Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome III, pp. 319-320, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
Lettre précédente : 800 Mme Hervé de Maupassant
Lettre 801
Lettre précédente : 800 Me Jacob
Lettre 801
Sommaire chronologiqueSommaire alphabétique

De Marie-Thérèse de Maupassant
à Me Jacob

Villa Simone, 15 février [1894.]
Monsieur,
J’attends la lettre de Monsieur le Juge de Paix d’Antibes pour lui donner tous les renseignements nécessaires à la réunion de ce conseil de famille ; je vous remercie de toute votre obligeance et j’aurai certainement recours à vous si une difficulté surgissait.
J’ai communiqué votre lettre à M. de Maupassant, il a lu aussi les quelques lignes que ce pauvre Guy vous a écrites en fin décembre [1891]. Mon beau-père a cru devoir, par des raisons absolument justes, faire l’assignation dans les termes que vous connaissez ; il tient absolument à ne plus parler de tout cela. Je n’ai ni à l’approuver ni à le désapprouver, je crois pourtant deviner qu’il n’y a rien qui puisse vous blesser ni vous viser. Si j’avais le plaisir de vous voir, il y a bien des choses que je pourrais dire mais qui ne s’écrivent pas. J’ai lu la correspondance de Guy avec son père ; ce sont les lettres d’un fils très affectueux et qui a pour son père les sentiments d’estime que celui-ci mérite. J’ai eu plusieurs fois avec mon beau-frère des conversations au sujet des dissentiments de son père et de sa mère ; j’ai toujours trouvé dans Guy un défenseur énergique pour la conduite de son père. D’après cela j’avoue que son testament m’a étonnée.
Moi je n’étais qu’une étrangère pour lui, il avait peut-être de l’antipathie pour moi. Je ne lui en veux pas du tout de la manière brutale dont il m’a traitée ; j’avais toujours été douce et bonne pour lui et sa famille, je me croyais sa sœur. Je vous répète que si je n’avais une certitude qu’il n’est pour rien là-dedans je lui en voudrais beaucoup.
Maintenant, mon cher Monsieur, laissez-moi vous serrer la main et ne parlons plus jamais de tout cela. Je veux garder intact le souvenir du parrain de ma fillette, du frère de mon mari. Quand vous viendrez dans le Midi j’espère bien que vous viendrez nous demander à déjeuner et très amicalement nous causerons de ce pauvre Guy dont vous étiez l’ami. Je serai si fière de vous montrer votre jolie pupille ! Croyez aux bons sentiments de M. de Maupassant et recevez l’assurance de ma considération distinguée.
M.-T. de Maupassant
Ci-joint les deux lettres. Vous pourrez m’envoyer votre pouvoir. Merci encore de toute votre obligeance.