Guy de Maupassant : Mont-Oriol. Préoriginale de ce chapitre publiée dans Gil Blas des 3 et 4 janvier 1887.
Chapitre IV Première PartieChapitre V Chapitre VI

V

Pendant huit jours, Christiane ne s’occupa que de la préparation de cette fête. Le curé, en effet, parmi ses paroissiennes, n’avait trouvé que les petites Oriol qui fussent dignes de quêter avec la fille du marquis de Ravenel ; et heureux de pouvoir se mettre en avant il avait fait toutes les démarches, tout organisé, tout réglé, et invité lui-même les jeunes filles comme si l’idée première venait de lui.
La commune était agitée ; et les mornes baigneurs, tenant un nouveau sujet de conversation, emplissaient les tables d’hôte d’aperçus variés sur les recettes possibles des deux séances, religieuse et profane.
La journée commença bien. Il faisait un admirable temps d’été, chaud et clair, brillant dans la plaine et délicieux sous les arbres du village.
La messe était à neuf heures, une messe rapide en musique. Christiane, arrivée avant l’office pour jeter un coup d’œil sur l’ornementation de l’église faite avec des guirlandes de fleurs venues de Royat et de Clermont-Ferrand, entendit marcher derrière elle ; le curé, l’abbé Litre, la suivait accompagné des petites Oriol, et il fit les présentations. Christiane aussitôt invita les jeunes filles à déjeuner. Elles acceptèrent en rougissant et en saluant avec des révérences.



Les fidèles commençaient à arriver.
Elles s’assirent toutes les trois sur trois chaises d’honneur, qu’on leur avait préparées au bord du chœur, en face de trois autres occupées par de jeunes garçons endimanchés, fils du maire, de l’adjoint et d’un conseiller municipal, choisis pour accompagner les quêteuses et pour flatter l’autorité locale.
Tout se passa fort bien d’ailleurs.
L’office fut court. La quête donna cent dix francs qui, joints aux cinq cents d’Andermatt, aux cinquante francs du marquis et aux cent francs de Paul Brétigny, faisaient un total de sept cent soixante, ce qui n’était jamais arrivé dans la commune d’Enval.
Puis, après la cérémonie on emmena à l’hôtel les petites Oriol. Elles paraissaient un peu intimidées, sans gaucherie cependant, et ne parlaient guère, plutôt par modestie que par crainte. Elles déjeunèrent à table d’hôte, et elles plurent aux hommes, à tous les hommes.
L’aînée, plus grave, la cadette, plus vive, l’aînée plus comme il faut, au sens vulgaire du mot, la cadette plus gracieuse, elles se ressemblaient pourtant aussi complètement que peuvent se ressembler deux sœurs.
Dès que le repas fut fini, on se rendit au Casino pour le tirage de la tombola qui avait lieu à deux heures.
Le parc, déjà envahi par les baigneurs et les paysans mêlés, présentait l’aspect d’une fête foraine.
Sous leur kiosque chinois, les musiciens exécutaient une symphonie champêtre, œuvre de Saint-Landri lui-même. Paul, qui accompagnait Christiane, s’arrêta :
« Tiens, dit-il, c’est joli cela. Il a du talent, ce garçon. Avec un orchestre, ça ferait un grand effet. »
Puis il demanda :
« Aimez-vous la musique, madame ?
— Beaucoup.
— Moi, elle me ravage. Quand j’écoute une œuvre que j’aime, il me semble d’abord que les premiers sons détachent ma peau de ma chair, la fondent, la dissolvent, la font disparaître et me laissent, comme un écorché vif, sous toutes les attaques des instruments. Et c’est en effet sur mes nerfs que joue l’orchestre, sur mes nerfs à nu, frémissants, qui tressaillent à chaque note. Je l’entends, la musique, non pas seulement avec mes oreilles, mais avec toute la sensibilité de mon corps, vibrant des pieds à la tête. Rien ne me procure un pareil plaisir, ou plutôt un pareil bonheur. »
Elle souriait et dit :
« Vous sentez vivement.
— Parbleu ! À quoi servirait de vivre si on ne sentait pas vivement ? Je n’envie pas les gens qui ont sur le cœur une carapace de tortue ou un cuir d’hippopotame. Ceux-là seuls sont heureux qui souffrent par leurs sensations, qui les reçoivent comme des chocs et les savourent comme des friandises. Car il faut raisonner toutes nos émotions, heureuses ou tristes, s’en rassasier, s’en griser jusqu’au bonheur le plus aigu ou jusqu’à la détresse la plus douloureuse. »
Elle leva les yeux sur lui, un peu surprise comme elle l’était depuis huit jours par toutes les choses qu’il disait.
Depuis huit jours en effet, ce nouvel ami, car il était devenu son ami tout de suite, malgré la répugnance des premières heures, secouait à tout instant la tranquillité de son âme, et l’agitait comme on agite un bassin en y jetant des pierres. Et il jetait des pierres, de grosses pierres, dans cette pensée encore ensommeillée.
Le père de Christiane, comme tous les pères, l’avait toujours traitée en petite fille à qui on ne doit pas dire grand-chose ; son frère la faisait rire et non point réfléchir ; son mari ne s’imaginait pas qu’on dût parler de quoi que ce fût avec sa femme en dehors des intérêts de la vie commune ; et elle avait vécu jusqu’ici dans une torpeur d’esprit satisfaite et douce.
Ce nouveau venu ouvrait son intelligence à coups d’idées qui ressemblaient à des coups de hache. C’était d’ailleurs un de ces hommes qui plaisent aux femmes, à toutes les femmes, par sa nature même, par l’acuité vibrante de ses émotions. Il savait leur parler, tout leur dire, et il leur faisait tout comprendre. Incapable d’un effort continu, mais intelligent à l’extrême, aimant toujours ou détestant avec passion, parlant de tout avec une fougue naïve d’homme frénétiquement convaincu, aussi changeant qu’il était enthousiaste, il avait à l’excès le vrai tempérament des femmes, leur crédulité, leur charme, leur mobilité, leur nervosité, avec l’intelligence supérieure, active, ouverte et pénétrante d’un homme.
Gontran les rejoignit brusquement :
« Retournez-vous, dit-il, et regardez le ménage Honorat. »
Ils se retournèrent et aperçurent le docteur Honorat flanqué d’une grosse et vieille dame en robe bleue, dont la tête semblait un jardin de pépiniériste, toutes les variétés de plantes et de fleurs se trouvant réunies sur son chapeau.



Christiane, stupéfaite, demanda :
« C’est sa femme ? mais elle a quinze ans de plus que lui !
— Oui, soixante-cinq ans : une ancienne sage-femme aimée entre deux accouchements. C’est du reste, paraît-il, un de ces ménages où on se cogne du matin au soir. »
Ils revenaient vers le Casino, attirés par les clameurs du public. Sur une grande table, devant l’établissement, étaient étalés les lots de la tombola dont Petrus Martel, assisté de Mlle Odelin, de l’Odéon, une toute petite brunette, tirait et annonçait les numéros, avec des boniments de charlatan qui amusaient beaucoup la foule. Le marquis, accompagné des petites Oriol et d’Andermatt, reparut et demanda :
« Restons-nous ici ? C’est bien bruyant. »



Alors on se décida à faire une promenade sur la route à mi-côte qui va d’Enval à La Roche-Pradière.
Pour l’atteindre, ils montèrent d’abord, l’un derrière l’autre, un sentier étroit à travers les vignes. Christiane marchait en tête, d’un pas souple et rapide. Depuis son arrivée en ce pays, elle se sentait exister d’une façon nouvelle, avec une activité de plaisir et de vie qu’elle ne connaissait point autrefois. Peut-être les bains, la faisant mieux portante, la débarrassant des légers troubles des organes qui gênent et attristent sans cause sensible, la disposaient-ils à mieux percevoir, à mieux goûter toutes choses. Peut-être se sentait-elle simplement animée, fouettée par la présence et l’ardeur d’esprit de ce garçon inconnu qui lui apprenait à comprendre.
Elle respirait par grands souffles prolongés en songeant à tout ce qu’il avait dit sur les parfums errant dans le vent. « C’est vrai, pensait-elle, qu’il m’a enseigné à sentir l’air. » Et elle retrouvait toutes les odeurs, celle de la vigne surtout, si légère, si fine, si fuyante.
Elle atteignit la route, et des groupes se formèrent. Andermatt et Louise Oriol, l’aînée, partirent en avant en causant du rendement des terres en Auvergne. Elle savait, cette Auvergnate, vraie fille de son père, douée de l’instinct héréditaire, tous les détails précis et pratiques de la culture ; et elle les disait de sa voix sage, d’un ton gentil, avec l’accent discret qu’on lui avait enseigné au couvent.
Tout en l’écoutant il la regardait de côté et trouvait charmante cette fillette grave, déjà si pratiquement instruite. Il répétait parfois, un peu surpris :
« Comment ! la terre vaut jusqu’à trente mille francs l’hectare dans la Limagne ?
— Oui, monsieur, quand elle est plantée de beaux pommiers qui donnent des pommes de dessert. C’est notre contrée qui fournit presque tous les fruits qu’on mange à Paris. »
Alors il se retourna pour considérer la Limagne avec estime, car de la route qu’ils suivaient on apercevait, à perte de vue, la vaste plaine toujours couverte d’une petite brume de vapeur bleue.
Christiane et Paul aussi s’étaient arrêtés en face de l’immense pays voilé, si doux à l’œil qu’ils seraient demeurés indéfiniment à le contempler ainsi.
La route maintenant était abritée par des noyers énormes dont l’ombre opaque faisait passer une fraîcheur sur la peau. Elle ne montait plus, et serpentait à mi-hauteur sur le versant de la côte tapissée de vignes d’abord, puis d’herbe rase et verte jusqu’à la crête, peu élevée en cet endroit.
Paul murmura :
« Est-ce beau ? dites, est-ce beau ? Et pourquoi ce paysage m’attendrit-il ? Oui, pourquoi ? Il s’en dégage un charme si profond, si large, si large surtout, qu’il me pénètre jusqu’au cœur. Il semble, en regardant cette plaine, que la pensée ouvre les ailes, n’est-ce pas ? Et elle s’envole, elle plane, elle passe, elle s’en va là-bas, plus loin, vers tous les pays rêvés que nous ne verrons jamais. Oui, tenez, cela est admirable parce que cela ressemble à une chose rêvée bien plus qu’à une chose vue. »
Elle l’écoutait sans rien dire, attendant, espérant, recueillant chacune de ses paroles ; et elle se sentait émue, sans trop savoir pourquoi. Elle entrevoyait en effet d’autres pays, les pays bleus, les pays roses, les pays invraisemblables et merveilleux, introuvables et toujours cherchés qui nous font juger médiocres tous les autres.
Il reprit :
« Oui, c’est beau, parce que c’est beau. D’autres horizons sont plus frappants et moins harmonieux. Ah ! madame, la beauté, la beauté harmonieuse ! Il n’y a que cela au monde. Rien n’existe que la beauté ! Mais combien peu la comprennent ! La ligne d’un corps, d’une statue ou d’une montagne, la couleur d’un tableau ou celle de cette plaine, le je ne sais quoi de la Joconde, une phrase qui vous mord jusqu’à l’âme, ce rien de plus qui fait un artiste aussi créateur que Dieu, qui donc le distingue parmi les hommes ?
« Tenez, je vais vous dire deux strophes de Baudelaire. »
Et il déclama :
Que tu viennes du ciel ou de l’enfer, qu’importe,
Ô Beauté, monstre énorme, effrayant, ingénu,
Si ton œil, ton souris, ton pied m’ouvre la porte
D’un infini que j’aime et n’ai jamais connu !

De Satan ou de Dieu qu’importe, ange ou sirène,
Qu’importe si tu rends — fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine, —
L’univers moins hideux et les instants moins lourds !



Christiane maintenant le regardait, étonnée de son lyrisme, l’interrogeant de l’œil, ne comprenant pas bien quelle chose extraordinaire pouvait contenir cette poésie.
Il devina sa pensée, et s’irrita de ne lui avoir point communiqué son exaltation, car il les avait fort bien dits, ces vers, et il reprit avec une nuance de dédain :
« Je suis un fou de vouloir vous forcer à goûter un poète d’une inspiration aussi subtile. Un jour viendra, je l’espère, où vous sentirez, comme moi, ces choses-là. Les femmes, douées de bien plus d’intuition que de compréhension, ne saisissent les intentions secrètes et voilées de l’art que si on fait d’abord un appel sympathique à leur pensée. »
Et, la saluant, il ajouta :
« Je m’efforcerai, madame, de faire cet appel sympathique. »
Elle ne le trouva pas impertinent, mais bizarre ; et d’ailleurs elle ne cherchait même plus à comprendre, frappée soudain par une remarque qu’elle n’avait pas encore faite : Il était fort élégant, mais d’une taille trop haute et trop forte, d’une allure trop virile pour qu’on s’aperçût tout de suite de la recherche fine de sa toilette.
Et puis sa tête avait quelque chose de brutal, d’inachevé qui donnait à toute sa personne un aspect un peu lourd au premier coup d’œil. Mais lorsqu’on s’était accoutumé à ses traits on y trouvait du charme, un charme puissant et rude qui devenait par moments très doux, selon les inflexions tendres de sa voix toujours voilée.
Christiane se disait, en remarquant pour la première fois combien il était soigné des pieds à la tête : « Décidément, c’est un homme dont il faut découvrir une à une les qualités. »
Mais Gontran les rejoignait en courant. Il criait :
« Sœur, hé, Christiane, attends ! »
Et, lorsqu’il les eut rattrapés, il leur dit, riant encore :
« Oh ! venez donc écouter la petite Oriol, elle est drôle comme tout, elle a un esprit étonnant. Papa a fini par la mettre à son aise, et elle nous raconte les choses les plus comiques de la terre. Attendez-les. »
Et ils attendirent le marquis, qui s’en venait avec la cadette des fillettes, Charlotte Oriol.
Elle racontait, avec une verve enfantine et sournoise, des histoires du village, des naïvetés et des roueries de paysans. Et elle les imitait avec leurs gestes, leurs allures lentes, leurs paroles graves, leurs fouchtra, leurs innombrables bougrrre qu’elle prononçait bigrrre, mimant, d’une façon qui rendait charmante sa jolie figure éveillée, tous les mouvements de leurs physionomies. Ses yeux vifs brillaient ; sa bouche, assez grande, s’ouvrait bien, montrant de belles dents blanches ; son nez, un peu relevé, lui donnait un air d’esprit, et elle était fraîche, d’une fraîcheur de fleur à faire frémir d’envie les lèvres.
Le marquis ayant passé presque toute son existence dans ses terres, Christiane et Gontran, élevés dans le château familial, au milieu des fiers et gros fermiers normands qu’on recevait quelquefois à table, suivant l’usage, et dont les enfants, camarades de première communion, étaient traités par eux familièrement, savaient parler à cette petite campagnarde aux trois quarts mondaine déjà, avec une franchise amicale, un tact cordial et sûr qui éveillait tout de suite en elle une assurance gaie et confiante.
Andermatt et Louise revenaient, ayant été jusqu’au village et ne voulant point y pénétrer.
Et tout le monde s’assit au pied d’un arbre, sur l’herbe du fossé.
Ils restèrent là longtemps, causant doucement, de tout et de rien, dans une languissante torpeur de bien-être. Parfois une charrette passait, toujours traînée par les deux vaches dont le joug inclinait et tordait les têtes, et toujours conduite par un paysan au ventre creux, coiffé du grand chapeau noir, dirigeant les bêtes du bout de sa mince baguette avec des mouvements de chef d’orchestre.
L’homme se découvrait, saluant les petites Oriol ; et les fillettes répondaient par un « bonjour » familier, jeté de leurs voix jeunes.
Puis, comme l’heure avançait, on rentra.
En approchant du parc, Charlotte Oriol s’écria :
« Oh ! la bourrée ! la bourrée ! »
On dansait la bourrée, en effet, sur un vieil air auvergnat.
Paysans et paysannes marchaient et sautaient en faisant des grâces, tournaient et se saluaient ; celles-ci pinçant et soulevant leurs jupes avec deux doigts de chaque main ; ceux-là les bras ballants ou arrondis comme des anses.



L’air monotone et gentil dansait aussi dans le vent plus frais du soir ; c’était toujours la même phrase chantée par le violon sur un ton suraigu, et dont les autres instruments scandaient le rythme, rendaient l’allure plus bondissante. Et c’était bien la musique simple et paysanne, alerte et sans art, qui convenait à ce menuet rustique et lourdaud.
Les baigneurs, aussi, essayaient de danser. Petrus Martel bondissait en face de la petite Odelin, maniérée comme une marcheuse de ballet ; le comique Lapalme mimait un pas extravagant autour de la caissière du Casino, qui semblait agitée par des souvenirs de Bullier.
Mais soudain Gontran aperçut le docteur Honorat qui s’en donnait de tout son cœur et de toutes ses jambes, et exécutait la bourrée classique en véritable Auvergnat pur sang.
L’orchestre se tut. Tous s’arrêtèrent. Le docteur vint saluer le marquis.
Il s’essuyait le front et soufflait.
« C’est bon, dit-il, d’être jeune, quelquefois. »
Gontran lui posa la main sur l’épaule, et, souriant d’un air mauvais :
« Vous ne m’aviez pas dit que vous étiez marié. »
Le médecin cessa de s’essuyer, et répondit avec gravité :
« Oui, je le suis, et mal.
— Vous dites ?
— Je dis : mal marié. Ne faites jamais cette folie-là, jeune homme.
— Pourquoi ?
— Pourquoi ? Tenez, voilà vingt ans que je suis marié, eh bien, je ne m’y accoutume pas. Tous les soirs en rentrant, je me dis : “ Tiens, cette vieille dame est encore chez moi ! Elle ne s’en ira donc jamais ? ” »
Tout le monde se mit à rire, tant il avait l’air sérieux et convaincu.
Mais les cloches d’hôtel sonnaient le dîner. La fête était terminée. On reconduisit Louise et Charlotte Oriol à la maison paternelle, et quand on les eut quittées, on parla d’elles.
Tout le monde les trouvait charmantes. Seul, Andermatt préférait l’aînée. Le marquis dit :
« Comme la nature féminine est souple ! Le seul voisinage de l’or paternel, dont elles ne connaissent même pas l’usage, a fait des dames de ces campagnardes. »
Christiane ayant demandé à Paul Brétigny :
« Et vous, laquelle préférez-vous ? »
Il murmura :
« Oh ! moi, je ne les ai même pas regardées. Ce n’est pas elles que je préfère. »
Il avait parlé très bas ; et elle ne répondit rien.

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