À Gustave Flaubert
Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts Secrétariat 1er bureau |
Paris, le [13 février 1880.] |
Mon cher Maître,
Je viens d’aller chez Hachette, et je vous expédierai vos livres (à Rouen) d’ici à deux jours. Je viens, en outre, de voir Charpentier, et il m’a promis que vous auriez après-demain un exemplaire de Nana. À propos dudit Charpentier, vous m’obligeriez beaucoup (lorsque vous lui écrirez pour autre chose) de mettre un mot violent qui me fasse envoyer à l’impression tout de suite. Il m’a dit tout à l’heure : « Ne vous inquiétez pas, vous paraîtrez au printemps. » Or nous voici au 15 février, en comptant deux mois pour faire le volume, cela me remet au 15 avril, ce qui est encore un bon moment ; mais il ne faut pas attendre davantage. Je reçois à l’instant le numéro de L’Événement que vous aurez en même temps que cette lettre. Stupéfaction... Une Fille, c’est ma pièce : Au bord de l’Eau. Remarque admirable : c’est cette pièce aujourd’hui poursuivie par le Parquet d’Étampes, que vous avez donnée à M. Bardoux pour l’engager à me prendre près de lui ; et c’est elle qui l’a décidé peut-être, car il m’en a fait beaucoup de compliments. Ô Magistrature ! ! ! Vraiment, ils sont trop bêtes.
J’attends les gendarmes.
Et je vous embrasse tendrement.