Résumés
Romans
- Bel-Ami, proposé par Nathalie Chollet :
George Duroy est un ancien sous-officier errant sur les boulevards parisiens à la recherche d'argent et de succès. Il y rencontre un ancien camarade, M. Forestier, qui lui suggère de s'investir comme lui dans le journalisme. Forestier constate que Duroy plaît aux femmes et lui déclare : « Dis donc, mon vieux, sais-tu que tu as vraiment du succès auprès des femmes ? Il faut soigner ça, ça peut te mener loin ».
En effet, tout en gravissant les marches de la réussite, il va faire la connaissance de Mme de Marelle, qu'il conquerra facilement, étant libre et sentimental. On le surnommera bientôt « Bel-Ami ». Quelques temps plus tard, Forestier meurt et Duroy aura vite séduit Mme Forestier. Devenu entre-temps chef des Échos, il se fera apprécier de son patron M. Walter et deviendra l'amant de sa femme, lui permettant d'être au courant des affaires financières du journal. La relation entre le nouveau couple se lézarde et Duroy finit par épouser la fille de Mme Walter. C'est la dernière marche avant la gloire et la richesse. Walter lui ouvre sa maison et le fait rédacteur en chef. C'est l'apothéose mais sur les marches de l'église, le jour de son mariage, il croise, ébloui, l'image de Mme de Marelle...
- Site sur Bel-Ami qui propose, entre autres, un résumé, ou tout du moins le détail des faits marquants du roman.
- Pierre et Jean, proposé par Vincent Léty :
Pierre et Jean commence par une partie de pêche en barque, au large du Havre, réunissant le père Roland, bijoutier parisien à la retraite, sa femme, leurs deux fils, Pierre et Jean, unis et opposés par « une fraternelle et inoffensive inimitié » rivalisant à la rame devant une jeune veuve, Mme Rosémilly. Au retour, les Roland apprennent que Jean hérite seul de Maréchal, un ancien ami de la famille. Pierre souffre de l'héritage de Jean. Il se pose des questions. Pourquoi n'a-t-il pas hérité aussi alors que Maréchal le connaissait depuis qu'il était tout petit ? Il décide alors de construire sa vie par ses propres moyens et trouve un appartement pour aménager son cabinet médical. Mais, par manque d'argent, c'est à Jean que revient le cabinet pour son travail d'avocat. Pierre devient alors de plus en plus irritable et de plus en plus agressif vis à vis de sa famille. Il cherche avec acharnement la raison pour laquelle seul Jean a hérité de la fortune. Il se souvient alors qu'un portrait de Maréchal était accroché sur le mur, et qu'il fut enlevé après la naissance de Pierre. Il demande à sa mère où se trouve cette peinture, puis découvre la terrible vérité : Jean et Maréchal se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Pierre en conclut donc que Jean est en fait le fils de Maréchal. Pierre fait alors comprendre à sa mère qu'il sait tout. Mais il n'ose annoncer la vérité car il ne veut pas que sa mère soit morte de honte. Pendant ce temps là, Jean annonce à Mme Rosémilly qu'il veut l'épouser. Pierre ne pouvant se retenir, révèle à Jean et à leur mère la vérité. Celle-ci veut partir à tout jamais mais Jean la supplie de rester. Quelques jours passent, et lors d'un dîner, Jean fait la remarque qu'un bateau transatlantique a besoin d'un médecin. Alors Pierre, voulant prendre un peu de distance avec sa famille, décide de se présenter. Celui-ci est pris pour ce poste et il part, laissant son père dans l'ignorance et sa mère moins torturée.
- Autre résumé sur Bel-Ami, proposé par Julien (vous trouverez ici un résumé très détaillé) :
Dans la deuxième partie du XIXe siècle Georges Duroy (plus tard Georges Du Roy de Cantel), modeste employé dans l'administration des chemins de fer du Nord arrive à Paris où il rencontre Forestier ancien copain de régiment. Celui-ci lui propose de se lancer dans le journalisme et de lui faciliter les choses en lui ouvrant les portes de la profession notamment en lui faisant rencontrer Monsieur Walter, directeur du journal La Vie française.
Madeleine Forestier l'épouse de son mentor explique à Duroy comment fonctionne la société parisienne d'alors et surtout l'informe sur l'importance des femmes dans le jeu de l'ascension sociale, tout en lui assurant qu'elle ne sera jamais sa maîtresse. Georges entend et comprend la leçon, dès lors il n'aura de cesse de mettre en application ces conseils au service de son ascension. Madeleine est une femme de tête qui aidera Duroy y compris dans la rédaction de ses articles.
Grisé par ses premières publications Duroy brille en société et rencontre Mme Marelle en présence de sa fille (qui lui trouvera son surnom de "Bel-ami"). Au retour d'un dîner il entame une relation avec Mme Marelle, une liaison qui se maintiendra peu ou prou tout au long du récit. Clotilde Marelle prête de l'argent à son amant et loue un petit appartement cossu afin d'abriter leurs rencontres.
Lors d'une sortie du couple aux Folies-bergère, ils croisent Rachel prostituée que Duroy a auparavant connu. Clotilde en prend ombrage. Duroy rencontre Mme Walter (l'épouse du directeur du journal). Départ à Cannes du couple Forestier du fait de la maladie du collègue de Duroy.
Mis en cause par un rédacteur signant avec le pseudo "La Plume", Duroy le défie en duel. Le duel a lieu sans que personne ne soit blessé. Son courage permet à Georges de monter encore dans la hiérarchie du journal.
Duroy se rend au chevet de Forestier à Cannes et dans la foulée du décès de celui-ci propose à Madeleine, sa veuve de l'épouser. Désormais Du Roy de Cantel, Georges épouse Madeleine, ce qui provoque la deuxième rupture d'avec Mathilde (avec laquelle il s'était entre-temps réconcilié). Visite des époux chez les parents de Georges en province qui se révèle être un échec.
Reprise de la liaison avec Mathilde qui loue toujours le petit appartement qui héberge leurs rencontres. Georges jaloux de son épouse à laquelle le député Laroche-Mathieu fait une cour assidue, entreprend de séduire Virginie Walter (l'épouse de son directeur) et entame un liaison avec elle.
Le comte de Vaudrec dont Georges comprend qu'il a été l'amant de Madeleine décède et laisse sa fortune à celle-ci. Georges son mari en récupère la moitié tant par cupidité que pour éviter le scandale.
Mathilde comprend la liaison entre Georges et Virginie (qui plus est facilitée par l'appartement qu'elle finance !), troisième rupture. L'amour qu'éprouve Virginie pour Georges n'est pas réciproque : afin de susciter son intérêt elle lui révèle un complot spéculatif ourdi par son mari autour de l'engagement de la France au Maroc.
Georges qui ambitionne d'épouser Suzanne la fille des Walter se débarrasse de Madeleine par un constat d'adultère (Laroche-Mathieu devenu ministre est l'amant). Une fois divorcé, il compromet Suzanne par le biais d'une escapade. Il obtient de son père le mariage qui a lieu en grande pompe à la Madeleine. Très riche, devant lui s'ouvre un avenir de député puis de ministre.
Contes et nouvelles
- Le horla, proposé par Émeric :
Sous la forme d'un journal, Maupassant nous rapporte les hallucinations d'un homme obsédé par la mystérieuse présence d'un être surnaturel auquel il donne le nom de « Horla ». Ce Horla serait une sorte d'« incube », qui posséderait toutefois un corps, fait d'une matière invisible et impalpable lui permettant d'échapper à toute investigation des sens. Cet être surnaturel est capable de raisonnement, tout comme les hommes : c'est en fait une manière de surhomme qui s'empare du premier venu, lui impose sa propre volonté, jusqu'à en faire son esclave et absorbe, à son bénéfice, toute l'énergie vitale de sa victime...
- Coco, proposé par Daniel Cohen :
Ce court récit de Maupassant se déroule au voisinage de la ferme des Lucas, appelée la Métairie. Cette ferme est décrite comme un complexe agricole modèle, vaste, opulent (la maison d'habitation ressemble à un château). Tout y respire l'ordre et, des chiens aux chevaux, les animaux y sont bien entretenus par une quinzaine de personnes incluant maître Lucas, le propriétaire des lieux.
C'est particulièrement vrai d'un vieux cheval blanc, Coco, que sa maîtresse conserve en vie par charité en raison des souvenirs qui l'y rattachent. La vieille rosse, contre toute logique économique, est ainsi confiée hiver comme été aux soins d'un jeune de quinze ans, Isidore Duval, surnommé Zidore.
Coco est présenté comme une sorte de bête humaine dotée de quasi cheveux, capable de réflexion, de sentiments (tristesse) et d'utiliser son hennissement pour faire comprendre sa détresse.
A l'inverse, l'adolescent tient, tant au physique qu'au moral, davantage de la bête que de l'humain. Ainsi, ses cheveux, durs et hérissés, évoquent le crin et Maupassant nous le décrit comme un balourd sans grâce (maigre, haut sur jambes, sale) doublé d'un goujat stupide à l'âme épaisse d'une brute. Archétype paysan de la rapacité haineuse, sournois, féroce, brutal et lâche, Zidore, en proie aux moqueries de son entourage, enrage littéralement de devoir s'occuper de Coco qu'il considère comme inutile au monde.
Ce couple improbable se retrouve l'été dans une prairie où Isidore doit, à l'écart des regards du monde, conduire le vieux cheval pour le nourrir.
C'est dans cette prairie qu'Isidore, victime des quolibets des autres paysans, va, avec une cruauté sans faille, donner peu à peu libre cours à sa méchanceté.
En plusieurs étapes, Maupassant force le lecteur, témoin muet du calvaire de l'animal, à assister aux tourments qu'invente son tortionnaire pour se venger des turpitudes de son existence.
Ainsi, Isidore rouera de coups l'animal sans défense, puis le lapidera et pour finir le laissera mourir de faim.
Cette nouvelle témoigne d'un profond pessimisme en la nature de l'homme.
Les crimes de Zidore ignorés, aucune sanction, ni humaine, ni divine ne viendra frapper leur auteur, et suprême cruauté, le cadavre de l'animal, enterré sur place, profitera par son pourrissement même à l'émergence d'une vie nouvelle.
Un très grand nombre de résumés, proposés par Timothée Léchot :
- La Main d'Écorché
À Paris, un homme ramène de Normandie une main d'écorché dont l'origine est mystérieuse. Il est étranglé pendant la nuit. Lorqu'il reprend conscience, il est fou et meurt sept mois plus tard, en plein délire. Le narrateur, son ami, conduis son corps dans le village normand où il sera enterré parmi les pauvres. En creusant la tombe, on trouve un cercueil. À l'intérieur, une main du cadavre est séparée de son corps.
- Le Docteur Héraclius Gloss
Après les descriptions "morale" et "physique" du Docteur Héraclius Gloss, savant homme de Balançon, il est question de son emploi du temps. Celui-ci prévoit une place pour la promenade matinale dans le jardin et la visite systématique des bouquinistes. La nuit, Héraclius songe, seul dans son cabinet.
Héraclius a deux amis: MM. le doyen et le recteur. Leurs conceptions de la philosophie sont décrites.
Le docteur découvre chez un bouquiniste un manuscrit métempsychosiste. Dans l'introduction de celui-ci, l'auteur résume ses précédentes existences et explique la transmigration de l'âme d'un animal à un autre. Héraclius embrasse d'un seul coup toute la doctrine, malgré ses deux amis qui s'énervent et se moquent.
Héraclius découvre chez un dompteur un grand singe. Le singe est juste au-dessous de l'homme dans la hiérarchie des transmigrations. Pour étude, le docteur achète l'animal sans marchander.
Pour l'observer en liberté, il le libère un jour dans son bureau. Le singe se conduit d'abord comme une bête et met du désordre, puis prend l'allure d'un homme. Le docteur est fou de joie; il devient l'ami du singe.
Un jour, Héraclius décide de s'imposer un régime végétarien, car manger un animal c'est manger un homme sous sa forme inférieure. Cette folie scandalise et amuse ses deux amis.
Cherchant l'auteur du manuscrit, Héraclius croit le trouver en son singe. Dès lors, l'animal devient le maître de la maison. Cependant, le singe un jour s'empare du manucrit et déchire quelques pages. Héraclius comprend que son singe n'est pas le grand métempsycosiste. Il comprend qu'il est lui-même l'auteur du manuscrit. Cette découverte le remplit de joie et d'orgueil. Il écrit sa vie sur les pages vierges du manuscrit.
Honorine contribue à répandre en ville la folie d'Héraclius. Celui-ci n'arrange rien à son affaire en sauvant un jeune chat sur le point de se noyer plutôt qu'un enfant qui s'était jeté dans la rivière par sa faute. Il est conduit dans un asile, et subit la camisole de force et plusieurs douches tranquilisantes. Dans le jardin de l'établissement, il rencontre un féru de métempsychose, Dagobert Félorme. Bien qu'inespérée, cette rencontre tourne mal. Dagobert prétend, comme Héraclius, être l'auteur du manuscrit. Ils se disputent et déchirent le document. Héraclius, dès lors, abandonne ses convictions métempsucosistes. Il est relâché.
En rentrant chez lui, il se fait humilier par une bande de gamins qui n'a pas oublié les événements au bord de la rivière. Arrivé à la maison, il est furieux et tue son singe, souvenir vivant de sa folie. Plus tard, il massacre au jardin tous les animaux qu'Honorine a consciencieusement nourris en attendant le retour du maître.
Il ne peut plus se promener en ville sans être poursuivi par des gamins, si bien qu'il se venge sur les animaux quand l'occasion se présente. Il tend des pièges aux chats et aux chiens du quartier, et s'attire des ennuis. On finit par le renvoyer à l'asile. Là, il retrouve Dagobert Félorme. Les deux adversaires rassemblent autour d'eux des malades qu'ils montent contre l'ennemi.
Pythagore, le chien d'Héraclius qui a échappé aux massacres de son maître, a retrouvé sa trace et cherche à entrer dans l'asile.
- Sur l'eau
Le locataire d'une maion au bord de la Seine se fait raconter une anecdote de canotage par son voisin, féru canotier.
C'est une aventure qui s'est passée dix ans plus tôt. Le narrateur avait jeté l'ancre pour profiter du calme nocturne. Il se sentait mal, cependant, sans raison, et, lorsqu'il se couchait dans sa barque, croyait que celle-ci était ballotée par une force inconnue. L'ancre ne remontant plus, il se résolut à attendre l'aide d'un pêcheur, mais un rien l'angoissait. Bientôt terrorisé, il se coucha dans la barque et attendit. Lorsqu'il se leva de nouveau, le spectacle était charmant autour de lui. L'ombre, la brume et les crapauds créaient une ambiance fantasmagorique. Deux pêcheurs arrivèrent qui l'aidèrent à tirer l'ancre, apparemment chargée d'un grand poids. Au bout: le cadavre d'une vielle femme, une grosse pierre autour du cou.
- Le Donneur d'eau bénite
Pierre, charron, épouse Jeanne, fille de fermier. Ils adorent Jean, leur fils unique, et tombent dans une tristesse inconsolable lorsque, un jour, ils le perdent.
En vieillissant, ils cherchent Jean partout, jusqu'à Paris. C'est là qu'ils le retrouvent, tandis que le père est devenu le donneur d'eau bénite d'une église. Jean raconte son hitoire: il a été enlevé par des saltimbanques, au village, et a été recueilli plus tard par une dame. Maintenant, il va se marier.
Les parents, qui ont retrouvé leur fils, sont heureux jusqu'à leur mort.
- Le Mariage du lieutenant Laré
Le lieutenant Laré vient d'être décoré de la croix d'honneur lorsqu'il entreprend une mission. Il s'agit de porter secours à un général français qui combat à Blainville. Des Prussiens pourraient se trouver sur la route.
Au cours du trajet qui a lieu de nuit, le lieutenant recueille un vieil homme qui connaît la route jusqu'à Blainville, et sa fille. Celle-ci est presque morte de froid. On lui prépare une litière et des couvertures avec les capotes des soldats. Plus loin, le lieutenant et son armée tuent douze uhlans.
Le soutien du lieutenant Laré permet de repousser les Prussiens de Blainville. L'homme recueilli au cours du trajet est le comte de Ronfé-Quédissac. Il offre sa fille en mariage au lieutenant.
- "Coco, coco, coco frais!"
L'oncle Ollivier, en mourant, laisse à son neveu Pierre le soin de remettre cent francs au premier marchand de coco qu'il rencontrera. Un manuscrit explique ce curieux legs.
Chaque rencontre avec un marchand de coco a coïncidé avec un moment particulièrement heureux ou malheureux de sa vie. Un marchand de coco criait sous les fenêtres toute la journée de sa naissance; à huit ans, un autre le sauva d'une voiture qui fonçait sur lui; à seize, un autre sembla se moquer de lui juste avant une chasse désastreuse; à vingt-cinq, un autre lui annonça du bonheur le jour où il rencontra la femme qui allait le rendre heureux; après une révolution, un autre l'empêcha de se faire préfet. Enfin, l'oncle espère mourir tandis qu'un marchand de coco crie sous sa fenêtre. Son voeux est exaucé.
Pierre remet les cent francs à un marchand de coco misérable, qui lui dit: "Grand merci, mon petit homme, cela vous portera bonheur."
- Le Papa de Simon
Simon, fils solitaire de la Blanchotte, vient de commencer l'école. Ses nouveaux camarades se moquent parce qu'il n'a pas de papa. Une bagarre éclate. Simon décide de se jeter à la rivière. Un ouvrier le trouve, pleurant au bord de l'eau. Il le ramène à sa mère. Simon demande à l'ouvrier s'il veut être son père. Celui-ci accepte en plaisantant.
Le lendemain, Simon annonce à ses camarades que son papa s'appelle Philippe. Mais ce n'est pas encore un vrai papa, fait-on remarquer, puisqu'il n'est pas mariè à la Blanchotte.
Simon va à la forge où travaille Philippe et obtient de lui qu'il demande la Blanchotte en mariage. Celle-ci accepte et Simon, le lendemain, annonce fièrement la nouvelle à sa classe.
- Boule de suif
L'armée française a quitté Rouen et les Prussiens se sont introduits chez les bourgeois. L'invasion pèse sur les habitants. Certains bourgeois viennent d'obtenir l'autorisation de partir pour le Havre, ce qui leur laisse une possibilité de fuite vers l'Angleterre.
Parmi les passagers de la voiture, il y a M. et Mme Loiseau, marchands, M. et Mme Carré-Lamadon, le comte et la comtesse Hubert de Bréville, Cornudet, républicain, et Boule de suif, une fille ronde de mauvaise réputation. On fait mine d'ignorer Cornudet et Boule de Suif.
La voiture prend du retard dans la neige, si bien que les passagers ressentent la faim. Boule de suif a prévu un panier de nourriture, dont on finit par accepter le partage.
La conversation continue; Boule de suif est félicitée pour son courage face aux Prussiens. Elle s'emporte contre Cornudet qui dénigre Napoléon III.
Après avoir souffert du froid et terminé les provisions de Boule de suif, le groupe arrive à Tôtes. Il s'arrête à l'Hôtel du Commerce, gardé par un officier Prussien. On visite les chambres en attendant le repas. Le Prussien fait demander Mademoiselle Élisabeth Rousset, c'est-à-dire Boule de suif. Pressée par les autres, elle finit par accepter l'entrevue et revient après dix minutes, furieuse et décidée de ne répondre à aucune question.
On se couche après le repas. Boule de Suif est interceptée dans le couloir par Cornudet. Elle doit défendre l'entrée de sa chambre et finit par le repousser.
Le lendemain matin, à l'heure prévue du départ, les chevaux ne sont pas attelés. Le Prussien s'oppose au départ des Français. Ce n'est qu'en soirée qu'on comprend la cause de ce refus, lorsque le Prussien fait demander si Élisabeth Rousset n'a pas changé d'avis quant à sa proposition. Boule de suif est furieuse et explique à ses compagnons que le Prussien désire coucher avec elle. Dans un premier temps, on compatit, mais, dès le jour suivant, on se dit que Boule de suif devrait se résoudre à un tel sacrifice. Lorsqu'elle s'absente pour assister à un baptême, on conspire dans son dos. À son retour, on parle des sacrifices que des femmes ont faits pour leur prochain, pour leur patrie. Ne supportant plus les sous-entendus que ses copatriotes multiplient, Boule de suif cède un peu plus tard. La société dîne sans elle et retrouve une certaine gaieté. Seul Cornudet ne participe ni aux rires ni aux bassesses faites à propos de Boule de suif.
Le lendemain, la voiture est attelée. Boule de suif est accueillie par le mépris de ses compagnons de route qui lui reprochent tacitement son abandon au Prussien. En route, on l'ignore complètement. Chacun a prévu de quoi se nourrir, sauf elle. Comme personne ne lui offre à manger, elle ne parvient plus à retenir ses larmes. Cornudet se met alors à siffloter La Marseillaise, ce qui indispose le reste de la société. Jusqu'à Dieppe, il chantera et Boule de suif pleurera.
- Les Dimanches d'un bourgeois de Paris
Préparatifs de voyage
M. Patissot a toutes sortes d'haabitudes. Notamment, il travaille chaque jour au ministère. Grâce à son besoin de montrer son ralliement à Napoléon III puis à la République, il vient d'être augmenté.
Suivant l'avis du médecin, qui lui conseille beaucoup d'exercice, Patissot décide de voyager chaque dimanche autour de Paris. En guise de préparatifs, il achète un équipement complet de voyageur.
Première sortie
Ridicule, maladroit, Patissot se promène dans la campagne. Il veut se rendre à Versailles, mais se perd. En pleine forêt, il rencontre un couple égaré dont la femme gronde sans cesse le mari. Il fait mine de les guider, mais le mari doit faire demi-tour parce qu'il a oublié sa redingote et son portefeuille. Patissot, ravi, se retrouve seul avec la femme. À Bougival, il lui offre un repas et lui laisse un louis, parce qu'elle n'a pas d'argent. La femme, qui sait maintenant où aller, le quitte.
Le lendemain, il souffre d'une grosse migraine.
Chez un ami
Patissot rend visite à Boivin, dit Boileau, un ami. Il est mal reçu par la maîtresse de maison, dans un taudis désagréable. Après la corvée de l'arrosage du jardin, Patissot reçoit un repas médiocre. Quand les amis quittent Mme Boivin, celle-ci menace Patissot de lourdes représailles s'il ramène son mari saoul.
Boivin parle de la pêche, sa passion, à Patissot qui montre de l'enthousiasme. Ils prennent un repas et Boivin boit. Patissot le ramène saoul et le quitte effrayé par les reproches de Mme Boivin.
Pêche à la ligne
Patissot va pêcher avec Boivin. Accompagnés d'un gros monsieur, ils se placent sous un barrage, dans les remous. Au moment du déjeuner, ils n'ont toujours rien pris. Comme Boivin est désagréable, Patissot mange avec le gros monsieur, son nouvel ami, et retourne au fleuve en sa compagnie. Patissot fait preuve de maladresse et ne pêche rien. À sept heures du soir, au moment de retirer sa ligne, il attrape néanmoins un petit poisson. Très fier, il le fait frire et le mange en soirée. Il décide de revoir son nouvel ami le dimanche suivant.
Deux hommes célèbres
Au lieu d'aller canoter à Argenteuil, Patissot accompagne un cousin journaliste chez le peintre Meissonier et chez le romancier Zola.
Le premier fait visiter sa demeure de Poissy, qui est très tortueuse. Le deuxième reçoit les deux cousins dans sa propriété de Médan, qui est colossale.
Au moment de rentrer, Patissot est très fier de ces deux rencontres.
Avant la fête
La fête du 14 juillet approche. Patissot l'attend avec impatience. Suivant les conseils du maire, il veut décorer sa rue. Comme son logis donne sur une cour, il loue la mansarde d'un cocher. Cependant, aucune idée originale ne lui vient pour une décoration artistique.
Sur l'impériale d'un omnibus, un homme lui parle du gouvernement. À propos de la fête, il explique un projet dont il a fait part au ministre. Il faudrait simuler la prise de la Bastille le jour de la commémoration. Quant aux décorations, il n'imagine rien de plus original que des lampions et des drapeaux. C'est ce qu'achète finalement Patissot, désespéré de trouver mieux.
Une triste histoire
Sur la terrasse de Saint-Germain, Patissot rencontre un Normand qui lui raconte son histoire.
Le Normand et son frère avaient perdu leur père et étaient à la charge de leur oncle, un gros curé. Ils vivaient dans le même appartement, à Paris. Tombés amoureux en même temps de deux jeunes filles, ils décidèrent de se séparer. Le frère quitta l'appartement pour vivre avec son amante, tandis que Victorine y emménageait. On décida de ne rien dire à l'oncle. Celui-ci vint cependant en pleine nuit, par surprise. Le Normand ne put l'empêcher de découvrir Victorine dans son lit. Il prit le parti de fuir et ne revint que bien plus tard à l'appartement. Son oncle le déshérita; il ne revit plus Victorine.
Essai d'amour
Patissot, traversé par toutes sortes d'élans poétiques, rêve de caresses; il trouve une fille aux Folies-Bergère. Celle-ci ne vient pas au rendez-vous du lendemain, mais envoie une remplaçante. Patissot s'en accomode et part avec elle pour Maisons-Laffitte où se déroulent des régates. La fille est rebelle et pénible; Patissot ne parvient pas à la calmer et obtenir d'elle les caresses tant rêvées. Il succombe à un dernier de ses caprices et lui offre une promenade en bateau. Elle demande de s'arrêter dans une baie et se montre plus enthousiaste envers Patissot. Celui-ci est si heureux qu'il s'endort. Quand il se réveille, c'est pour voir sa compagne dans une autre yole, entourée de canotiers.
Un dîner et quelques idées
M. Perdrix, chef de bureau de M. Patissot, est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il invite tous ses employés dans sa propriété d'Asnières. Parmi eux, il y a le vieux M. Rade qui refuse d'accorder à la femme toutes les vertus que vantent ses collègues. Pour prouver l'infériorité de son sexe, il cite Schopenhauer, Rousseau, lord Byron, Herbert Spencer. Patissot est particulièrement indigné et accuse M. Rade de manquer de patriotisme comme de galanterie. M. Rade se félicite justement de ne pas être patriote. Il est vite accusé de n'avoir aucun principe et se défend en exposant des principes très arrêtés. Il explique pourquoi une tyrannie est monstrueuse, un suffrage restreint injuste, un suffrage universel stupide. Il se déclare finalement anarchiste et révolutionnaire.
M. Perdrix met fin au débat, mais M. Rade, qui veut le dernier mot, explique encore sa morale en une phrase: Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît.
Séance publique
Patissot assiste par hasard à une séance publique en faveur des droits de la femme. La citoyenne Zoé rappelle la servitude de la femme et le rôle héroïque qu'elle a toujours joué. La nihiliste russe Eva Schourine explique son désir de combattre la tyrannie de l'homme. Des étrangères parlent ensuite pour apporter l'adhésion de leur patries. Le voisin de Patissot traite toutes ces femmes d'hystériques. Se lève le citoyen Sapience Cornut, revenu d'un exil, qui propose à la femme de réaliser sa propre Révolution. Le voisin de Patissot tente d'expliquer ce comportement. À la tribune, un jeune homme essaie de décourager les femmes de changer leur situation, car la nature leur a déjà donné un rôle honorable à jouer. Il est interrompu par des sifflets. Le voisin de Patissot invite ce dernier à prendre un bock. Ils quittent la séance.
- Suicides
De nombreux suicidés semblaient heureux, de leur vivant. Robert, avant de se tirer une balle, a laissé une lettre qui explique sa triste détermination. Il a longtemps vécu d'illusions et de croyances, mais maintenant il est ravagé par l'ennui et la lassitude. Un jour de désespoir, il a décidé de mettre de l'ordre dans son secrétaire et a ainsi retrouvé des lettres très anciennes qui lui étaient adressées. Il parcourut sa vie comme on remonte un fleuve. À la fin, il considéra douloureusement son avenir, la vieillesse, et entreprit de se tuer, conseillant à ceux qui liraient sa dernière lettre de ne jamais relire leur ancienne correspondance.
- Jadis
Dans un domaine qui respire encore la galanterie du dix-huitième siècle, une jeune femme tient compagnie à sa grand-mère. Celle-ci ne comprend plus les Français qui placent la fidélité et le mariage au-dessus de tout. Elle défend devant sa petite-fille les valeurs de la galanterie et explique que le mariage, s'il est nécessaire à la société, ne s'en oppose pas moins à la nature humaine. Elle prévient sa petite-fille des malheurs que vont engendrer sa ferme conviction qu'un amour unique est possible dans une vie.
- Une page d'histoire inédite
Récit d'un témoignage que l'auteur aurait reçu directement. Le jeune Napoléon a manqué de se faire assassiner au moment où la Corse, gouvernée par le général Paoli, gagnait son indépendance. Il s'était brouillé avec Paoli qui, par l'intermédiaire de la famille Morelli, le fit prisonnier à Bocognano. Santo-Riccio, un partisan fidèle de Napoléon, parvint à le délivrer. Morelli se lança aussitôt à sa poursuite, mais il fut retenu par sa femme, ce qui facilita la fuite de Bonaparte. Ce geste a peut-être eu pour conséquence de changer radicalement l'histoire de l'Europe, que le futur empereur allait écrire les années suivantes. Finalement, Napoléon embarqua dans un navire pour la France. Au moment d'écrire son testament, il ne fut pas ingrat envers les alliés qui lui avaient permis jadis d'échapper à un assassinat.
- En famille
M. Caravan a reçu la Légion d'honneur pour ses trente ans de service au ministère de la Marine. Chaque jour ressemblant au précédent, il n'a pas vu défiler sa vie de bureaucrate. Cependant, la croix a changé ses habitudes et l'a rempli d'orgueil.
Dans le tramway, comme toujours, il parle avec ledit docteur Chenet, puis l'accompagne au café du Globe. Ensuite il rentre chez lui, discute de la promotion qu'il n'a pas eue avec sa femme et accueille les enfants, Marie-Louise et Philippe-Auguste. La vieille grand-mère semble avoir fait des siennes, à entendre Mme Caravan la jeune. On l'appelle pour manger mais elle ne vient pas: elle est tombée par terre, sans conscience. M. Chenet vient pour l'ausculter et annonce que c'est la fin. M. Caravan pleure beaucoup; sa femme pleure par politesse; on garde le docteur pour dîner. Celui-ci emmène Caravan dehors après le cognac et, las de ses plaintes, l'abandonne finalement au cours de la promenade. Caravan, dont la tristesse diminue, ressent le besoin d'aller se plaindre de son malheur au café du Globe, mais personne n'y prend garde. Il rentre et accepte d'aider sa femme à rassembler les possessions que cette ingrate de belle-mère, qui n'a pas écrit de testament en faveur de son fils malgré la pension, avait léguées de son vivant au ménage Caravan.
Le lendemain, Caravan effectue les tâches administratives nécessaires que sa femme a listées. Les voisines, au courant du décès, demandent à voir la morte. Ce besoin va jusqu'à provoquer une scène chez le coiffeur du rez-de-chaussée. Marie-Louise, secrètement, fait aussi monter des camarades. Au moment du repas, la jeune fille est envoyée dans la chambre de la morte pour chercher des bougies. À son retour, elle annonce que sa grand-mère est vivante. Ébahi, le ménage Caravan fait descendre la grand-mère au moment où Mme Braux, la soeur de M. Caravan, et son mari arrivent. On mange ensemble, embarrassés. M. Chenet, l'officier de santé, rendant visite aux Caravan, reste pour le café. Ayant cru sa mère morte, Mme Braux se fâche avec Mme Caravan lorsque la grand-mère est remontée. On se sépare, chacun rentre chez soi et les Caravan terminent la soirée en tête à tête. L'employé du ministère se demande ce qu'il va dire à son patron.
- Opinion publique
MM. Perdrix, Bonnenfant, Piston, Grappe et Rade sont employés au ministère. Tandis qu'ils regagnent leurs bureaux, ils entament une discussion. Celle-ci glisse de l'assassinant du tzar à l'incendie des magasins du Printemps. Entre temps, il est question de dirigeants et de pouvoir. Quand le chef arrive, tous les employés filent en une seconde.
- Histoire d'une fille de ferme
Servante dans une ferme, Rose se laisse prendre par Jacques, un autre employé qui lui promet le mariage. Cependant, Jacques se lasse d'elle alors qu'elle est enceinte. Il quitte le pays avant la fin de la grossesse que Rose s'applique à cacher. La servante accouche dans son pays natal, alors que sa mère vient de mourir. Avec d'infinis regrets, elle laisse l'enfant à des voisins et retourne à la ferme.
Le fermier souhaite l'épouser, car il doit sa prospérité au travail qu'elle effectue. Rose explique qu'elle ne peut pas et tente vainement de fuir. Son maître prend l'habitude de lui rendre visite dans son lit, et finit par publier les bans. Ils se marient, mais ne peuvent avoir d'enfant. Sous les coups du fermier, Rose finit par avouer qu'elle a déjà un fils. Brutalement soulagé, son mari se réjouit de l'adopter.
- Une partie de campagne
La jeune Henriette Dufour et sa famille quittent Paris pour une partie de campagne. Ils dînent dans l'herbe et sont sensibles aux charmes de la nature, aux caresses du soleil.
Deux solides canotiers invitent madame et sa fille à se promener sur la rivière. Celui qui se prénomme Henri amène la jeune femme dans ce qu'il appelle son "cabinet particulier", au millieu des feuillages. Là, un rossignol chante. Envahie de désir et prise d'élans poétiques, Henriette se laisse séduire par le canotier.
La jeune femme se marie et la vie reprend son cours à Paris. Un jour, Henri retourne dans son "cabinet" et y trouve Henriette, assise près de son mari endormi. Sans se compromettre, les anciens amants s'avouent l'importance du souvenir qu'ils ont en commun.
- La Maison Tellier
La maison Tellier, située à Fécamp, a acquis une bonne réputation grâce à la bonne humeur et à la fermeté de la patronne. Un soir, les clients trouvent une note indiquant que l'établissement est fermé pour cause de première communion.
Mme Tellier a décidé d'emmener toutes ses filles à la communion de sa nièce, qui a lieu dans la campagne normande. Le voyage en train est l'occasion de rencontrer un audacieux commis voyageur qui fait essayer des jarretières à la patronne et à ses dames. Dans le petit village, celles-ci s'émeuvent du calme campagnard et s'occupent avec empressement de la jeune communiante.
L'émotion atteint son comble pendant la cérémonie qui rappelle à chacun ses souvenirs d'enfance. Les filles quittent avec peine le polisson Rivet, son adorable fille et le village charmant. De retour à la maison Tellier, elles se montrent extrêmement complaisantes avec les habitués. Ce n'est pas tous les jours fête.
- Au printemps
Enchanté par le retour du printemps, un homme prend le bateau Mouche pour Saint-Cloud. Une jeune femme, près de lui, le regarde intensément. Il s'apprête à l'aborder quand un inconnu s'approche de lui et lui demande de le suivre. L'inconnu explique les dangers de l'amour en lui racontant comment il a rencontré sa femme, le printemps dernier, sous le même soleil, sur le même bateau, dans le même contexte enthousiasmant. Aujourd'hui, il regrette éperdument son mariage.
- La Femme de Paul
Paul, le fils du sénateur, et sa maîtresse Madeleine suivent les canotiers du Grillon à la Grenouillère. Là, Paul s'insurge contre quatre "lesbos" bien connues du public, au grand dam de sa compagne. Celle-ci semble connaître ces femmes, en particulier la grosse Pauline.
Paul, très affecté de cette complicité, est trop amoureux de sa compagne pour la quitter. Réconciliés, ils passent du bon temps sur l'île jusqu'à la tombée de la nuit. Cependant, Madeleine a promis à Pauline de la rejoindre en soirèe, au bal de la Grenouillère. Ravagé, Paul est trop amoureux pour l'en empêcher.
Au cours de la soirée, il perd sa maîtresse et met longtemps à la retrouver avec Pauline, dans un bosquet. Désespéré, il se jette à l'eau. Quand on le repêche, Madeleine pleure beaucoup; elle disparaît avec Pauline, qui la console.
- Par un soir de printemps
Jeanne et Jacques attendent paisiblement le moment de leur mariage et passent des soirées à marcher sous le clair de lune.
Dans la maison de Jeanne, on oublie et on méprise un peu tante Lison, discrète et timide, restée célibataire. Un soir, la vieille fille ne peut s'empêcher de retenir ses sanglots quand elle entend les mots doux que Jacques adresse à Jeanne. "On ne m'a jamais... jamais dit de ces choses-là, à moi!..."
- Histoire d'un chien
Un cocher récupère une chienne dont le système hormonal déréglé attire de nombreux chiens chez ses maîtres. Ceux-ci ordonnent au cocher de noyer Cocotte, sans quoi il sera mis à la porte. Après mure réflexion, il emmène sa chère bête au bord de la Seine et la noie. Le remord le travaille longtemps.
Un jour, tandis qu'il s'apprête à se baigner dans le fleuve, il découvre le cadavre nauséabond de son propre chien.
L'auteur insiste sur la véracité de cette histoire.
- Histoire corse
La tradition de la vendetta corse remplit encore les faits divers de l'actualité. Le narrateur a en mémoire l'histoire d'une vendetta.
Traversant les paysages corses et leurs villages rustiques, il se fit héberger par un couple d'autochtones. Le mari lui conta des histoires de vendetta, qui avaient touché sa famille, en répétant: "c'est le pays qui veut ça." La femme, de son côté, lui demanda de lui envoyer un petit révolver quand il serait de retour à Paris. Cette arme lui permettrait de tuer son beau-frère, qui la soupçonnait de commettre des adultères. Le narrateur accepta cette requête.
- Le Mal d'André
Étienne obtient plusieurs rendez-vous de Mathilde qu'il courtise depuis longtemps, tandis que le mari notaire de celle-ci est absent. Les premières nuits, il n'obtient pas de Mathilde tout ce qu'il voudrait, car André, le petit enfant de la femme se réveille et pleure au moindre bruit. Pour le calmer, il faut le porter dans le lit conjugal. Étienne a l'idée de le pincer sous les draps lorsque sa mère l'installe dans le lit pour qu'il le prenne en horreur et ne souhaite plus quitter son berceau. Lorsque le mari revient, il remarque les impressionnantes taches bleues sur l'enfant. Mathilde, qui comprend enfin l'astuce de son amant, accuse la nourrice qui est renvoyée de la maison.
- La Moustache
Jeanne écrit à Lucie. Les comédies de salon sont bêtes et sans élégance. Pour jouer les rôles de soubrette, le mari de Jeanne a rasé sa moustache. C'est l'occasion pour Jeanne de s'étendre sur l'importance des moustaches dans la relation de couple. Elle ne pensait pas pouvoir aimer son mari, au début, lorsque celui-ci était rasé. La moustache est un élément essentiel aux baisers virils.
Jeanne recense les différents types de moustaches. Il lui revient un épisode de la guerre qui lui a fait aimer les moustaches: quand son père enterrait des cadavres français et allemands suite à un combat, elle reconnut les Français à leur moustache.
- Tombouctou
Tombouctou, un Nègre, reconnaît un lieutenant, tandis qu'il se promène à Paris. Il salue chaleureusement le lieutenant qui, après le départ de Tombouctou, raconte l'histoire du Nègre au colonel qui l'accompagne.
Il a rencontré Tombouctou pendant la guerre contre la Prusse, à Bézières, tandis que la ville était assiégée. Le Nègre cuisinait de la viande de Prussien à l'insu des soldats français. Au moment de se rendre, Tombouctou obtint de rester à Bézières pour y établir un restaurant de "cuisine militaire".
- Mon oncle Jules
Lorsque Joseph Davranche donne cent sous à un mendiant, son camarade s'étonne. Joseph s'explique par un récit.
Il a grandit dans une famille pauvre. Son oncle Jules devait beaucoup d'argent à son père. Il écrivait parfois, depuis l'Amérique, qu'il rembourserait bientôt. La famille, pleine d'espoir, attendit de nombreuses années.
En l'honneur du mariage d'une fille Davranche, la famille se rend à Jersey. À bord du paquebot, on reconnaît Jules. C'est le capitaine qui résume son histoire. Il a recueilli Jules l'an dernier. Maintenant, l'oncle ouvre des huîtres sur le paquebot. Il ne veut pas se rendre au Havre, chez les Davranche, parce qu'il leur doit de l'argent.
Après que la famille a commandé des huîtres, Joseph se charge de payer. Il laisse un pourboire à son oncle qui ne le connaît pas et comprend que celui-ci a été mendiant, en Amérique.
- Enragée?
Une jeune femme raconte les déboires qui ont suivi son mariage à une amie, dans une lettre.
En se mariant, elle ne savait ce qu'une nuit de noces impliquait. Aux tentatives de son mari, elle réagit violemment et se sauve. Bientôt tout l'hôtel est réveillé et apprend l'histoire. On se rit du jeune couple.
Le voyage de noces se poursuit à Étretat où une jeune femme vient de mourir de la rage, mordue par un chien. La mariée se souvient avoir été mordue par son petit chien et ressent dès lors toutes sortes de douleurs. Elle se persuade que la rage la tuera jusqu'à ce que sa mère, inquiète, la rejoigne à Étretat avec le petit chien, en parfaite santé.
- Un duel
Pendant l'occupation prussienne, en 1871, M. Dubuis, qui a fait partie de la garde nationale de Paris, part pour la Suisse retrouver sa femme et sa fille. Dans le train, il rencontre un Prussien qui se moque des Français, et deux Anglais curieux de visiter les champs de bataille. Le Prussien donne des ordres insultants à M. Dubuis qui s'énerve et le bat. On convient d'un duel au pistolet. M. Dubuis tue son adversaire sous les yeux des Anglais, ravis.
- Les Caresses
Geneviève écrit à Henri pour refuser sa proposition indécente. Henri se récrie: la caresse est un moyen de vérifier l'amour qu'on éprouve. C'est un piège agréable dans lequel il est bon de tomber. Une femme qui manque de caresses ne peut être heureuse.
- Le Petit
M. Lemonnier, excessivement amoureux de sa femme Jeanne, la perd en couche. Jean, l'enfant, représente ce qui reste de sa femme et ce qui l'a tuée aussi. Son père l'aime et l'élève avec M. Duretour, un bon ami qui a bien connu sa femme. Les compères rendent l'enfant capricieux en lui accordant tout. Un jour où Céleste, la bonne, essaie de faire avaler de force de la soupe à Jean, M. Lemonnier prend la défense de son fils et veut la chasser. La bonne se fâche et avoue à son maître qu'il n'est pas le père de Jean. En effet, celui-ci ressemble plus à M. Duretour qu'à M. Lemonnier.
M. Lemonnier se pend le soir dans sa chambre et, dans une lettre, confie l'enfant à son ami.
- Le Cas de Mme Luneau
Hippolyte Lacour poursuit en justice Mme Céleste-Césarine Luneau. Cette veuve lui avait demandé de lui faire un enfant à la mort de son mari pour hériter de ses biens, contre de l'argent. Hippolyte n'a jamais été payé et réclame son dû. Mme Luneau prétend alors qu'il n'a pu lui faire cet enfant, parce qu'il n'en n'est pas capable. Hippolyte est cocu et ses huit enfants sont ceux d'un autre. Sachant cela, Mme Luneau a pris d'autres amants pour s'assurer d'un résultat. Ces amants sont ses témoins. Le juge condamne Mme Luneau à vingt-cinq francs de dommages-intérêts pour perte de temps et détournement insolite.
- L'Ami Patience
Gontran Lardois raconte comment il a retrouvé à Limoges un camarade de collège, Robert Patience, tandis qu'il était en tournée d'inspection des finances. L'Ami Patience invite Gontran chez lui pour le déjeuner du lendemain. Gontran est accueilli par une bonne qui le conduit dans un salon de l'espèce d'hôtel dans lequel vit l'Ami Patience. Les pièces sont décorées de tableaux d'amour qui frisent parfois l'érotisme. Gontran voit passer dans le jardin trois filles en peignoir. L'Ami Patience arrive peu après. Parlant fièrement de sa demeure et de sa situation, il ajoute: "Et dire que j'ai commencé avec rien... ma femme et ma belle-soeur."
- La Martine
Benoist est amoureux de la Martine, fille d'un riche paysan, et attiré par sa beauté. Ils se retrouvent parfois en secret et se font des promesses. Cependant, la Martine épouse un jour un autre paysan. Benoist est plus que chagriné. Lorsqu'elle tombe enceinte, il se sent tout de même soulagé, comme si l'arrivée d'un enfant la séparait définitivement de lui. Il reste triste, cependant. Un jour, il passe près de chez elle et l'entend crier. Il se préipite. La Martine, seule dans la maison, est sur le point d'accoucher et cela se présente mal. Benoist l'aide, comme il aurait fait pour une jument. L'enfant est né quand le père arrive. Celui-ci, ami d'enfance de Benoist qui ne lui parlait plus depuis le mariage, le remercie. Il veut qu'ils redeviennent bons amis. Benoist, que l'acouchement a complètement guéri de son amour, accepte.
- L'Enfant
Un médecin défend devant une baronne les infanticides commis par des mères dont la grossesse est condamnable. Il raconte un cas dont il a été témoin.
Mme Hélène possédait des désirs ardents d'amour. Ses maris successifs, s'ils ne mouraient pas poitrinaires, la quitaient pour préserver leur santé.
Un jour, Mme Hélène, qui souffrait de son veuvage, eut une relation malgré sa conscience morale avec le jardinier. Elle devint enceinte et en informa le médecin. Pour éviter le scandale, elle voulut tuer l'enfant. Aucun moyen n'y parvint. Elle prit finalement un couteau et s'ouvrit le ventre. Elle sortit l'enfant et s'évanouit.
- Une soirée
M. Saval, notaire à Vernon, aurait dû embrasser la carrière des arts, comme disent ceux qui assistent à ses interprétations d'opéras nouveaux.
Un jour, il se rend à Paris pour écouter un opéra. Comme il a deux heures à tuer, il se rend au Rat-Mort, café place Pigalle. Là, il parvient à entrer en contact avec Romantin, peintre qu'il a admiré au dernier Salon. Celui-ci l'invite à la fête qu'il donne le soir même. Il accepte bien volontiers, renonçant à ses projets d'opéra.
M. Saval reçoit la tâche d'aider Romantin pour préparer la soirée. Il faut nettoyer et décorer une pièce vide et poussiéreuse. Romantin imagine un lustre avec des bouteilles et des bougies. M. Saval est surpris de cette organisation et ne se rend pas très utile.
Pendant les préparatis, Mathilde, une maîtresse de Romantin, arrive et se fâche avec le peintre. Celui-ci la raccompagne et ne revient pas. C'est M. Saval qui doit accueillir les invités déjantés de son hôte, qui sont des peintres et des actrices. On le plaisante et on le fait boire, si bien qu'il devient gris au point de perdre le contrôle. Ayant oublié tout le reste, il se réveille dans un placard, nu. Une vieille femme, un balai à la main, le gronde sévèrement.
Dès lors, M. Saval affirme dans son salon de Vernon, que la peinture est un art inférieur.
- L'Odyssée d'une fille
Une fille de joie raconte son histoire à un passant qui vient de la sauver des gendarmes.
Lorsqu'elle avait seize ans, elle était en service chez un grainetier qui la désirait. Lorsque le vieil homme surprend un amant dans la chambre de la fille, il devient fou de colère. La fille se sauve à Rouen. En chemin, elle rencontre deux gendarmes qui abusent de sa naïveté. Pour vivre, à Rouen, elle tente d'interpeler les hommes comme les prostituées et se voit condamné à quelques jours de prison. Après le jugement qui la déclare innocente, la fille va retrouver un vieux juge à qui elle avait plu. Celui-ci la paie, comme les autres hommes qu'elle fréquente chaque matin.
Un soir, cependant, un ancien président meurt en sa compagnie. Elle est prise et condamnée à trois mois de prison. En sortant, elle quitte Rouen pour Paris. Une vie de misère l'attend dans la capitale.
La fille quitte son sauveur, après qu'il a refusé ses remerciements indécents.
- Un coup d'État
À l'aube de la IIIème République, le docteur Massarel, du parti républicain, veut détrôner M. le vicomte de Varnetot, maire monarchiste de Canneville. Entouré de quelques hommes armés, il siège devant la mairie. Tandis que M. de Varnetot demeure dans le bâtiment, M. Massarel envoie plusieurs télégraphes, pour obtenir du gouvernement le renvoi du maire. Lorsque celui-ci démissionne enfin, le docteur, au comble du bonheur, se heurte à l'indifférence du peuple. Il ne peut rien faire pour l'émouvoir et rentre chez lui. Au cabinet, des patients l'attendaient depuis plus de trois heures.
- Humble vérité
Un homme évoque le charme des rencontres que l'on fait en voyage. Il parle d'une vieille femme qu'il avait croisé plusieurs fois dans les montagnes d'Auvergne, avant d'entendre son histoire.
Elle a aimé tendrement son fils. Mais il s'est éloigné d'elle en grandissant. Après son mariage, il est parti vivre en Angleterre, auprès des parents de sa femme. Dès lors, il a visité sa mère veuve et seule de moins en moins souvent. Voilà quatre ans qu'elle ne l'a vu. Elle à l'impression d'être un chien abandonné.
- La Confession de Théodule Sabot
Théodule Sabot, menuisier de Martinville, se moque des curés. Il est l'ennemi de l'abbé Maritime. Si Sabot est élu maire, ce sera la défaite de l'Église. Mais l'abbé a une idée. Il obtient de l'archevêché de Rouen une somme pour rénover l'église.
Ce travail paie bien. L'abbé fait mine d'engager un menuisier d'un autre village, vu le comportement impie de Sabot. Celui-ci, cupide, désire le travail. Il accepte de se confesser et d'être converti par l'abbé, qui lui inculque quelques commandements. Sabot n'en n'a jamais vraiment respecté un seul, mais l'abbé s'en accommode.
- Une vendetta
La veuve Saverini habite au sud de la Corse. Lorsque son fils est tué par Nicolas Ravolati, elle jure une vendetta. Comme elle est vieille et seule, elle entraîne sa chienne "Sémillante" à sauter au coup d'un homme, en attachant une cravate de boudin à un mannequin. Elle se rend en Sardaigne et trouve Nicolas que la chienne tue.
- La Confession
Marguerite de Thérelles est sur le point de mourir. Devant un prêtre, elle se confesse à sa soeur aînée. Elle n'a jamais quitté sa soeur et ne s'est jamais mariée, par compassion pour le veuvage de celle-ci.
À douze ans, Marguerite aimait le fiancé qu'on avait donné à sa soeur. Elle décida de le tuer et glissa du verre pilé dans des biscuits comme faisait le jardinier pour en venir à bout des chiens errants. Le fiancé et elle mangèrent des biscuits. Mais elle survécut et ne se pardonna jamais ce meurtre.
À l'heure de mourir, elle demande le pardon de sa soeur et l'obtient.
- Au bord du lit
Le comte de Sallure pense que sa femme Marguerite a été trop courtisée ce soir par M. Burel. Elle ne croit pas que cela compte désormais et se dit prête à le faire cocu, si elle trouve quelqu'un. Jadis, il a bien eu une amante, Mme de Servy, puis quatre autres maîtresses, des cocottes. S'il se montre ce soir si amoureux de sa femme, c'est parce qu'il n'a plus de maîtresse depuis trop longtemps. Marguerite demande d'être payée comme les autres ont été payées. Elle estime ce salaire à cinq mille francs par mois. Son mari finit par accepter.
- Regret
Paul Saval, vieux garçon de Mantes, se dit que sa vie a été vide et triste. Il a été amoureux, jadis, mais trop tard, de la femme de son camarade M. Sandres. Un jour Saval a déjeûné avec le couple des Sandres sur l'herbe, au bord de la rivière. Il s'est promené avec Mme Sandres pendant que le mari dormait. En y repensant, Saval se souvient l'attitude étrange de sa compagne et se demande si, à ce moment là, elle aurait cédé à sa déclaration d'amour. Ayant peur d'avoir manqué l'occasion d'être heureux, il se précipite chez Mme Sandres, maintenant vielle comme lui. Celle-ci lui avoue qu'elle aurait cédé.
- Le Vengeur
M. Antoine Leuillet a épousé Mme Mathilde Souris, veuve. M. Souris était un ancien ami; Leuillet le trouvait "godiche". Une fois marié, il éprouve de la jalousie pour cet homme qui a possédé sa femme avant lui. Il se fait sans cesse dire par Mme Leuillet qu'il est mieux que Souris. Un soir, croyant lui faire plaisir, Mme Leuillet lui apprend que, jadis, elle a trompé Souris. Lui, dont l'amour pour cette femme est vieux de dix ans, ne supporte pas la nouvelle et bat son épouse.
- L'Attente
Des hommes causent dans un fumoir. Le Brument prend la parole.
Une mourante lui a raconté comment elle a aimé un homme, épousé un autre selon les volontés de sa famille, eut un enfant, perdu son mari, pris pour amant l'homme qu'elle aimait. Elle a parlé de son enfant, Jean, de l'amour qu'il portait à cet homme qui était souvent chez sa mère et qui devint une espèce de père moral. Elle a décrit l'événement qui causa vingt ans de solitude et de malheur, et qui eut lieu lorsqu'elle embrassa son amant sans se rendre compte que son fils les voyait. Celui-ci s'enfuit après cette découverte. La femme chassa son amant en lui ordonnant de retrouver son fils avant de reparaître. Ni l'un ni l'autre ne revinrent. À l'heure de mourir, elle a demandé à Me Le Brument de trouver son fils, contre récompense testamentaire, et de lui trasmettre un message. Mais il n'a jamais pu.
- Décoré!
M. Sacrement, riche bourgeois de Rouen, rêve depuis toujours d'être décoré. Il est tantôt jaloux, tantôt furieux contre les si nombreuses personnes décorées qu'il pouvait croiser dans la rue. Le député Rosselin lui explique ce qu'il faut pour devenir officier d'académie. Sacrement n'a pas de titres à énumérer, mais il se met néanmoins au travail. Il rédige et distribue quelques brochures sur l'éducation.
Les efforts finissent par lui sourire. Il obtient un certain succés et garde l'espoir d'être décoré. M. Rosselin semble s'intéresser à ses travaux. Il l'aide et lui obtient un travail important qui lui fera parcourir les bibliothèques françaises.
Se trouvant un soir à Rouen, il rend visite à sa femme. Celle-ci semble très surprise de le voir. Sacrement découvre un pardessus qui ne lui appartient pas, décoré de la Légion d'honneur. Sa femme finit par lui avouer que lui, Sacrement, avait été décoré et que la nouvelle serait officielle à la fin de ses travaux. Sacrement n'en revient pas et loue M. Rosselin qui a obtenu ça pour lui. Une carte de visite de M. Rosselin était d'ailleurs tombé du pardessus, ce qui prouve que Mme Sacrement disait vrai.
Huit jour plus tard, en effet, M. Sacrement est nommé chevalier de la Légion d'honneur.
- Le Père
François Tessier tombe amoureux de Louise qui prend le même omnibus que lui. Il l'invite à déjeuner; tous deux se promènent près de Maisons-Laffitte. Louise, malgré sa résolution de ne pas vouloir fauter, se donne toute entière à lui quand ils découvrent un champ de lila. Elle devient sa maîtresse et attend un enfant.
François se lasse d'elle et ne sait comment la quitter. Il disparaît et vit seul pendant dix ans. Un jour, il voit son ancienne amante avec deux enfants. L'idée d'embrasser son fils l'obsède et il écrit une lettre au mari de Louise, qui a reconnu l'enfant. Le mari accorde à François la possibilité de voir son fils. François embrasse très violemment l'enfant et l'effraie, avant de partir comme un voleur.
- La Ficelle
Maître Hauchecorne, Normand de Bréauté, trouve à Goderville un morceau de ficelle, le jour du marché. Maître Malandin, son ennemi, le voit ramasser l'objet dans la boue et le dénonce pour avoir volé un portefeuille effectivement égaré dans la matinée. Convoqué par le maire, maître Hauchecorne ne peut se défendre de cette accusation. Il raconte sa mésaventure, mais personne ne le croit.
Le lendemain, le portefeuille est rendu à son propriétaire. Maître Hauchecorne parcourt le pays pour raconter la fin de cette histoire, mais on persiste à le croire coupable. Un complice aurait rendu le portefeuille à sa place. Épuisé par les tentatives de se justifier et désespéré, il meurt à la fin de l'année.
- Un sage
Le narrateur raconte comment il s'est senti trahi par son ami complice René Blérot lorsque celui-ci s'est marié.
Après un long voyage en Orient, il croise Blérot dans Paris, maigri, souffrant. Il parvient à lui tirer une confidence: la cause de cet état est le tempérament de sa femme. Les caresses de celle-ci l'épuisent au point de le tuer un peu chaque jour.
Six mois plus tard, les deux amis se rencontrent aux Champs-Élysées. Blérot est bien portant et de belle humeur. Il invite son ancien ami chez lui. Au repas, il y a sa femme et un homme, Lucien Delabarre. Le mari s'éclipse avec son ami, laissant sa femme avec Delabarre.
Les deux amis se rendent ensemble aux filles.
- Première neige
Une jeune femme vit ses derniers jours à Cannes. Elle se souvient de son mariage avec Henry, qui aime surtout la chasse, et de son emménagement au manoir de Parville, en Normandie. Dans cette maison, elle avait froid chaque hiver, si bien qu'elle demandait régulièrement à Henry d'installer un calorifère. Celui-ci refusant, elle voulut s'infliger un rhume pour lui inspirer de la pitié, et se promena plusieurs fois dans la neige du jardin. Ce caprice lui fut fatal.
Maintenant à Cannes, même aux portes de la mort, elle est heureuse sous le soleil. Son mari a acheté un calorifère.
- Le Modèle
À Étretat, le passage du peintre Jean Summer et de sa femme en fauteuil roulant est l'ocasion pour un jeune homme de raconter leur histoire à un ami.
Le peintre est tombé amoureux du modèle, mais, à la suite d'une querelle, il a douté de ses sentiments. Ne supportant plus les idioties de son amante, il l'a quittée un jour, lui laissant de l'argent. L'amante l'a retrouvé pour s'opposer à cette séparation.
Le narrateur, chez qui le peintre avait trouvé refuge, avait voulu arranger l'affaire en disant au modèle que son ami l'aimait encore, mais que sa famille voulait le marier. Entendant cela, le modèle a expliqué qu'elle désirait mourir si son amant se mariait. Celui-ci l'a provoqué, si bien qu'elle a sauté par la fenêtre sous les yeux des deux hommes. Les deux jambes brisées, elle n'a plus pu marcher.
Par pitié ou par remord, le peintre l'a épousé.
- La Farce; Mémoires d'un farceur
Un farceur raconte successivement la dernière farce dont il a été victime et la première farce dont il a été coupable.
Pour la chasse, il rejoingnit des amis farceurs dans un château de Picardie. La bonne humeur qui régnait lui lassait craindre qu'il allait être la victime d'une farce, si bien qu'il prit toutes les précautions nécessaires en se couchant pour éviter une mauvaise surprise. Il déplaça son matelas et finit par s'endormir. Brûlé et assommé en même temps, il se réveilla en sursaut et se débattit. Le valet de chambre était tombé sur sa couche improvisée alors qu'il apportait le thé du matin.
C'est à quinnze ans qu'il commit sa première farce. Une vielle dame, Mme Dufour, rendait souvent visite à ses parents qu'il retrouvait chaque vacance en Picardie, toujours dans un château. Elle était tellement désagréable qu'il décida de lui jouer un tour. Il plaça dans le pot de chambre de la vielle dame un produit chimique qui s'enflammait au contact de l'eau. Mme Dufour, au moment de se coucher, utilisa le pot de chambre. Elle faillit mourir de stupeur et, dès le lendemain, but de l'eau pour calmer le feu qu'elle croyait sortir de ses entrailles.
- La Main
À Paris, M. Bermutier, un magistrat, se penche sur un crime inexplicable. Pour répondre à la demande de plusieurs femmes, il raconte une autre histoire extraordinaire qu'il a vécue.
Il était juge d'instruction à Ajaccio et s'occupait essentiellement de vendettas. Un Anglais, Sir John Rowell, vint dans la région. Des légendes coururent à son sujet, si bien que M. Bermutier voulut le connaître. Chez lui, il apprit son histoire, et découvrit une main d'écorché accrochée au mur. Elle avait appartenu à un ennemi que l'Anglais avait tué jadis.
Comme on s'habituait à Sir John Rowell, M. Bermutier ne lui rendit plus visite. Un an plus tard, l'Anglais fut étranglé. On ne trouva pas de coupable, mais la main d'écorché n'était plus au mur. Dans la bouche de la victime, il restait un doigt de cette main disparue. Personne n'élucida le mystère.
Les femmes, déçues du dénouement, demandent à M. Bermutier son avis sur la vérité. Celui-ci les met en garde que sa réponse ne leur conviendra pas et explique que le propriétaire de la main devait être encore en vie. Avec sa deuxième main, il aurait tué l'Anglais.
- Garçon, un bock!...
Rentré par hasard dans une brasserie parisienne, un homme rencontre un camarade d'enfance, Jean des Barrets, qui n'a pas fière allure. Des Barrets explique que, depuis ses études, il a passé la vie dans des cafés. Voilà dix ans qu'il fréquente cette brasserie. Comme son ancien camarade s'étonne, il raconte son histoire.
Lorsqu'il avait treize ans, au château familial, il surprit son père battre sa mère violemment. Il fuit dans la forêt et y passa la nuit. Le garde le ramena à la maison, où il retrouva ses parents dans leur état normal. La vie au château reprit son cours et il rentra au collège huit jours plus tard.
Mais le traumatisme qu'il a vécu est la cause de son découragement.
- Le Vieux
Le père d'une paysanne est sur le point de mourir. Son gendre estime qu'il ne passera pas la nuit. Vu les travaux aux champs qui n'attendent pas, le ménage décide d'organiser une réception pour l'inhumation. Le samedi soir, quand les convives arrivent de toute la région, le Vieux vivote encore. Les paysans, désolés, s'expliquent à leurs invités. On mange et on boit tout de même les préparations de madame Chicot. Le vieux meurt finalement au cours de la cérémonie. On l'enterrerait lundi; ce serait l'occasion d'une nouvelle collation.
- Lettre trouvée sur un noyé
Un homme explique à une dame pourquoi il n'a jamais été amoureux et ne sera jamais amoureux. Il ne trouve pas chez la femme l'harmonie parfaite dont il rêve entre l'être moral et l'être physique. Cependant, il avoue avoir été presque amoureux, l'espace d'une heure, et conte son histoire.
Il accompagnait une fille exaltée dans une barque. Celle-ci refusait toute caresse et lui demandait de réciter des vers (il récita alors une pièce de Louis Bouilhet). À l'aurore, une lumière rose se posa sur la fille lorsqu'elle lui tendit ses lèvres souriantes. Il était amoureux, à ce moment, peut-être. Seulement la fille souriait pour lui dire qu'une chenille se trouvait dans ses cheveux.
Cette histoire, sous la forme d'une lettre, a été retrouvée sur le corps d'un jeune homme noyé dans la Seine.
- Le Baptême
La famille Dentu fait baptiser un nouveau-né par un oncle. Au retour de l'Église, l'abbé tient un moment l'enfant dans ses bras. Se moquant de lui, on lui fait remarquer qu'il n'en aura jamais, lui, prêtre. Au dîner, il obtient de reprendre le petit. Lorsqu'on le couche, il quitte la tablée. On le retrouve plus tard dans la chambre de l'enfant, pleurant auprès de lui.
- Coco
Les Lucas, propriétaires de "la Métairie" ont un vieux cheval, Coco. Zidore est le garçon qui s'en occupe, seul. Il ne comprend pas pourquoi prendre soin d'une telle bête. Dans le pays, on se moque de lui et de son cheval, si bien qu'il déteste Coco. Pour le faire souffrir, il déplace le poteau où le cheval est attaché aux pâturages de telle sorte qu'il ne puisse plus brouter d'herbe. Quelques jours suffisent pour que le vieil animal meure de faim. Zidore, ravi, attend encore une journée pour annoncer la nouvelle qui ne surprend personne à la ferme. On enterre le cheval là où il est mort de faim; une herbe verdoyante pousse sur le sol, au-dessus de sa dépouille.
- Misti. Souvenirs d'un garçon
Après quelques réflexions sur les maîtresses, un homme parle d'une brunette qui fut une des siennes. Cette femme crédule était excitée à l'idée de tromper son mari et allait souvent le soir avec son amant au bistro. Un jour, dans un assommoir de Montmartre, une voyante l'aborda et obtint de lui dévoiler son avenir. Comme il était question de mort à la fin, la maîtresse voulut revoir la voyante le lendemain. Chez la vieille femme, elle vit un chat empaillé qui ressemblait à Misti, son propre chat. Elle interrogea la voyante qui lui dit que si elle aimait un homme, elle devrait se débarrasser de l'animal. La vieille femme s'expliqua. Jeune, elle avait reçu ce chat qui vivait auprès d'elle jour et nuit. Elle était tomba amoureuse d'un homme qui vint un jour lui rendre visite. Alors que l'homme approchait son amante, le chat lui sauta au visage et lui creva les deux yeux. Dans le feu de l'action, la jeune femme lança l'animal par la fenêtre. Le chat mourut sur le coup; l'homme mourut un an plus tard. La jeune femme fit empailler l'animal, qu'elle aimait malgré tout et qui avait agi par amour. La maîtresse, très touchée par le récit, se débarrassa de son propre chat pour éviter à son amant la même mésaventure.
- Un lâche
Le "beau Signoles" est un adroit tireur au pistolet, arme qu'il choisirait s'il était l'offensé dans un duel. Un soir, l'occasion se présente. Un certain Georges Lamil l'insulte tandis qu'il lui reproche de regarder la femme qu'il accompagne. Il obtient un duel au pistolet et trouve des témoins mais une terrible angoisse le prend dans les jours qui suivent l'événement. Il a soudain peur de se battre, de trembler devant l'adversaire. Rapidement, il sombre dans la folie - ou peu s'en faut - avant de se tirer une balle dans la gorge. Son valet le retrouve mort.
- Rose
Simone et Marguerite participent à la bataille de fleurs, à Cannes. Au bout d'une heure, lassées, elles s'éloignent dans leur landau et parlent d'amour. Marguerite soutient qu'il est bon de se faire aimer par n'importe quel homme, même un valet. Elle conte une aventure qui lui est survenue. Elle engagea jadis Rose, une femme de chambre qui revenait d'Angleterre et qui avait de nombreux talents, notamment celui de l'habiller sans lui effleurer désagréablement la peau. Un jour, un commissaire de police à la recherche d'un forçat évadé vint chez elle. Le criminel avait été condamné pour assassinat précédé de viol. On le démasqua: il s'agissait de Rose qui était en fait un homme déguisé.
Marguerite ne s'est jamais sentie vexée d'avoir été trompée par sa femme de chambre, mais plutôt humiliée de n'avoir pas subi ce que le forçat avait fait subir à une autre.
- Notes d'un voyageur
Impressions d'un voyageur qui va en train jusqu'à Nice. Notations sur l'exposition qui a lieu en ville. Voyage le long de la côte jusqu'à Menton, en passant par Monte-Carlo. Retour en train vers Cannes. Un Marseillais raconte l'histoire d'un voyageur corse dont le fils a perdu la tête en se penchant par la portière du train.
- Le Protecteur
Jean Marin est bouffi d'orgueil depuis que la bonne fortune l'a fait conseiller d'État. Il aide tout le monde, écrivant des lettres de recommandation à tous les fonctionnaires de l'État. Un jour, il rencontre un prêtre, l'abbé Ceinture, qui vient à Paris pour régler une affaire. M. Marin, qui trouve le prêtre brave homme, le recommande à ses collègues du Conseil d'État. Le lendemain, il peut lire dans une feuille radicale un avis incendiaire dirigé contre lui. Il aurait défendu avec ses lettres un homme très peu recommandable dont les actes sont inavouables. M. Marin court chez son collègue Petitpas et écrit à l'archevêque pour se présenter comme la victime d'un malentendu. Sa lettre terminée, il conseille à M. Petitpas de ne jamais recommander personne.
- Le Parapluie
M. Oreille travaille au ministère de la Guerre. On se moque de son parapluie et il obtient de sa femme, excessivement économe, d'en avoir un neuf. Celui-ci rentre brûlé du ministère, par quelque braise de cigare. Mme Oreille fait une scène monstrueuse à son mari et se fait conseiller par un ami de demander le remboursement par l'assurance. Elle se rend donc à la rue de Rivoli dans une compagnie d'assurance contre l'incendie et, peu à son aise, entame des négociations avec l'assureur, mentant pour expliquer le sinistre. Celui-ci finit par promettre le remboursement des réparations. Mme Oreille, ravie, trouve un marchand de parapluies et demande un tissu de soie de qualité, car elle ne regarde pas au prix.
- Idylle
Dans le train qui va de Gênes à Marseille, deux Piémontais font connaissance. Le jeune homme part à la recherche de travail tandis que la paysanne a trouvé une bonne place de nourrice à Marseille. Celle-ci explique plus tard que ses seins lourds de lait lui sont douloureux car elle n'a nourri aucun enfant récemment. Le jeune homme propose de la soulager et tète ses deux seins. Elle le remercie, mais il la remercie aussi, car voilà deux jours qu'il n'avait rien mangé.
- La Parure
Mathilde Loisel rêve d'une grande vie. Son mari travaille au ministère de l'Instruction publique et le ménage n'est pas riche. Un jour, l'opportunité se présente de participer à une réception mondaine. M. Loisel accepte de dépenser ses économies pour que sa femme achète une tenue adéquate. Celle-ci veut encore un bijou, pour ne pas sembler pauvre au milieu des dames élégantes. Son amie, Mme Forestier, lui prête une rivière de diamants. Ainsi parée, Mme Loisel obtient un vif succès, le soir venu.
En rentrant, elle perd le bijou. Son mari le cherche en vain. Pour le remplacer avant d'être accusé de vol, le couple emprunte beaucoup d'argent et achète une autre rivière de diamants. Mme Forestier ne s'aperçoit de rien. Dès lors, les Loisel s'infligent les pires privations pour rembourser les créanciers.
Mathilde est devenue une véritable femme du peuple lorsqu'elle rencontre à nouveau Mme Forestier, dix ans plus tard. Quand elle s'est fait reconnaître, elle lui explique la perte du bijou et parle des dettes qui viennent enfin d'être remboursées. Mme Forestier, très émue, avoue à son ancienne amie que la rivière de diamants était une fausse.
- Une vente
MM. Cornu et Brument, deux paysans normands, comparaissent devant la cour d'assises. Mme Brument, assise au banc des témoins, raconte son malheur, à la demande du président. Cornu et Brument sont venus saouls chez elle et lui ont demandé de remplir un baril d'eau pour cent sous. Cela fait, ils l'ont fait déshabiller presque entièrement, toujours pour cent sous, et l'ont forcée à plonger dans le baril. Mme Brument a fui dès que possible. Quand elle est revenue avec les gendarmes, elle a trouvé Cornu et son mari en pleine dispute.
M. Cornu est interrogé à son tour. Il dit que son ami et lui avaient bu. Brument, qui avait besoin d'argent, lui a proposé de lui vendre sa femme. La transaction a été fixée à mille cinq cents francs le mètre cube. Pour mesurer Mme Brument, ils l'ont fait déshabiller et tremper dans un baril qu'ils ont rempli de nouveau pour estimer la différence d'eau. Toujours saouls et n'ayant pas fini de marchander le prix, ils se sont ensuite disputés, pendant que Mme Brument fuyait.
Le jury délibère. Les deux hommes sont acquittés. Après quelques remontrances, tout le monde peut rentrer chez soi.
- Vains conseils
Un vieux répond par lettre à un jeune qui ne sait pas comment se débarrasser de sa vieille maîtresse. D'une certaine manière, celle-ci retient son amant prisonnier, car elle n'a plus l'âge de lui trouver un successeur. Le vieil homme offre des conseils sombres et vains. Son expérience ne permet pas de résoudre un problème dont les enfants devraient apprendre à se protéger dès le plus jeune âge: la débauche des vieilles femmes.
- La Mère Sauvage
Un amateur de chasse rend visite à son ami Serval à Virelogne où il n'est pas venu depuis quinze ans. Il reconnaît une chaumière qui est maintenant en ruines, et demande à son ami ce qu'il est advenu des occupants.
Le père est mort, tué par un gendarme.
Le fils est parti à la guerre. Sa mère, Victoire Simon, la Mère Sauvage, a accueilli pendant l'occupation prussienne des soldats allemands aimables et intentionnés. Un jour, elle apprend que son fils est mort et prépare une vengeance. Elle enferme les quatre soldats dans son propre logis et y met le feu. Lorsqu'un officier prussien l'interroge, elle explique son crime et demande que les mères des victimes soient averties par courrier. On la fusille sur le champ.
- Le Gueux
Nicolas Toussaint est un mendiant surnommé "Cloche". Il a perdu ses jambes et se dandine entre deux béquilles. Dormant n'importe où, il mange ce qu'il peut. Un jour que la faim le tiraille, il tue une poule de maître Chiquet qui le bat et l'enferme. Le lendemain, des gendarmes l'emmènent. Le surlendemain, on le retrouve mort - d'inanition - dans sa cellule. C'est une surprise.
- Rencontre
Le baron Raymond d'Étraille se sépare de sa femme Berthe lorsqu'il la surprend en compagnie d'un marquis, à la fête de la princesse de Raynes. Il lui demande de garder les apparences pour éviter tout scandale, et la quitte.
Pendant un an, il chasse, voyage et vieillit. Son médecin l'envoie à Nice pour l'hiver. Dans le train, il rencontre sa femme, bien changée, embellie. Il désire la reprendre, mais celle-ci a pris du caractère et le repousse cruellement. Elle explique qu'elle a organisé cette rencontre dans le train. Pour garder les apparences, comme son mari le lui avait ordonné, elle voulait que, à Marseille, deux amies voient l'ancien couple ensemble et déduise que malgré leur séparation, le baron et la baronne étaient encore bons amis.
Arrivée en gare, la baronne quitte son mari et disparaît avec la princesse de Raynes et la comtesse Henriot. M. d'Étraille n'a jamais revu sa femme.
- Le Bonheur
On parle d'amour dans un petit salon, au bord de l'eau. Peut-on aimer plusieurs années de suite? L'amour est-il temporaire et forcément inconstant?
La Corse apparaît à l'horizon, sur la mer. Depuis la France continentale, on l'aperçoit quelques jours par année. Cette vision rappelle une histoire d'amour à un vieil homme.
Il voyageait jadis en Corse. Un soir de marche, il s'arrêta chez une vieille paysanne et son mari sourd, dans un endroit reculé. La vieille femme, apprenant que son hôte était de Nancy, devint très émue. Elle habitait Nancy, cinquante ans plus tôt et était la fille du colonel de Sirmont, une certaine Suzanne. Le voyageur se souvint alors de l'histoire scandaleuse de cette femme enlevée par un soldat de son père. Il lui demanda si elle avait été heureuse, au moins, ce à quoi Suzanne répondit qu'elle n'avait jamais regretté. Le voyageur comprit la passion forte et constante de cette femme pour son mari.
- Adieu
Dans le café d'un boulevard, deux hommes discutent du vieillissement. Pierre Carnier raconte à son ami Henri Simon comment il a découvert un jour qu'il avait vieilli.
Il avait rencontré Julie Lefèvre, une femme charmante, sur la plage d'Étretat. Son amour dépassa les trois mois qu'ils vécurent ensemble.
Quand il la revit, douze ans plus tard, dans un train, il ne put la reconnaître. Elle était ronde et avait quatre filles. Elle aussi, mit du temps à reconnaître son ancien amant: ses cheveux étaient blanc.
Pierre Carnier, le soir, se regarda longtemps dans la glace. Il se souvint de son jeune visage et constata qu'il était vieux, à présent.
- Souvenirs
Delphine écrit à Sophie qu'elle ne viendra pas à Paris. Étant vieille, elle ne souhaite plus quitter sa maison. Son dernier plaisir est dans les souvenirs que lui procurent les pièces et les meubles de celle-ci. Elle rêve du passé comme elle rêvait jadis du futur. À Paris, on n'a pas le temps de rêver et de se souvenir.
- Solitude
Après un dîner d'hommes, deux amis remontent les Champs-Élysées. L'un prétend que tous les êtres humains vivent dans une parfaite solitude. Personne ne comprend personne, car on n'a jamais accès aux pensées des autres. L'amour n'est pas plus une union des âmes. Après chaque baiser, chaque étreinte, la solitude nous apparaît encore plus distinctement. L'autre ne sait pas quoi penser de la déclaration de son ami.
- L'Héritage
Au ministère de la Marine, les employés font du zèle, car, en cette fin d'année, ils espèrent obtenir un avancement. Parmi eux, Cachelin médite un plan pour marier sa fille au prometteur Lesable, futur chef sans aucun doute. Il demande l'aide de son jeune collègue pour obtenir un avancement, et, chose faite, l'invite chez lui pour le remercier.
Cachelin se donne la peine d'accueillir Lesable dans le faste. L'hôte est séduit par la jeune Coralie. Il apprécie la terrasse du père Cachelin, dominant Paris, et discute plaisamment avec la tante Charlotte, très fortunée, qui a promis l'héritage à sa nièce. Bientôt, au ministère, il n'est plus question que du mariage de Lesable avec la fille de Cachelin.
Le mariage a lieu et deux années s'écoulent avant que l'insupportable tante meurt d'une attaque. À la découverte du testament, tout le monde est dépité: Lesable et sa femme ne toucheront pas l'argent avant d'avoir un enfant, et s'ils n'en ont pas, la somme sera reversée à des oeuvres de charité.
Malgré tous ses efforts, Lesable ne parvient pas à féconder son épouse. Il devient la risée du ministère et manque de se battre en duel contre Maze. Sa femme se moque de lui, si bien qu'il la frappe.
Bientôt, les moqueries de Cora et de Cachelin détruisent le moral de Lesable, qu'un médecin alerte sur son état de santé. Dès lors, Lesable ne se préoccupe plus que de sa propre existence.
Le beau Maze, avec qui il s'entend de mieux en mieux, est le nouvel hôte de Cachelin, qui espère qu'un amant pour sa fille sera capable de lui donner un petit-fils. Ses voeux se réalisent: Cora tombe enceinte. Réconciliée avec son mari, elle va s'assurer auprès du notaire que l'héritage sera délivré à la naissance de l'enfant.
Tandis que le ventre de Cora grossit, on ne reçoit plus Maze avec le même empressement chez les Cachelin-Lesable. Bientôt, Cora demande à son ancien amant de ne plus revenir.
L'héritage en poche, le couple et le grand-père s'installent à la campagne. Lesable devient sous-chef; Cachelin prend sa retraite. Le baptème a lieu l'été suivant. Pendant la réception fastueuses, Cachelin continue de se moquer du père Savon.
- La Patronne
Le jeune breton Georges Kervelen est le pensionnaire de Mme Kergaran, à Paris. Un jour, il se laisse surprendre par la patronne sévère en compagnie d'une fille, dans sa chambre. L'amourette perdue, c'est avec Mme Kergaran qu'il terminera la nuit.
- Le Petit Fût
Maître Chicot, aubergiste normand, désire racheter la maison de Mme Magloire. Comme la vieille femme se montre intraitable, il propose de lui verser une rente et de signer un document dans lequel elle lui cède sa demeure après sa mort.
Mme Magloire tarde à mourir, et l'aubergiste s'impatiente. Il offre à la vieille femme un petit fût d'alcool et l'encourage à boire, si bien qu'elle finit par tomber saoule dans la neige et mourir de froid.
- Châli
L'amiral de la Vallée raconte une histoire d'amour surprenante.
Reçu fastueusement par un rajah indien, il profite de nombreux cadeaux, dont un harem de très jeunes femmes. Décidé à épargner celle-ci, il leur propose toutes sortes de jeux et se rapproche de Châli, la plus âgée (peut-être huit ans). Il finit par en faire sa femme et passe de précieux moments. À l'heure du départ, il lui offre un objet longtemps convoité.
Plus tard, quand l'amiral retourne en Inde, il apprend que la petite a jadis été accusée de vol à son égard. Punie par le rajah, voilà des années qu'elle est morte.
- L'Ivrogne
Un soir de tempête, Mathurin offre de l'eau-de-vie à Jérémie. Comme toujours, les deux marins d'Yport sortent tard de l'établissement. Bien que saoul, Jérémie devine en rentrant que sa femme a accueilli un amant, dont Mathurin était le complice. Il la frappe à mort avec une chaise, et s'endort sur le sol.
- Malades et médecins
Le vieux M. D... se rend en Auvergne, dans une station thermale, parce que l'air y est réputé sain. D'après lui, le secret d'une longue vie tient à l'hygiène. Régulièrement, il demande au médecin des nouvelles des fameux octogénaires de l'endroit. À chaque fois qu'un vieillard décède, M. D... imagine une explication rationnelle qui le rassure. Mais, un jour, l'un d'eux meurt sans raison bien précise...
- La Chevelure
Le journal d'un fou présente la maladie de son auteur. Celui-ci est tombé passionnément amoureux d'une chevelure de morte, trouvée dans un vieux meuble. L'homme, interné dans un hôpital, est désormais privé de la chevelure et souffre. Le narrateur, quand on lui présente l'objet, éprouve de l'empathie pour ce patient.
- L'Horrible
Un général raconte deux aventures qui ne sont pas seulement terribles, mais proprement horribles.
Pendant la guerre de 1870, son bataillon épuisé, en retraite vers le Havre, croit déceler un espion dans les rangs. Il le fusille sans autre forme de procès et le fouille. À la surprise de tous, il s'agit d'une femme, sans doute à la recherche de son fils dont elle n'a pas obtenu de nouvelles.
Le lieutenant Flatters, en mission dans le Sahara, envoie des hommes et des chameaux à la source pour puiser de l'eau. Trahis par leurs guides, les hommes sont massacrés et les chameaux volés. Sans nourriture ni montures, le reste de la colonne craint de devoir recourir au cannibalisme. Chaque homme marche à une grande distance de son voisin. Cependant, un soldat affamé finit par en fusiller un autre. La troupe se partage son corps. L'opération est répétée jusqu'à la rencontre des secours.
- Souvenir
Un homme raconte un souvenir vieux de douze ans, son premier adultère.
Ayant quitté Paris pour un dimanche à la campagne, il rencontra un couple perdu de bourgeois parisiens. La femme injuriait le mari, qui avait pris la mauvaise direction, laissé échapper leur chien et égaré son portefeuille. Comme les trois promeneurs allaient à Versailles, Madame décida de prendre de l'avance au bras de l'homme et d'attendre Monsieur à l'hôtel. L'homme s'égarant à son tour, ils mangèrent à Bougival et oublièrent le mari pour une nuit.
- Promenade
M. Leras a travaillé toute sa vie dans le même bureau. Il n'est pas marié. Un soir, ébloui par un rayon de soleil, il décide de faire une promenade. Il mange près de l'Arc de triomphe et se fait aborder par des prostituées au bois de Boulogne. Tout l'amour vénal des prostituées et l'amour gratuit des couples des boulevards le plongent dans une rêverie sur sa morne vie d'employé solitaire.
Le lendemain matin, on le retrouve pendu au bout de ses bretelles et on émet l'hypothèse d'un accès de folie.
- Les Soeurs Rondoli
Pierre Jouvenet décide de visiter l'Italie. Il persuade son ami Paul, un homme qui apprécie avant tout les femmes, de l'accompagner.
Une inconnue s'installe dans le wagon des deux hommes. À la demande de Paul, Pierre tâche d'entrer en contact avec elle. La fille, qui s'appelle Francesca et ne parle que l'italien, se montre irritée et indifférente à toutes les questions qu'on lui pose et à toutes les propositions qu'on lui fait. Cependant, à Gênes, elle demande de suivre les deux hommes dans leur hôtel et, sans changer de comportement, s'installe dans la chambre de Pierre.
Pendant trois semaines, ce petit ménage visite Gêne, ses palais, ses galeries, ses environs. Francesca demeure nonchalante; Paul ne cesse de se plaindre et de menacer de rentrer à Paris. Un soir, la jeune femme annonce à son amant qu'elle compte rendre visite à ses parents. Elle laisse l'adresse, mais ne revient pas, si bien que Pierre, raillé par Paul, se décide à continuer le voyage.
Un an plus tard, Pierre est de retour à Gêne. Il éprouve le besoin irrésistible de retrouver Francesca et se rend chez ses parents. Madame Rondoli, qui l'acueille, explique que sa fille l'a attendu un mois, espérant qu'il fût assez amoureux pour la retrouver. Désormais, elle est mariée à un peintre Parisien; elle envoie d'excellentes nouvelles et des bracelets. Pierre souhaiterait partir, mais madame Rondoli lui impose la compagnie de sa deuxième fille, Carlotta, qui devient le soir même la maîtresse du jeune homme.
Pierre quitte Carlotta à la fin de son congé. Il laisse quatre bracelets à madame Rondoli, dont il espère un jour connaître les deux autres filles.
- Les Idées du colonel
Le colonel Laporte, qui se prend pour un galant de la vieille école, explique sa dévotion envers les femmes, envers les jolies femmes. Il se souvient d'une anecdote de la guerre contre la Prusse.
Son détachement d'éclaireurs battait en retraite, épuisé, affamé, frigorifié par la neige. Ses hommes, découragés, avançaient lentement. La troupe tomba sur un vieil homme du pays et sur sa jeune fille. Le premier montra la route; la seconde se laissa porter par les soldats, à qui cette rencontre donnait du coeur au ventre. Après avoir surpris et tué quelques Prussiens, les éclaireurs rejoignirent les lignes françaises.
Persuadé d'avoir commis une action patriotique importante, le colonnel fait le voeu qu'une femme - une jolie femme - accompagne à l'avenir chaque bataillon français.
- Le Crime au père Boniface
Le facteur Boniface apprécie les faits divers. Une journée d'été, pendant sa tournée dans la campagne normande, il prend le temps de lire l'histoire d'une famille retrouvée assassinée chez elle. Or, en arrivant devant la maison du percepteur, il constate que les volets sont encore fermés. S'approchant, il distingue d'inquiétants gémissements, suivis de cris. Il s'empresse de prévenir le brigadier, qui le suit avec une escorte sur les lieux du crime. À son tour, le brigadier prête l'oreille. Il ne peut contenir longtemps son rire: les cris qui proviennent de l'intérieur ne sont pas ceux d'un couple qu'on égorge! Il se souviendra longtems du crime au père Boniface.
- Le Lit 29
Le capitaine Épivent ne respecte que les officiers, et plus particulièrement les officiers qui, comme lui, sont bâtis pour faire la guerre et pour faire l'amour. Sa réputation de conquérant est établie dans toute l'armée française.
À Rouen, en 1868, il devient l'amant de la belle Irma, attisant la jalousie de tout le régiment, et ne la quitte que pour partir à la guerre. Les événements passés, quand il revient à Rouen, il cherche vainement son ancienne maîtresse. Celle-ci est à l'hôpital, et réclame bientôt la visite du capitaine. Syphilitique, elle est méconnaissable. Fière, cependant, elle raconte comment les Prussiens lui ont donné la maladie et comment elle l'a répandue dans leurs rangs, en guise de vengeance.
Dégoûté par l'apparence de la malade et raillé par ses camarades, le capitaine ne retourne à l'hôpital que peu avant la mort d'Irma. Il se dispute avec elle, à cause de sa réputation. La jeune femme lui crie qu'elle a tué plus de Prussiens que lui. C'est elle qui mérite la croix d'honneur.
- Le Tic
Le narrateur séjourne dans une station thermale d'Auvergne, dont il décrit l'ambiance et les habitudes des clients.
Un soir, il fait la connaissance d'un homme faible, pourvu d'un tic à la main, et de sa fille Juliette, qui est malade. Tandis qu'ils se promènent, l'homme raconte leur aventure.
Croyant sa fille morte, il l'enterra avec tous ses bijoux. Or, le soir même, elle revint jusqu'à la maison. Devenant fou, le vieil homme tenta de chasser cette apparition par un geste de la main. C'est l'origine de son tic. Enfin rassuré, il prit des mesures pour la secourir et appela son valet qui, découvrant la fille, mourut brutalement. En vérité, ce serviteur avait déterré Juliette pour lui voler ses bijoux. Lui coupant un doigt, il l'avait réveillée sans s'en apercevoir.
Les trois personnages retournent vers l'hôtel.
- L'Aveu
Après la traite, la jeune Céleste Malivoire peine à porter ses seaux. Elle dit à sa mère qu'elle se croit enceinte. La paysanne rue de coups sa fille avant de demander des explications.
Céleste prenait tous les mercredis et tous les samedis la voiture de poste d'Yvetot. Le cocher Polyte, pour lui éviter de payer, lui proposait immanquablement d'accepter une "rigolade" avec lui. Calculant les économies que ce sacrifice pouvait lui faire, la jeune femme finit par s'y résoudre. Trois mois plus tard, elle était grosse.
Frappant encore sa fille, madame Malivoire lui donne ce conseil: tant que Polyte ne remarque pas la grossesse, il ne faut rien lui avouer et profiter encore un peu des trajets gratuits.
- La Peur
Le narrateur rencontre dans le train qui quitte Paris un vieil homme qui, à l'apparition inattendue d'un petit feu dans la forêt, explique son regret du positivisme d'aujourd'hui, du manque de mystère du monde moderne.
Le narrateur pense soudain à Tourgueniev. L'excellent conteur russe se baignait dans une rivière de forêt quand une créature entreprit de le poursuivre. Ne pouvant décider s'il s'agissait d'une femme, d'une guenon ou d'un monstre, il prit la fuite, effrayé. C'est un jeune berger qui écarta la créature et expliqua qu'elle n'était rien d'autre qu'une femme vivant depuis plus de trente ans dans la forêt.
Le narrateur rapporte cette histoire à son compagnon de voyage, qui évoque à son tour un instant de peur effroyable. Tandis qu'il se promenait seul, la nuit, en Bretagne, l'homme entendit venir une roue, sans bruits de pas ni fers à cheval. Il éprouva alors une peur formidable, celle de l'inexplicable, celle du surnaturel.
Enfin, l'homme rapproche ces réflexions de l'épidémie de choléra, mal invisible et personnifié qui gagne la France et provoque des réactions passionnées.
- Le Retour
Madame Martin-Lévesque a eu des enfants de ses deux maris. Son premier mari, Martin, a disparu dans un naufrage. Elle vit sur la côte normande avec son deuxième mari, Lévesque, qui est pêcheur.
Tandis que Lévesque travaille en mer, un inconnu rôde autour de la maison. Madame Martin-Lévesque est inquiète, car cet étranger s'obstine à revenir. Le lendemain, elle demande à son mari de lui parler. Les deux hommes entrent dans la maison, pour discuter avec toute la famille. L'inconnu se présente enfin. Il est le premier mari naufragé; après un long exil chez des sauvages africains, il est de retour au pays.
Lévesque et Martin se rendent chez le curé pour décider comment se répartir les biens et les enfants qu'ils ont en commun. En chemin, ils prennent la goutte au café du Commerce où l'aubergiste s'exclame: "Tiens! te v'là donc, Martin?"
- La Tombe
Une nuit, Vincent, le gardien du cimetière de Béziers, met la main sur un homme déterrant le cadavre d'une jeune femme ensevelie la veille. Au moment de son jugement, l'accusé Courbataille, qui est avocat, s'explique lui-même.
Tombé amoureux au point de confondre sa vie avec celle de la jeune femme, Courbataille n'a pas supporté la mort brutale de sa maîtresse. Éprouvant le besoin de la voir encore une fois, il a déterré son cercueil et subi durement les premiers effets de la putréfaction du cadavre, ce qui n'a pas suffi à l'éloigner.
Le président déclare Courbataille innocent. Le public applaudit.
- La Confession
Le capitaine Hector-Marie de Fontenne est grave, droit et sobre. Cependant, il se laisse aller à boire avec ses camarades de régiment au terme d'une période pénible de manoeuvres militaires. Le matin, il est surpris de se réveiller auprès d'une actrice qu'il quitte immédiatement, un poids sur la conscience.
Laurine née d'Estelle, la femme du capitaine, est rieuse et charmante. Elle aime passer sa journée à l'extérieur, pratique toutes sortes d'entreprises charitables avec tous les abbés de la paroisse, apprécie le théâtre et la vie mondaine. Quand son mari fait l'effort de confesser son crime, elle ne peut s'empêcher de rire, de rire longtemps.
- L'Abandonné
La vieille Mme de Cadour, à Fécamp durant l'été, part avec d'Apreval, son fidèle amant, en direction d'Étretat, pour rencontrer avant de mourir le fils qu'ils ont eu ensemble jadis. Mme de Cadour se souvient des longues journées à regretter l'abandon de cet enfant illégitime.
L'abandonné s'appelle désormais Pierre Bénédict et tient une belle ferme à l'extérieur du village. Pendant son absence, c'est Madame Bénédict qui reçoit les vieux amants. Prudente, elle hésite à leur servir du lait. Quand Pierre rentre, il traverse la pièce en maugréant et ne semble pas apercevoir les deux visiteurs. Mme de Cadour, bouleversée, demande de partir et, sur le chemin, dit à d'Apreval: "Voilà ce que vous en avez fait?..." Celui-ci répond que leur fils a, pour dire vrai, une situation tout à fait convenable. "J'ai fait ce que j'ai pu."
- Yvette
Jean de Servigny conduit son ami Léon Saval chez la marquise Obardi, une femme mystérieuse qui, installée dans le quartier de l'Étoile, tient salon et multiplie les conquêtes masculines. Yvette, la fille de la marquise, déconcerte Servigny, qui conserve l'espoir d'être son premier amant. La soirée chez la marquise, a milieu des nobles et des faux nobles, se termine par le projet d'un séjour ensemble à la campagne.
Le moment venu, les deux hommes et les deux femmes passent de belles heures dans une maison de Croissy. Saval a vite fait de s'attacher la marquise, mais Servigny essuie deux échecs successifs avec Yvette, et en tombe d'autant plus amoureux. La jeune fille s'enfuit une première fois quand il lui déclare son amour, un soir étoilé, parmi les rossignols. Au terme d'une visite à la Grenouillère, elle s'enfuit de nouveau quand elle comprend ce qu'il attend réellement d'elle. Tandis que les jeunes hommes retournent à Paris, Yvette confesse à sa mère les avances qu'on lui a faites.
Cependant, elle ne sait pas exactement en quoi consiste l'amour. À la prochaine visite des deux hommes, un soir d'orage, elle surprend sa mère dans les bras de Saval et tombe dans une profonde tristesse. Se fâchant contre la marquise, dont elle ne soupçonnait pas jusqu'alors les procédés honteux, elle prend la résolution de la corriger ou de partir définitivement.
Partir définitivement, c'est-à-dire mourir. Quand elle comprend que sa mère n'abandonnera pas sa vie de femme entretenue, à laquelle elle est aussi destinée, elle court la région à la recherche de chloroforme et décide de réaliser son projet au moment de la visite de plusieurs amis des soirées parisiennes de madame Obardi, dont Saval et Servigny. Pendant la journée, elle se comporte joyeusement et tyranniquement avec les hommes, les faisant marcher au pas. À la fête de Marly, Servigny se jette même dans la Seine pour elle. Mais le soir, seule dans sa chambre, elle commence à s'asphyxier. Le chloroforme lui procure des rêves agréables, si bien qu'elle ne mène pas son projet de suicide à terme, mais se contente de jouer la morte. Servigny la ranime et cache la lettre d'adieu à sa mère. Dans un moment d'intimité, elle lui demande s'il l'aimera bien et l'embrasse. Servigny rend Yvette aux invités et à sa mère affolée, tandis qu'il se souvient que "souvent femme varie."
- Un fou?
Le narrateur apprend avec effroi la mort de Jacques Parent dans une maison de santé.
Jacques Parent avait un tic: il cachait toujours ses mains. Un soir d'orage, le narrateur apprit pourquoi. Son ami lui demanda de ne pas le quitter, l'air étant trop électrique. Il lui découvrit alors l'angoissant pouvoir dont il était victime. Usant d'une incompréhensible influence magnétique, il pouvait commander aux hommes, aux animaux, et même aux objets, grâce à ses mains. Ayant assisté aux preuves d'un tel pouvoir, le narrateur resta horrifié, avec son ami, devant la pluie qui tombait. Ils se quittèrent, l'orage étant passé.
- Découverte
Dans le bateau qui relie le Havre à Trouville, le narrateur retrouve un vieil ami, Henri Sidoine. Celui-ci dénigre les Anglais caricaturaux qui sont à bord; il avoue ensuite qu'il s'est marié à une femme de leur nation, pour son plus grand malheur.
Cette blonde aux yeux bleus, qui ne parlait pas un mot de Français, lui plaisait tant qu'ils ne se comprenaient pas. Mais quand la femme apprit le français, le mari lui entendit prononcer tant de lieux communs et de théories bornées, qu'il crut avoir épousé un perroquet.
Aujourd'hui, il va se distraire à Trouville.
- Le Bûcher
Maupassant rapporte une anecdote dont il a été le témoin à Étretat: la crémation d'un prince indien mort brutalement. Faite dans la plus grande discrétion et en accord avec les autorités, cette cérémonie asiatique n'a attiré la curiosité des autres résidants que le lendemain. Le soir du bûcher, outre une apparition de Bouddha, c'est une grande solennité et une grande pureté qui ont marqué Maupassant, préférant une telle incinération aux inhumations occidentales traditionnelles, qui laissent au corps le temps de pourrir misérablement.
- La Dot
Me Simon Lebrument épouse la riche Mlle Jeanne Cordier, mettant Boutigny-le-Rebours sens dessus dessous. Après quelques journées très amicales, les jeunes mariés partent en voyage à Paris, où Simon compte payer sa future étude de notaire au moyen de la dot de Jeanne. Ils s'en vont très amoureux, avec un gros portefeuille sous le bras.
À Paris, Simon place sa femme dans un omnibus et monte sur l'impériale, pour fumer. Quand elle se retrouve seule au terminus de la ligne, Jeanne ne comprend pas tout de suite le double piège dans lequel elle est tombée.
- Mohammed-Fripouille
Sur le soleil d'Alger, la capitaine Marret, un Africain de l'armée, vieux et décoré, raconte une histoire de femmes arabes, qui remonte à sa jeunesse.
Dans le sud de l'Algérie, cet homme accompagna Mohammed-Fripouille, parti venger l'assassinat d'un voyageur anglais par une tribu locale. Les sept hommes ne tuèrent pas tous les membres de la tribu, mais firent des prisonniers qu'ils attachèrent par le cou pour les soumettre mieux et les faire mieux souffrir. Plus tard, mordant à l'appât, les femmes se précipitèrent sur les soldats pour sauveur les prisonniers. N'hésitant pas à sabrer des femmes, Mohammed-Fripouille se chargea de les repousser. C'était ce qu'il appelait "son dessert".
- Le Legs
Monsieur Serbois s'étonne que Vaudrec, l'ami de sa femme et de lui, ne leur ait rien laissé en mourant. Le couple se rend chez le notaire, qui lui lit le testament. Madame Serbois hérite de toute la fortune, ce qui stupéfie son mari. Celui-ci demande à réfléchir. De retour au logis, il demande à sa femme si elle a été l'amante de Vaudrec. Madame Serbois s'en défend, expliquant qu'il a toujours été convenu que leur ancien ami lui fasse des cadeaux plutôt qu'à Monsieur, parce que c'est aux femmes que la galanterie réserve de telles attentions. Monsieur Serbois a surtout peur du qu'en dira-t-on, et retourne chez le notaire pour lui signaler que sa femme lui fait don de la moitié de l'héritage.
Quand il est sorti, Madame Serbois s'effondre en larmes.
- Le Garde
Monsieur Boniface, ayant averti l'assemblée de la gravité de son histoire de chasse, commence le récit.
Il possédait une masure dans les environs de Jumièges, et un domaine de chasse. Cavalier, un gendarme retraité, gardait l'endroit; il se faisait aider de son neveu Marius. Chaque année, quand Boniface arrivait, la vieille Céleste, toujours sur le point de mourir, lui faisait la cuisine.
Cette année-là, Cavalier raconta comment Marius volait du gibier à son propre maître. Il le fessa devant Boniface, mais le jeune neveu revint la nuit pour mettre le feu à la masure. Boniface sauva son chien et son gardien, mais Céleste mourut dans les flammes. Apercevant soudain Marius qui s'enfuyait, Cavalier prit un fusil de chasse et, dans un même mouvement incontrôlable, le tua. Il était devenu fou quand les gendarmes arrivèrent et quitta définitivement le pays après avoir été acquitté au tribunal.