 | L'histoire littéraire est jalonnée d'affirmations si convaincantes qu'elles se répètent à l'envi. Maupassant en a souvent été victime. On a pu dire que ses volumes de récits courts étaient la simple réunion – hasardeuse et opportuniste – des derniers textes parus dans la presse. Un certain nombre d'éditeurs ont alors redistribué les contes et nouvelles sur le lit de Procuste, regroupant de façon parfois arbitraire les récits courts autour de parcours thématiques et génériques. Pour une poétique du recueil se propose de montrer que, loin d'être la rencontre fortuite de textes, les volumes de contes conçus par Maupassant jouent avec les possibilités du livre et avec les voisinages de textes qu'il permet. Comment ignorer que, sur les quelque trois cents contes parus dans les journaux, Maupassant a laissé dans ses cartons un tiers de sa production et a ventilé les deux tiers restants dans quinze recueils qu'il a composés lui-même ? Pourquoi l'édition posthume ne les a-t-elle pas plus souvent pris en compte ? Selon quels critères les textes ont-ils été répartis par l'écrivain dans ses quinze ouvrages ? Que peut nous apprendre l'archéologie des recueils ? Dans quel sens les récits ont-il été réécrits pour prendre place dans le volume ? Quel est le rôle des nouvelles d'ouverture et de clôture ? Les combinaisons nées de la discontinuité soufflent le chaud et le froid sur le recueil de récits courts et en font une forme idéale pour susciter maints effets de sens et donner la vision d'un monde qui va cahin-caha : le jour et la nuit, contrairement au titre ironique d'un des volumes, ne s'équilibrent pas, et le rire exacerbe – presque – toujours la dissonance. Le recueil, tel que l'a voulu l'écrivain, apporte au « maupassantophile » un supplément d'âme et de sens à la lecture des contes. Pour une poétique explore chacun des quinze ouvrages comme une aventure singulière. |
 | Introduction, par Jacques Bienvenu : L'Angélus est le journal de l'association des amis de Maupassant que j'ai refondée en 1991. Ce recueil comprend la collection complète des Angélus du N°1 au N°16, recouvrant la période 1991-2006. Le but de cette édition est de fournir aux chercheurs les nombreux documents et études inédites que nous avons publiés et de donner aux bibliothèques une référence solide qui manquait. L'Angélus est un travail artisanal, fait avec passion, qui n'est pas dans la ligne des ouvrages publiés par des universitaires, bien que certains d'entre eux, et non des moindres, y aient participé. Le lecteur critique ne manquera pas de relever des coquilles, des fautes typographiques, des maladresses, surtout au début de la collection. Mais c'est le seul ouvrage où l'on pourra lire, par exemple, la manuscrit complet d'Une partie de campagne. Nous n'avons pas pu conserver dans cette édition, notre fameux papier vergé blanc nacré, ainsi que des reproductions en couleur. Cela reste le privilège de nos abonnés qui pourront conserver avec soin les exemplaires originaux. Il n'y a pas de table des matières, mais le lecteur trouvera à la fin de l'ouvrage, dans L'Angélus 16, une liste des articles avec leurs auteurs. J'ai ajouté parfois quelques notes à certains articles pour rectification ou information. Il ne me reste plus qu'à souhaiter que ce travail puisse être utile à ceux qui ne manqueront pas de s'intéresser dans l'avenir à cet écrivain qui semble bien résister au temps : Guy de Maupassant. |
 | C'est un dictionnaire où l'on ne cherche pas la définition des mots. Ce sont
au contraire les mots qui s'offrent à notre regard. Pour cela, Sandrine de
Montmort a su trouver les textes les plus rares, ceux dont on ne parle jamais,
que le public ne connaît pas. À l'inverse, si elle prend un texte connu, elle sait
en extraire le passage le plus saisissant, elle met en lumière ce qui est original,
ce qui est beau. L'auteur a puisé dans l'immense vivier, presque inconnu, des chroniques, que le Maupassant journaliste écrivait quotidiennement dans des journaux comme Le Gaulois ou Le Figaro. Elle sait aussi trouver le document que l'on ne connaît pas, parfois même inédit. Sandrine de Montmort, journaliste et auteur de romans – dont un policier –, a un flair infaillible, une sûreté miraculeuse pour trouver ce qui est original, qui surprend, qu'on ne soupçonnait pas et qui nous empoigne. Elle sait trouver le texte le plus révélateur, l'extrait en trois lignes qui donne une aquarelle, ou le texte en trois pages sur la tentative de suicide et l'internement de l'écrivain racontés par son domestique. N'en doutons pas ce déséquilibre des longueurs est voulu. Nous vous l'avons dit, ce n'est pas un dictionnaire comme les autres, il est à rebours de ce que l'on connaît. Surtout, il fera découvrir un autre Maupassant. Ce dictionnaire apporte également une révélation historique. Il dévoile la mystification des Souvenirs de Madame X, réunis ici pour la première fois. Dans son texte « Le Canular de Le Corbeau », Jacques Bienvenu, président de l'Association des amis de Maupassant, démontre que les fameux Souvenirs de Madame X sur Guy de Maupassant sont en réalité des faux – contrairement à ce qu'affirmaient jusqu'alors les biographies et travaux sur l'écrivain. |
