De Funel de Clausonne à Me Jacob
Cher Maître,
Je viens de voir M. le docteur Cazalis qui m’a appris la sortie peu explicable de M. d’H.
1 devant le conseil de famille. Je ne puis comprendre le mobile qui a pu inspirer M. d’H. Nous aurions ici un intérêt très vif à ce que vous fussiez vous-même l’administrateur désigné de M. Guy de Maupassant. Vous êtes son ami, il avait en vous la plus entière confiance, vous êtes au courant de ses affaires et depuis sa maladie vous avez donné les preuves les plus sensibles de l’intérêt que vous prenez à sa personne et à ses affaires. Madame de Maupassant mère sait tout cela. Elle a un besoin pressant que l’administrateur de Guy soit une personne intime, connaissant bien tous les précédents des relations de famille ; son fils, vous le savez, lui sert une petite pension, et un administrateur étranger sera peut-être difficile sur ce point. Aussi, je vous en prie, n’ayez pas de susceptibilité au sujet d’un fait qui nous est étranger et que nous déplorons. Tâchez, par un moyen quelconque, de vous faire désigner comme administrateur ; et surtout acceptez-en les fonctions.
Je n’espère guère un retour à la santé de notre malade, mais enfin si cela se produisait, quel ennui ce pourrait être pour lui de trouver qu’un étranger a pu s’immiscer dans ses affaires ! M. d’H. n’a véritablement pas assez réfléchi quand il a parlé.
Je vous en prie, cher Maître, prenez tout ceci en considération par intérêt pour Guy et pour nous.
Votre dévoué.
1 M. d’Harnois, beau-frère de la mère de Guy de Maupassant.