Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome I, pp. 173-174, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Gustave Flaubert

Ministère de la Marine
et des Colonies
Paris, ce mercredi [septembre 1878].
Mon cher Maître,
J’ai pris les renseignements et on me dit que le chef de cabinet de M. Bardoux, un M. Charmes ? je crois, que j’ai vu l’autre jour et qui m’avait chargé de le rappeler à votre souvenir, pouvait faire ce qu’il voulait dans le ministère. Peut-être un mot de vous le flatterait-il et le déciderait-il à trouver un moyen de tourner la difficulté que je vous ai indiquée. J’ai peur de me tromper de nom ; c’est un jeune homme brun, avec toute sa barbe et qui a, dans tous les cas, du « charme » dans sa personne ; son bureau est à côté de celui du ministre, en face du salon d’attente. Je suis d’autant plus pressé de trouver quelque chose, et anxieux, qu’une nouvelle tuile vient de me tomber sur la tête. Mon chef, pour l’unique raison de m’être désagréable, sans doute, vient de me donner le plus horrible service du bureau, service que remplissait fort bien un vieil employé abruti : c’est la préparation du budget, et les comptes de liquidation des ports : des chiffres, rien que des chiffres. De plus, je me trouve auprès de lui, ce qui me met dans l’impossibilité de travailler pour moi, même quand j’ai une heure de répit. C’est là, je pense, le but qu’il veut atteindre.
J’ai des tristesses de tous les côtés. Ma mère va fort mal et ne se trouve même pas en état de quitter Étretat.
Je vous embrasse fort, mon cher Maître, et vous demande pardon des embêtements que je vous donne.
Guy de Maupassant1

1 Cf. Flaubert, Correspondance (éd. Conard, tome VIII, N° 1759).