De Gustave de Maupassant
à Louis Le Poittevin
[Paris, le 15 mars 1875.] |
Mon cher Louis,
Présente-toi chez M. G. avec cette lettre et réclame-lui ma procuration. M. G. devait accepter la succession de mon père sous bénéfice d’inventaire, et il n’a encore rien fait.
Il devait savoir que la première chose dans une acceptation de succession sous bénéfice d’inventaire, c’est de ne pas faire acte d’héritier, et la première chose qu’il fait, c’est de m’engager à lui payer une prétendue dette de mon père, c’est-à-dire à faire précisément acte d’héritier. Ensuite il me réclame une somme insensée pour pouvoir accepter cette succession, après m’avoir écrit que cette acceptation à une simple conversation avec le juge de paix (sic). Du reste, j’ai été mis au courant. Cela coûte 12 francs, sur lesquels il y a trois francs pour l’avoué. En présente de ces faits, je vient te prier de retirer ma procuration, et tu me la renverras ensuite.
Je te prierai de passer après chez M. Cullembourg, pour le prévenir que la procuration est retirée et pour le prier d’agir dans le plus bref délai.
J’embrasse Lucie et je te serre bien affectueusement la main.
J’ai retrouvé les deux lettres que je réclamais. Je n’avais envoyé que la copie. Il n’y a donc rien à réclamer en fait de lettres. Tu peux communiquer ma lettre à M. G.
J’autorise Monsieur Louis Le Poittevin, mon neveu, à reprendre chez Monsieur Gauthier, demeurant 50 rue Beauvoisine, une procuration que je lui avais donné pour accepter la succession de mon père sous bénéfice d’inventaire.