Guy de Maupassant : Envoi d’amour dans le jardin des Tuileries. Poème publié dans le recueil Des Vers (pp. 37-40). Il a également été repris dans la revue Le Pierre Corneille de juillet 1880 et dans les Annales politiques et littéraires du 16 juillet 1893. Son manuscrit a été publié dans le supplément illustré de L’Écho de Paris du 8 mars 1893.

Envoi d’amour
dans le jardin des Tuileries

Accours, petit enfant dont j’adore la mère
Qui pour te voir jouer sur ce banc vient s’asseoir,
Pâle, avec les cheveux qu’on rêve à sa Chimère
Et qu’on dirait blondis aux étoiles du soir.
Viens là, petit enfant, donne ta lèvre rose,
Donne tes grands yeux bleus et tes cheveux frisés ;
Je leur ferai porter un fardeau de baisers ;
Afin que, retourné près d’Elle à la nuit close,
Quand tes bras sur son cou viendront se refermer,
Elle trouve à ta lèvre et sur ta chevelure
Quelque chose d’ardent ainsi qu’une brûlure !
Quelque chose de doux comme un besoin d’aimer !
Alors elle dira, frissonnante et troublée
Par cet appel d’amour dont son cœur se défend,
Prenant tous mes baisers sur ta tête bouclée :
« Qu’est-ce que je sens donc au front de mon enfant ? »