Guy de Maupassant : Seizième siècle. Poème publié dans Les Annales politiques et littéraires du 3 novembre 1901.

Seizième siècle

Comme un nid d’oisel caché sous la mousse,
Je sais par les bois un petit chalet
Où le merle siffle, où le jasmin pousse,
Grimpant librement le long du volet.

Là, chaque matin, quand la gente aurore
Sort en rougissant de son lit vermeil,
Un grand coq normand, de sa voix sonore,
M’annonce du jour le brillant réveil.

Si je laisse un peu mes vitres fermées,
Je vois gais pinsons et hardis pierrots,
Petits becs pointus, têtes emplumées,
Tous viennent jaser près de mes carreaux.

De leur doux parler j’apprends maintes choses,
Ce qu’on pense au bois, ce qu’on dit des nids,
Ce qu’on sait des champs, des jardins, des roses
Et des cieux d’azur et des blés jaunis.

Et puis j’aime à voir mes chères fleurettes...
Phébus aux yeux d’or rit et monte au ciel,
Et l’oisel gazouille et cherche amourettes,
L’arette bourdonne et cherche du miel.

Lors, tout est heureux, tout aime et tout chante
Et ne sais d’où vient, suis heureux aussi.
Oh ! grâce pour moi, fortune méchante !
Oh ! grâce pour moi... Suis bien ici !