À Madame X... qui me trouvait sauvage
Près de la mer, sur un de ces rivages
Où chaque année avec les doux zéphyrs
On voit passer les abeilles volages
Qui bien souvent n’apportent que soupirs...
Nul ne pouvait résister à leurs charmes
Nul ne pouvait braver ces yeux vainqueurs
Qui font couler partout beaucoup de larmes
Et qui partout prennent beaucoup de cœurs.
Quelqu’un pourtant se riait de leurs chaînes,
Son seul amour, c’était la liberté,
Il méprisait les délices humaines,
Il méprisait l’amour et la beauté...
Tantôt, debout sur un roc solitaire,
Il se penchait sur les flots écumeux,
Et sa pensée, abandonnant la terre,
Semblait percer les mystères des cieux.
Ou, quelquefois, sur la valve marine,
Il poursuivait les grands oiseaux de mer
S’imaginant sentir dans sa poitrine
La liberté pénétrer avec l’air !
Et puis, le soir, au moment où la lune
Traînait sur l’eau l’ombre des grands rochers,
Elle voyait, à travers la nuit brune,
Deux yeux amis sur sa face attachés.
Quand il passait près des salles de danse,
Qu’il entendait l’Orchestre résonner,
Et sous les pieds qui frappaient en cadence,
Lorsqu’il sentait la terre frissonner
Il se disait : « Que le monde est frivole,
Qu’avez vous fait de votre liberté,
Ce n’est pour vous qu’une creuse parole
Hommes sans cœur, vous êtes sans fierté ».
Et sur sa lèvre errait un fier sourire...
Un jour pourtant il y porta ses pas,
Ce qu’il y vit, je ne le saurais dire
Mais sur les monts, il ne retourna pas.
Étretat, août 1867