René Dumesnil : Guy de Maupassant, Tallandier, 1979, pp. 229-232.
Appendices, I Appendices, II

APPENDICES

II



Dates de publication des ouvrages de Maupassant

1876 : Une répétition, comédie en un acte en vers (dans le recueil Saynètes et monologues (Tresse et Stock, 6e série).
1879 : Histoire du Vieux temps, comédie (Tresse et Stock).
1880 : Boule de Suif (dans les Soirées de Médan). — Des Vers (Charpentier).
1881 : La Maison Tellier (Havard).
1882 : Mademoiselle Fifi (Kistemaeckers, Bruxelles).
1883 : Une Vie (Havard). — Contes de la Bécasse (Rouveyre). — Émile Zola (Quantin). — Préface pour Thémidore (Kistemaeckers). — Préface pour Celles qui osent, de Maizeroy (Havard). — Préface pour Les Tireurs au Pistolet, du baron de Vaux (Havard).
1884 : Au Soleil (Havard). — Clair de Lune (Monier). — Les Sœurs Rondoli (Ollendorff). — Miss Harriet (Havard). — Préface aux Œuvres de Gustave Flaubert (Charpentier). — Préface à l’Amour à trois, de Paul Ginisty (Baillière).
1885 : Bel-Ami (Ollendorff). — Toine (Flammarion). — Contes du Jour et de la Nuit (Marpon et Flammarion). — Préface pour Manon Lescaut (Launette).
1886 : La Petite Roque (Havard). — Contes Choisis (Bibliophiles contemporains). — Monsieur Parent (Ollendorff).
1887 : Mont-Oriol (Havard). — Le Horla (Ollendorff).
1888 : Pierre et Jean (Ollendorff). — Sur l’Eau (Flammarion). — Le Rosier de Madame Husson (Quantin). — Préface pour La Grande Bleue de René Maizeroy (Havard).
1889 : Fort comme la Mort (Ollendorff). — La Main gauche (Ollendorff). — Préface pour La Guerre, de Garchine (Havard). — Les Servantes (dans Les Types de Paris, édition du Figaro).
1890 : La Vie errante (Ollendorff). — Notre Cœur (Havard). — L’Inutile Beauté (Havard).
1891 : Musotte, comédie, en collaboration avec Jacques Normand (Ollendorff). — Note sur Swinburne, pour les Poèmes et Ballades d’A.-C. Swinburne (Savine).
1893 : La Paix du Ménage, comédie (Ollendorff). — Théâtre (Ollendorff).
Œuvres posthumes :
Le Père Milon. — Le Colporteur. — Les Dimanches d’un Bourgeois de Paris. — L’Âme étrangère. — L’Angélus.
Œuvres complètes : 29 volumes illustrés (Ollendorff, 1900-1904).
Œuvres complètes : 29 volumes, avec une Préface de Pol Neveux (1907-1910).
Œuvres complètes : 15 volumes illustrés, préface et notices de René Dumesnil (Librairie de France et Grund, 1934-1938).
Le tome XV contient la Correspondance et des Inédits.
Contes et nouvelles, textes présentés, corrigés, choisis et augmentés de pages inédites par Albert-Marie Schmidt, avec la collaboration de Gérard Delaisement. 2 volumes (Albin-Michel, 1956-1957).
Romans, texte définitif et augmenté de notices introductives par Albert-Marie Schmidt (Albin-Michel, 1959).
Œuvres complètes illustrées, texte établi et présenté par Gilbert Sigaux, 20 volumes (Cercle du Bibliophile, 1968-1973).
Guy de Maupassant, Contes et nouvelles, texte établi et annoté par Louis Forestier, (tome 1, 1875-1884 ; tome 2, 1884-1900), Bibliothèque de la Pléiade, (N.R.F., 1977-1979).
On a attribué à Maupassant : Les Cousines de la Colonelle, par la Vicomtesse de CŒUR-BRÛLANT (Lisbonne, chez Antonia de Boa Vista, s. d. Bruxelles, Gay et Doucé, 1881), mais cette attribution est erronée. La Comtesse de Cœur-Brûlant était bien une femme, et une ancienne amie de George Sand, que Théodore HANNON, l’auteur des Rimes de Joie, l’ami de Céard et de Huysmans, présenta à Kistemaeckers, lequel refusa d’éditer le volume, plus que libre, et envoya la dame à son confrère et compatriote Gay (Cf. Léon DEFFOUX, L’Œuvre, 20 octobre 1931).
Quant à l’accueil fait par la critique aux ouvrages de Maupassant, il fut mitigé, comme on l’a dit à propos de Boule de Suif. Il eût été surprenant que s’éteignissent d’un coup les fureurs déchaînées contre les naturalistes des Soirées de Médan. Mais un revirement se produisit néanmoins : Sarcey parla d’Une Vie en termes élogieux ; on a vu comme Jules Lemaître fit amende honorable du silence qu’il avait gardé sur les deux premiers volumes de Maupassant. La critique qu’il donna à la Revue Bleue est bien amusante. C’est lui qui avait demandé à Eugène Yung, directeur de la revue, de le laisser faire un article sur Maupassant. Yung acquiesça, mais lui recommanda une grande réserve, pour ne pas effaroucher le public de la revue. Les précautions oratoires et les malices de Lemaître sont fort spirituelles. Il commence par déclarer qu’il n’approuve point Mme Bonderoi et M. Tourneveau ni l’indulgence du conteur à leur égard. Mais n’est-ce point inciter le lecteur curieux à prendre connaissance du Remplaçant et d’apprendre pourquoi Mme Bonderoi, la femme du notaire, donne un louis par semaine à deux cavaliers du Xe dragons ? Cela dit, il montre que le conte est chez nous, un genre national et que Maupassant est de la vraie, de la meilleure lignée des conteurs français. — Et dans les délicieux Pronostics pour l’année 1887 (qu’on relit avec tant de plaisir), au quatrième volume des Contemporains n’écrivait-il pas : « Et Guy de Maupassant ? Lisez les premiers feuilletons de Mont-Oriol. Cela commence avec la largeur d’un roman de Zola. Puis vient un adultère honnête, comme en réclament les femmes vertueuses. C’est une trahison ! Si les écrivains se mettent comme cela à changer leur manière, il n’y a plus de sécurité pour le lecteur ! »
Brunetière vit dans Bel-Ami le chef-d’œuvre du roman naturaliste et déclara que Mont-Oriol était une peinture de la réalité « plus vraie que la réalité elle-même ».
Paul Bourget (dans Études et Portraits, III) a dit : « Il faut remonter jusqu’à Balzac pour retrouver un pareil souci de construire chaque livre sur un type particulier et avec des procédés inemployés ou employés autrement. Tantôt, comme dans Une Vie, c’est une suite de petits tableaux presque détachés, dont la succession se déroule sans qu’aucune intrigue centrale les relie, afin de mieux rendre, suivant le titre et l’épigraphe, “l’humble vérité” d’une existence usée à une monotone attente. D’autres fois, c’est comme dans Pierre et Jean, un drame serré, distribué en courtes scènes et suivi avec la rigueur d’une tragédie. L’écrivain a coupé son œuvre en trois actes aussi dessinés et aussi nets que ceux d’une pièce classique. D’autres fois, il procède, comme dans Bel-Ami, à la manière de Le Sage. C’est un récit qui va court. C’est une suite, non plus de tableaux, mais d’épisodes et comme un rajeunissement du roman d’aventures, remis au point du monde parisien. D’autres fois, comme dans Fort comme la Mort, et comme dans Notre Cœur, c’est le roman d’analyse, mais repris, refondu par une main plus puissante, exécuté avec une originalité incomparable par un psychologue qui sait rester un visionnaire. Dans chacun de ces livres, le type technique a été remanié, et comme repétri à nouveau. Ici l’exposition se fait par un dialogue. Ailleurs, le romancier l’a donnée lui-même et en son nom propre. Ailleurs, il s’est jeté d’un coup en pleine action. On croirait qu’il a eu constamment dans la mémoire le discours que Balzac fait tenir par son d’Arthez au paresseux Lucien dans les Illusions perdues. “Prenez-moi votre sujet tantôt en travers, tantôt par la queue, et surtout, variez, variez vos plans. Ne soyez jamais le même...” Chez Maupassant cette variété dans la facture s’accompagne d’une variété non moins remarquable dans la matière ainsi traitée. Il est visible qu’à chacun de ses livres renouvelés dans leur appareil extérieur, un renouvellement parallèle s’est accompli dans le champ de l’observation. Maupassant a commencé par mettre sur pied, dans ses premières nouvelles, un peuple de paysans, de petits bourgeois, de hobereaux provinciaux, de filles de la ville et de la campagne. Puis, tour à tour, il a su montrer avec un égal relief, des bohèmes et des réguliers, des journalistes et des hommes de club, des grands seigneurs et des grandes dames... Avec ses allures d’écrivain fécond qui ont pu faire dire de lui au plus subtil des critiques qu’il portait ses romans comme un pommier ses pommes, aucun ouvrier de livres ne fut plus que celui-là appliqué au développement savant et méthodique de ses facultés, aucun ne promena sur le vaste monde un appétit plus insatiable d’expériences et une curiosité plus agile. Seulement, comme il ne racontait guère cette méthode, on ne s’est jamais avisé qu’il en eût une. C’est un exemple de plus à joindre à tous ceux qui prouvent cette paradoxale vérité qu’être célèbre est une des chances les plus sûres de n’être pas connu. »

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