À Edmond de Goncourt
Lundi [1884]. 83, rue Dulong. |
Cher Maître et ami,
Je suis revenu à Paris depuis trois jours, voilà comment je ne vous avais pas encore écrit pour vous dire combien j’ai été charmé, séduit par
Chérie1. Ce roman si nouveau, si délicat et si profond est un des plus admirables livres que je connaisse.
Je vais rester ici un mois environ et je voudrais bien vous voir un peu. J’avais l’intention d’aller vous trouver chez vous mercredi prochain, mais voilà que je reçois une demande qui dérange un peu mon projet et qui me fait, à mon tour, vous adresser une requête.
Une fort aimable amie à moi, Mme Howland
2 (amie d’Halévy, de Reyer, de Gustave Moreau, de Lambert) qui aime passionnément les bibelots, et qui en a de superbes, désire très vivement connaître votre célèbre collection. Nous dînons justement
jeudi près de chez vous, chez Mme de Noudail et si vous ne deviez point partir vers cinq heures je vous demanderais la permission de vous l’amener, ainsi que M. Cairé, que vous connaissez. Si vous ne pouvez
jeudi, voulez-vous m’indiquer un jour.
Croyez-moi, cher Maître, votre ami tout dévoué et enthousiaste admirateur.
1 Chérie, roman d’Edmond de Goncourt publié au mois d’avril 1884.
2 Mme Howland (née Hortense de la Perrière, 1835-1920) amie de nombreux hommes de lettres, Prévost-Paradol, Fromentin, etc.