De Gustave de Maupassant
à Laure de Maupassant
Villa Bellevue, Antibes1 18 septembre 1897 |
Madame
Nous sommes désolés de vous savoir ainsi malade et nous espérons bien que votre influenza n’aura pas de trop grandes complications. Petite Simone envoie un gros baiser à sa pauvre grand-mère. J’ai reçu avec un extrême plaisir votre lettre qui me montre que vous pensez comme moi et que vous avez l’œil ouvert sur ce qui se trafique à Paris à propos des œuvres de Guy. Mais je ne suis pas de votre avis au sujet de la responsabilité de Lavareille dès lors qu’il avait, dites-vous, réclamé 1000 F pour les représentations particulières de Mlle Fifi il a commis une faute très grande, un oubli impardonnable en se contentant des droits d’auteurs seuls pour les représentations du Grand Guignol — Il s’agissait là encore d’un théâtre libre et la moindre notion d’administration exigeait qu’il s’entendît avec Méténier
2 sur les redevances à lui payer. [...] Méténier nous doit au moins vingt mille francs ; et je voudrais si vous le jugez à propos et que vous en ayez le pouvoir l’arrêter net dans ses gains illicites et révoltants. [...] — agissez vite et
sans pitié.
Vous me dites que vous ne savez rien au sujet de cette traduction des œuvres de Guy en allemand ! c’est inouï. Comment Ollendorf peut-il prendre sur lui de laisser traduire les œuvres de Guy sans consulter la famille ? [...]
Adieu Madame, Simone vous embrasse très fort ! Marie-Thérèse en fait autant et je vous envoie mes compliments bien respectueux.
à l’occasion dites-nous qui est celui qui signe Raitif de la Bretonne [sic] il a mis un long article il y a quelques jours sur Guy et Hervé dans le journal. Il parle de ses jeux dans les greniers de Fécamp avec les deux enfants
3...
1 Maison d’Hervé où Guy a séjourné plusieurs fois.
2 Maupassant avait donné l’autorisation à Oscar Méténier de tirer une pièce de Mademoiselle Fifi, pour le Théâtre-Libre, en 1887. Ce drame en un acte fut représenté pour la première fois au Théâtre-Libre le 10 février 1896.
3 Il serait intéressant de retrouver cet article. Je pense à Jean Lorrain qui avait connu Guy et Hervé enfants à Fécamp, et qui a publié des souvenirs à ce propos en novembre 1897.