III, p. 227, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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De Mme Laure de Maupassant
à Mme Cazalis

23 juillet 1891.
Chère Madame,
Je savais la bonne nouvelle et je voulais vous écrire. Si je ne l’ai pas fait dès la première heure, c’est que je suis toujours souffrante, et que je dois sans cesse remettre au lendemain l’exécution de mes meilleurs projets. Mais votre billet m’a fait grand plaisir ; il me faut vous répondre et secouer pour un instant cette torpeur qui m’envahit de plus en plus. N’ayez point de remords, cela ne me fera que du bien et d’ailleurs je sens déjà combien il va m’être doux de faire un bout de causerie, de vous dire combien j’ai pris part à l’heureux événement qui vient de se produire. Je ne sais pas ce que mon fils a pu faire pour son cher ami le Docteur, mais ce que je sais bien, c’est que personne n’était plus digne que monsieur Cazalis d’attacher à sa boutonnière le petit ruban rouge, et que si Guy a contribué quelque peu à cet acte de justice, il peut s’en applaudir à tous les points de vue. Offrez, je vous prie, au nouveau chevalier toutes les félicitations, tous les compliments et tous les souvenirs dont je vous charge pour lui, et qui n’auront que plus de prix en passant par votre bouche. Guy n’est plus sur cette côte, dont le climat ne lui réussit guère. Après avoir un peu erré sur la mer, il a abandonné le pauvre Bel-Ami pour aller chercher une température moins énervante, et après plusieurs essais peu réussis, il s’est arrêté enfin à Divonne-les-Bains, pas très loin de vous, à ce qu’il me semble. Voici son adresse... J’ai de bonnes nouvelles de lui. Il se trouve fort bien de l’hydrothérapie telle qu’elle est pratiquée dans cette localité. Ma petite Simonne est toujours très prospère. Je serais bien heureuse de la voir jouer avec vos fillettes. Cela viendra peut-être et je veux l’espérer.
Adieu, chère et aimable Madame. Recevez l’expression de mes pensées les meilleures et les plus constantes.
Le Poittevin-Maupassant