Au XIXè siècle, la ville tient une très grande place dans les uvres littéraires, notamment chez Balzac. En effet, elles sont le reflet de la société qui change ou qui se fige. Dans l'uvre de Guy de Maupassant, la ville est à la fois un bon prétexte pour évoquer la beauté du paysage normand, mais aussi pour refléter les sentiments des personnages. Deux villes sont en particulier au premier plan, Rouen et Étretat.
En ce qui concerne la ville de Rouen, capitale de la Seine Inférieure, la description la plus précise et la plus complète se trouve dans Bel-Ami, dans le premier chapitre de la deuxième partie : « La ville apparaissait sur la rive droite, un peu noyée dans la brume matinale, avec des éclats de soleil sur ses toits et ses mille clochers légers, pointus ou trapus, frêles et travaillés comme des bijoux géants, ses tours carrées ou rondes, coiffées de couronnes héraldiques, ses beffrois, ses clochetons, tout le peuple gothique des sommets d'églises, que dominait la flèche aiguë de la cathédrale, surprenante aiguille de bronze, laide, étrange et démesurée, la plus haute qui soit au monde. »
Maupassant insiste sur la beauté de la cathédrale de Rouen, au début d'un conte court, Un normand, en utilisant le même mouvement de description : « ... Rouen, la ville aux églises, aux clochers gothiques travaillés comme des bibelots d'ivoire (...). Ici, la flèche de la cathédrale, le plus haut sommet des monuments humains. » Nous pouvons remarquer que les mêmes mots, les mêmes expressions sont réemployés dans le même ordre. |
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Comme nous l'avons déjà vu en évoquant la côte du pays de Caux, Étretat est une ville fondatrice de son uvre. Ce sont les célèbres falaises, qui font la renommée de cette ville, qui sont évoquées. Par exemple, dans Le modèle, nous en avons une description intéressante : « Arrondie en croissant de lune, la petite ville d'Étretat avec ses falaises blanches, son galet blanc et sa mer bleue, reposait sous le soleil d'un grand jour de juillet. Aux deux pointes de ce croissant, les deux portes, la petite à droite, la grande à gauche, avançaient dans l'eau tranquille, l'une son pied de naine, l'autre sa jambe de colosse; et l'aiguille, presque aussi haute que la falaise, large d'en bas, fine au sommet, pointait vers le ciel sa tête aiguë. »
La meilleure évocation d'Étretat se trouve certainement dans le conte Adieu : « Rien de gentil comme cette plage [d'Étretat], le matin, à l'heure des bains. Elle est petite, arrondie en fer de cheval, encadrée par ses hautes falaises blanches, percées de ces trous singuliers qu'on nomme Les Portes, l'une énorme, allongeant dans la mer sa jambe de géante, l'autre en face, accroupie et ronde; (... .) Le soleil tombe en plein sur les côtes : sur les ombrelles de toutes nuances, sur la mer d'un bleu verdâtre; et tout cela est gai et charmant, sourit aux yeux. »