À son frère
10 rue de Montchanin1 [28 janvier 1888, cachet de la poste] |
Mon cher Hervé
Je suis obligé de partir ce soir sans avoir pu aller te voir parce que je dois accompagner le peintre qui fait les illustrations de mon nouveau livre sur les côtes de Provence
2. Je n’ai pu lui faire retarder d’un seul jour son départ.
En même temps que ta lettre j’ai reçu une consultation détaillée sur ta santé de M. le médecin en chef de Ville-Évrard.
Il constate que ton état réclame des soins immédiats ininterrompus et qu’il est impossible de te laisser refaire dans cette situation un voyage dans le midi sans te faire courir un grand danger et sans engager gravement notre responsabilité.
Je te supplie donc d’avoir un peu de patience et de te laisser soigner comme tu y paraissais d’ailleurs décidé. Il y va de tout ton avenir, de celui de ta femme et de ton enfant
3, et tu n’as pas le droit de sacrifier ta vie à un caprice.
Il est probable d’ailleurs que le traitement sera court.
Voyons, aie du courage, de la fermeté, de la force, et montre que tu veux reconnaître par un peu de résignation tout le mal qu’on s’est donné pour toi.
Je t’embrasse tendrement.
1 Depuis 1884, Guy loue à Paris un appartement dans l’hôtel particulier de son cousin Louis Le Poittevin.
3 Simone de Maupassant qui deviendra Simone Ossola.