Publication : Maupassant Guy de, Correspondance, tome I, pp. 29-30, édition établie par Jacques Suffel, Le Cercle du bibliophile, Évreux, 1973, avec notes de l’auteur.
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À Léon fontaine

[Fragment]
14 août [juillet] 1873.
Mon cher Léon,
Comme je te l’ai promis, je viens te donner des nouvelles de la colonie d’Aspergopolis. J’y couche à peu près deux soirs par semaine, et je fais des armes avec Boullaud de cinq à sept heures du matin. Outre cela, pas grand-chose de nouveau.
Dimanche, nous avons eu la visite de Paul, venant de Chatou avec Berthe.
Pour comble de misère, un camarade de Paul qui était venu avec eux s’est trouvé fort indisposé et incapable de retourner à Chatou, de sorte que j’ai été obligé de m’embarquer à dix heures du soir pour reconduire à leur nid ces deux tourtereaux voyageurs ; j’ai accompli sans accident ce dangereux voyage et pour ma récompense Berthe m’a montré son cul.
Ce 18 juillet : que d’événements se sont passés depuis le 14 août [juillet], jour où j’ai commencé cette lettre. D’abord nous avons été à Argenteuil avec Mimi, Nini, puis avec un de nos amis, Bibi, qui a amené avec lui son Bluet. Hier enfin nous y retournons et après une lutte terrible entre Hadji et Radjah qui se disputaient Bluet et le triomphe de Radjah, nous voulons monter en canot, Garachon l’avait loué ; il nous avait déjà fait le même tour dimanche dernier ; nous lui avons fait des observations ; et, comme il avait l’air de s’en moquer, nous lui avons annoncé qu’il n’avait plus à compter sur nous et que je viendrais mercredi soir solder ce que nous restons lui devoir ; aussi, tu serais bien aimable de m’envoyer par la poste les quinze francs que tu me dois encore sur un compte précédent et qu’il m’a déjà réclamés deux fois, plus ta part de la chambre, car je ne puis rien avancer, vu qu’on me doit encore vingt-cinq francs pour ces malheureux comptes d’Argenteuil, et il faut que je paye mercredi soir...