XVII
SOUVENIRS D’ÉTRETAT
I. — Un pélerinage
En sortant de chez M. le Docteur Genouville, rue de Lille, je gagnai le Pont de la Concorde, tout en me disant : « Je dois me rendre à la clinique pour y être opéré lundi matin ». Et comme toute opération présente un danger, je pouvais craindre une issue fatale, bien que le docteur m’eût rassuré en me disant que ma constitution lui garantissait un plein succès.
Tout en monologuant, j’étais arrivé près de la statue de l’auteur de Fort comme la mort, au parc Monceau, sans avoir jeté un regard à la tabatière de ma chambre, située au coin de la rue Rembrandt, que j’ouvrais avec tant de plaisir, un demi-siècle auparavant, pour entendre le chant des oiseaux de ce délicieux jardin.
Je regardais alors longuement la statue de mon maître sculptée dans la pierre et je n’y trouvais pas son visage d’antan, quand il était en pleine possession de sa robuste santé.
Dans la disposition d’esprit où je me trouvais, je fus un peu désappointé et je passai alors aux ruines de la mare aux canards où M. de Maupassant promenait les personnages de l’un de ses romans ; et j’arrivais à la gare Saint-Lazare, sans m’être rendu compte, ni du chemin parcouru, ni de la notion du temps écoulé.
À six heures du soir j’arrivais à la Guillette, que je trouvai complètement fermée. Pas la plus petite issue qui me permît de jeter un regard dans ce sanctuaire aux souvenirs !
Je pensai alors comme j’étais loin du désir de M. de Maupassant, qui me disait un jour : « Ma santé me donne des inquiétudes ; j’ai été chez M
e X
1..., mon avoué, pour mon testament ; et il m’a dit que si je vous laissais la Guillette, ce fait pourrait le rendre caduc. Cela m’ennuie beaucoup parce que j’aurais voulu qu’après moi vous soyez resté le gardien de cette demeure, pour y conserver le plus longtemps possible tous ces bibelots accumulés depuis ma jeunesse, et qui ont été les témoins de mes premiers travaux littéraires. Il me semble que ma maison et les objets familiers qu’elle contient, ainsi gardés par vous, je continuerais à y vivre après mon entrée dans l’au-delà. Je vais voir à ce sujet mon ami Straus, éminent avocat
2, et m’entendre avec lui pour tâcher de trouver un moyen d’arranger cette affaire ».
Mais, hélas ! les événements se sont précipités, et mon regretté Maître n’eut pas le temps d’exécuter son projet. C’est pourquoi j’errais, ce jour-là, autour de sa maison. Ce voyage mystique, sacré si l’on veut, que j’ai fait sous l’impression des suites fatales que pouvait entraîner mon opération m’avait été suggéré par la pensée que mon esprit, mon je ne sais quoi, avait peut-être une chance de retrouver celui de mon maître dans un monde inconnu et meilleur. — « Qui sait ? » a-t-il souvent dit.
II. — Dans le jardin désert
Alors j’ai fait le tour du jardin morne et silencieux ; pas un oiseau n’en rompt le silence pour me dire : « Nous sommes encore là, comme par le passé ». Et du carré normand, je regardai cette demeure qui me parut morte comme mon Maître. Sous les arbres qu’ils recouvraient comme un monument funéraire, et de chacune de leurs feuilles chargées de larmes rouges, s’échappait une imperceptible fumée. Un instant, je me crus le jouet d’un songe ; mais je reconnus bientôt que les feuilles des sycomores, mouillées par
les embruns de la marée montante, et échauffées par les rayons du soleil, dégageaient une légère vapeur.
Devant ce mausolée qui contenait tout un passé sublime de littérature, je me découvris, et priai le Dieu de l’inconnu, du surnaturel, de me dire où était l’esprit de celui qui avait fait construire cette maison, qui avait planté tout jeune ces beaux arbres qui donnaient aujourd’hui cette feuillée, si curieusement mystique, mais d’où s’exhalait cependant la pensée et le souvenir de celui dont le philosophe et historien, Taine disait un jour : « Nous ne possédons qu’un vrai créateur littéraire, absolument supérieur, c’est Guy de Maupassant » !
La réponse à cette prière ne vint pas, bien entendu. Alors mon cœur se gonfla, mes yeux se mouillèrent comme les feuilles des sycomores, et assis sur les marches du bateau qui me servaient autrefois à accéder à ma chambre
3, mes souvenirs me revinrent en foule. Je me transportai à l’époque, déjà lointaine, où, en 1888, M. de Maupassant décidait d’agrandir la Guillette :
« Vous aurez une chambre, me dit-il, et moi, j’aurai en plus une grande chambre d’ami, une salle d’armes, une salle de douches et un salon avec, au midi, une large baie vitrée qui lui permette d’être tout ensoleillé ; c’est si bon, le soleil ! ».
Huit jours plus tard les ouvriers se mettaient à l’œuvre et tout fut terminé aux premiers jours de septembre. Mon Maître décida qu’on ne poserait les tentures que l’année suivante, cependant on termina de suite le salon et l’installation de la salle de douches, que mon Maître et moi avions organisée avec un procédé tout à fait de notre invention, composé d’une pompe aspirante et foulante, munie d’un réservoir en caoutchouc, et que nous aurions pu faire breveter ; car nous obtenions avec cet appareil une pression supérieure à celle que mon Maître avait pu constater dans les plus grands établissements hydrothérapiques de Paris.
Pendant que nous ajoutions cette aile à la Guillette, mon Maître a travaillé beaucoup, tant à ses chroniques qu’à son roman Fort comme la Mort, qui est déjà bien avancé.
Vers la fin de juillet, mon Maître avait fait installer un tennis. Ce jeu, nouveau pour les habitués de la Guillette, obtint un très grand succès, et mon Maître ne tarda pas à y acquérir une très forte supériorité. Malgré cela, je me figurais, peut-être à tort,
que ce jeu lui enlevait de son élégance, mais je dus me rendre à l’évidence en constatant que la vigueur qu’il déployait en lançant ses balles lui donnait une plastique supérieure à celle de ses camarades.
*
Cette année-là, l’été fut admirable et la température, très élevée ; aussi le soir, pour se délasser des fatigues occasionnées par la chaleur, M. de Maupassant emmenait ses invités sur la falaise d’amont, près de la Chapelle des marins, et là, ils tiraient des feux d’artifice, allumaient des feux de Bengale de diverses couleurs, et, à leur lueur, tout le monde dansait. Les silhouettes projetées sur le mur de la chapelle, comme des ombres chinoises, plus ou moins fantastiques, produisaient parfois des effets d’un comique qui provoquait les éclats de rire de toute la société, et chacun s’en donnait à cœur joie. Dans le calme de la nuit, ces petites fêtes champêtres étaient très agréables et amusaient beaucoup les habitués de la Guillette.
Un jour M. de Maupassant avait reçu en cadeau d’une Comtesse une petite guenon appelée Chaly. Au bout de quinze jours, il en avait assez : « Oui ! me disait-il, elle n’est ni belle ni propre, et je ne veux pas la garder. Vous la porterez au Havre, chez un de ces marchands des quais et vous me rapporterez, en échange, un superbe perroquet amazone bleu ». Ma première impression fut de préférer à la guenon notre nouvel hôte, mais je ne tardai pas à constater que la guenon était encore préférable au perroquet. Cet animal avait tous les défauts, il était menteur, moqueur, bavard, criard et encore plus voleur que ma Pussy. Quelle bête désagréable et énervante, que de vilains tours il m’a joué ! Il fallait le surveiller constamment, car il ne laissait échapper aucune occasion de mal faire.
*
Un soir d’août, en passant devant les cuisines, M. de Maupassant me dit :
« Cette nuit, entre une heure et deux heures du matin, sur le bord de la mer en face des Roches-Blanches, on va brûler, sur un bûcher, le cadavre d’un Vice-Roi Indien, mort hier rue de la Tour, où il habitait avec ses frères et autres parents. Ils sont sept
en séjour ici et tiennent absolument à cette crémation selon l’usage de leur pays. Ce sera très curieux, si vous voulez y assister, mais surtout n’en dites rien à personne, on tient à ce que cela soit fait dans le plus strict incognito ».
Vers minuit, je remarquai des allées et venues entre l’endroit désigné et le dépôt de bois du boulanger, puis on dresse le bûcher, on l’arrose abondamment de pétrole. Le maire, M. Bossaye, et deux des frères du défunt, constatent la bonne confection de cet édifice de bois, dont la quantité eût suffi à l’incinération de nombreux cadavres. Puis le maire retourne à la maison mortuaire, puis au télégraphe. Mais l’autorisation du ministre n’arrivant toujours pas, le maire prit sur lui de faire quand même la crémation, les visages des Indiens se déridèrent à cette nouvelle qui comblait leurs vœux.
M. de Maupassant enchanté, lui aussi, de cette décision, — car il n’ignore pas qu’il n’aura jamais l’occasion d’assister à une cérémonie semblable —, laisse voir lui aussi sa satisfaction. On place la dépouille du Radjah sur un palanquin, et, à dos d’hommes, à travers les rues sombres, le funèbre cortège se rend au bûcher sur lequel on dépose le cadavre.
Le menuisier qui a fait l’intérieur de mon bateau, est le même qui me dit un jour que Napoléon III était le fils de Napoléon Ier (il connaissait certainement mieux son métier que l’histoire de France). C’est lui qui avait été chargé de la construction du bûcher et, sur l’ordre du maire, il met d’une main tremblante le feu à l’édifice qui s’embrase instantanément et l’Indien fut promptement réduit en cendres. Cet immense foyer au bord de la mer, en pleine nuit, était vraiment impressionnant pour nous qui n’avons pas l’habitude de ces funérailles macabres.
*
Cette incinération fut pour la cité d’Alphonse Karr (c’est lui et quelques-uns de ses amis qui firent la vogue de cette station balnéaire), une excellente réclame. Beaucoup de baigneurs de Trouville, de Dieppe, des Américains venant du Havre, étaient attirés par la curiosité, et tous venaient voir l’emplacement où avait eu lieu la crémation. Et plus de huit jours après cet événement, on en voyait qui remuaient consciencieusement les galets, espérant y découvrir quelques restes des cendres de
l’Indien, mais la marée s’était chargée d’en faire disparaître les moindres vestiges. En revanche, des affiches, placées en évidence un peu partout, indiquaient que chez M. X... antiquaire, on pouvait se procurer des urnes contenant les vraies cendres du Radjah, et pendant plusieurs mois, le boulanger put à peine suffire à fournir à cet honnête industriel la quantité de cendres, que le nombre toujours croissant de gogos lui enlevait à prix d’or : la crédulité humaine est, comme la bêtise, une mine inépuisable.
*
Je revoyais M. de Maupassant raconter, dans Une Vie, sa sortie du ministère, son installation définitive à la Guillette. Qui pourrait dire le bonheur qu’éprouvait alors cet auteur de tant de contes futurs, et l’on sentait dans tout ce qu’il disait, une volonté ferme, absolue de produire, de produire encore, et d’enlever ses lecteurs aux cimes les plus élevées.
Et bien des faits pourraient prouver qu’il y était arrivé, celui-ci, entre autres :
Un jour que M. le Baron de... était de passage à Paris, il me fit demander pour l’aider à mettre au point des souvenirs, à propos d’une chasse à courre à laquelle j’avais assisté comme second chef d’équipage ; ce travail terminé, il me demanda ce que je faisais à présent : — « Cuisinier et valet de chambre chez M. Guy de Maupassant ».
À ces mots, il sursauta, prit sur une étagère un volume, sortant de presse, et me dit : « Voyez ! Yvette a paru cette semaine, et je l’ai déjà lu et relu, et je me demande de quoi est trempée la plume qui a écrit cela, et de quel moule a été formé le cerveau de celui qui dépeint des scènes aussi bien rendues. Je vous avoue que chacune de ses nouvelles qui paraît est, pour moi, un bonheur nouveau qui me transporte dans des régions éthérées ; j’y puise des forces qui me rappellent ma fougue pendant nos chasses à courre. Comme je serais heureux de le connaître, cet auteur ! Comment est-il ? — Oh ! Monsieur, celui qui provoque votre enthousiasme est un beau, et surtout bon garçon, et il rappelle bien le jeune Monsieur qu’on a appelé Étienne, et qui était le neveu du Baron Bonard — Ah ! oui, Étienne le musclé, l’intrépide » Et j’indiquai alors à cet admirateur de l’auteur d’Yvette le moyen de le rencontrer.
Le lendemain d’un dîner au Helder, M. de Maupassant me dit : « Charmant ! votre baron d’E... Il paraît qu’il vous a connu tout jeune » !...
*
Et j’étais toujours assis sur les marches de la « caloge » quand une chatte, toute pareille à Piroli, sauta sur mes genoux, et comme la pauvre disparue, elle dressa sa tête, arrondit son dos pour provoquer une caresse ; et, sous la pression de ma main, elle commença son ron-ron, comme Piroli. Alors, comme si je m’adressais à celle d’antan, je lui dis : « Ma petite chatte, puisque vous êtes restée ici, n’auriez-vous pas quelquefois revu notre Maître ? Lui, qui vous a gâtée si tendrement, ne l’avez-vous pas vu par là, assis à son bureau ? N’avez-vous pas eu l’occasion de donner quelques petits coups de votre patte de velours sur son porte-plume ? N’avez-vous pas vu les rayons de joie illuminer son visage quand la nouvelle était amusante et prenait une bonne tournure ? Vous rappelez-vous, quand votre grand ami Paff vous faisait votre toilette, et que vous lui souriiez, montrant vos belles gencives roses, pour lui témoigner votre satisfaction, et lui dire : encore ! encore ! Et votre Maître se levait de son bureau pour marcher en mûrissant une phrase, et il disait à Paff : Oh ! le grand sot, voilà qu’il a toute mouillée cette petite, et il vous enlevait, il vous plaçait sur la table, vous enveloppait d’une serviette éponge pour vous sécher. Par reconnaissance pour le passé, dites-moi tout cela, ma chère petite ».
Et des ron-ron accentués, mais doux comme une prière divine, furent la réponse de ma compagne. Puis, elle s’endormit dans mes bras, et nous sommes restés ainsi longtemps, contemplant les groupes de constellations que j’avais autrefois appris à désigner par leur nom, avec M. de Maupassant et M. Louis, astronome d’une certaine valeur. Le ciel, tout constellé de lumières, traversait le grand Val, allant vers la côte du Havre et le bois Valois. Il y mettait une lenteur, un cérémonial d’enterrement de première classe, quand, au-dessus de la côte de Fécamp, apparut un croissant de lune, pâle comme celle qui précède la venue du jour, et malgré son peu d’éclat, elle me fit l’effet de chasser devant elle le cortège funèbre.
En ce moment un lapin, pris sans doute d’une envie de rendre
visite aux choux du jardin, en traversant la haie, ne prit pas garde à l’engin meurtrier qui le guettait, il jeta deux cris aigus, puis quelques plaintes étouffées, le regret sans doute de ne plus revoir son champ de thym et de serpolet, où, chaque matin, il allait prendre ses ébats. Un hibou, blotti au fond d’un trou, près du peuplier que M. de Maupassant a planté il y a quarante ans, sortit de sa cachette et, de sa voix satanique, lui souhaita bon voyage ! témoignant sa satisfaction d’être ainsi servi d’un déjeuner tout chaud. Mais ses cris réveillèrent Piroli qui sauta par terre et gratta à la porte du bateau.
Je me levai et, ayant ouvert la porte, je reconnus ma chambre. Un fauteuil de repos garni de petits coussins était là, et la petite chatte à la fourrure soyeuse s’y blottit, comme elle en avait l’habitude, et me souhaita le bonsoir par des ron-ron qui témoignaient sa satisfaction. Assis auprès d’elle, je nous revoyais, arrivant avec un appareil de chez Magne, et des lampes électriques faisant une installation complète, et, par la quantité d’ampoules que nous avions disséminées un peu partout, la Guillette resplendissant sous les feux de cette illumination a giorno. Des soirées furent organisées où M. de Maupassant et ses invités jouèrent des petites pièces charmantes qu’ils improvisaient au gré de leur caprice et de leur fantaisie, ce qui fit la joie de la société d’Étretat.
C’était à croire que M. de Maupassant avait encore quinze ans, quand il faisait ses tours de force aux Verguies, tant il s’amusait et était heureux de la gaîté de tous ses invités, qui riaient à gorge déployée, ayant laissé de côté la marque et la raideur du monde dont ils faisaient tous partie.
Le lendemain d’une de ces soirées si amusantes, il me disait : « Avez-vous remarqué, François, les boucles d’oreilles de Mme X.. on pourrait jouer aux boules avec leurs perles » ! Le jardin lui aussi, avait subi une transformation, toutes les parties du côté de la route avaient été converties en pelouses, garnies de corbeilles de fleurs ; et je revoyais M. de Maupassant admirer, avec Mme Pasca
4, les nombreuses variétés de fleurs que Cramoyson avait distribuées avec une rare distinction de nuances.
Puis, le jour vint, et j’ai de nouveau fait le tour de la maison,
avec le même insuccès que la veille ; je me suis alors rejeté sur le jardin ; j’en ai fait une sérieuse inspection, soignée, que n’aurait pas désapprouvée le Petit Caporal lui-même.
Tout d’abord, j’avais devant moi les peupliers blancs, qui jadis inclinaient si gracieusement leurs cimes sous la brise dont la Côte normande de la chambre aux demoiselles avait atténué la fougue. Ils étaient, maintenant, plus grands, et n’avaient plus le charme qui faisait le bonheur de nos yeux.
... Plus près de moi, je l’ai revu sur sa chaise-longue, lisant un journal, sous la tonnelle formée de noisetiers et couronnée d’un cerisier dont il avait nommé les fruits « les délicieuses », tant elles étaient bonnes et savoureuses.
Je passai ensuite au carré normand où j’ai retrouvé les pommiers, la mare et les poissons rouges, la petite maison en bois des épagneuls, celle du coq fameux et de ses compagnes, l’emplacement de l’appareil infernal que j’avais placé avec mon Maître pour prendre les renards qui venaient rendre visite à nos poules. À ce souvenir, je sentis un frisson me passer dans le dos.
En ce moment m’apparut le pauvre petit lapin pris au collet, et comme Piroli ne cessait de se frotter contre mes jambes, et que je n’avais rien à lui donner, comme à la cérémonie du mouton rôti, en Algérie, chez le Duc d’Aumale, je dépeçai avec mes doigts quelques petits morceaux, encore tièdes, que je présentai à Piroli, mais quelle ne fut pas ma surprise, de lui voir dédaigner ces mets ! Elle se rejeta en arrière, ne cachant pas son dédain. Je songeai alors au flair si délicat de la race féline, elle avait sans nul doute senti l’odeur fétide dont le contact du hibou l’avait empoisonné.
Le stand du tir au pistolet et à la carabine était là aussi ; le sentier tout bordé de fraises des bois, par où je vis un jour arriver, conduit par Mme Pasca, M. Alexandre Dumas fils qui avait voulu voir la Guillette.
C’est ce jour-là, à table, que, sur une invitation discrète de Mme Pasca, M. de Maupassant analysa le plan de L’Âme Étrangère, un de ses futurs romans. Quand il eut terminé, M. Dumas lui demanda s’il voulait, pour quelques instants, l’admettre comme collaborateur.
« Très volontiers ! » répondit-il.
M. Dumas développa sa manière de voir à propos de l’analyse faite, puis, s’engagea une discussion qui finit par mettre les deux
parties d’accord ; mais cette entente n’avait pas été réalisée sans beaucoup de boutades, de traits d’esprit, des ripostes, des étincelles vives et brillantes avaient jailli de ces deux cerveaux, comme de deux courants électriques en action.
Mme L... dit alors : « Mes amis, vous venez de faire un bon canevas ». Mme Pasca ajouta : « Et j’espère, M. de Maupassant, que celui-ci sera au petit point.
— Oui, Madame, je le garnirai de ces soies fines d’Orient, que tissent les araignées, et dont Aristote porta le premier manteau.
— Parfait, répliqua Mme Pasca, puisqu’il s’agit des spiritualités de ces pays, mais je vous demande, mon ami, si vous pouviez accorder une grâce à une vieille artiste, ce serait de ne semer dans cette œuvre, de ci de là, une goutte, une Marcelle infime de leur parfum ».
Cette journée-là fut l’une des meilleures de Mme Pasca. Souvent, pendant nos jours de malheur, elle me la rappela avec des larmes amères qui s’écoulaient de ses yeux noirs, car elle aimait M. de Maupassant comme s’il eût été son enfant.
Cette amitié, où la littérature avait son rôle, avait pris naissance autrefois, en compagnie de George Sand, chez Flaubert. Elle s’était fait un point d’honneur de continuer, auprès du petit Guy, ce qu’il avait perdu en amitié à la mort de son père littéraire, l’auteur de Madame Bovary, qu’il a vénéré dans tout ce qu’il a dit, dans tout ce qu’il a pensé, jusqu’à sa fin dernière.
*
Maintenant je voudrais placer ici l’aventure que conta M. Dumas fils, et qui lui servit par la suite à mettre sur pied le canevas de L’Âme Étrangère. Mais, ma plume tremble, car elle sent. qu’elle ne retrouvera, qu’en partie, les expressions de ce fin lettré. Dans le feu de la discussion, M. Dumas disait :
« Mon ami, de ces êtres qui placent l’amour au-dessus de tout, avec cela complexes à l’infini, je puis vous en parler avec connaissance de cause.
Voici : j’avais alors vingt-cinq ans ; nous étions à l’aurore de 1850 ; la révolution avait, heureusement, fermé ses portes, et les bals officiels avaient rouvert les leurs. Pendant une de ces soirées, il me fut donné de voir une femme, grande, belle, brune, à la peau satinée, un rêve en plein épanouissement ; et le regard de ses
yeux bruns, profonds et ardents semblait des flambeaux éclairant quelque esprit athénien. Elle jeta en moi un trouble, et la sensation la plus forte que j’aie éprouvée de ma vie en face d’une femme. Après avoir obtenu de cette dame la faveur d’une valse, pendant laquelle je m’étais enivré de son souffle, du parfum délicieux de sa chair, et que nos deux sveltes corps s’étaient électrisés au contact l’un de l’autre, comme deux foyers qui s’attirent et tendent à se rapprocher, je l’entraînai vers un salon de repos, sur un sofa, qu’un bouquet de palmiers abritait délicieusement ; dans cette atmosphère plus tempérée, je dis à cette dame que je désirais être son ami, tout ce que peut dire un cœur épris, tout ce que le coup de foudre peut faire déborder du cœur d’un amoureux.
Pendant tout ce temps que j’avais ainsi jeté à ses pieds toutes les prières que mon amour m’avait suggérées pour éveiller en elle un écho du sentiment qu’elle m’avait inspiré, elle était restée d’un calme froid, impassible ; pas un muscle de sa physionomie ne s’était détendu, et ma gorge serrée, desséchée me paraissait être le prélude d’un échec complet. Enfin, de sa main gauche, elle releva son écharpe de dentelles, puis l’enroula dans une légère palme qui lui descendait sur l’épaule. Et alors, de la main droite, désignant un tableau de Drolling Jésus discutant devant les docteurs, elle prononça : « Oui ! mon ami, mais vous souviendrez-vous toujours que c’est en présence de l’Homme-Dieu que vous avez pris vos engagements ?... ».
Cette union si précipitamment scellée donna, en amitié, en amour tout ce que l’on peut rêver. Parfois, après des transports passionnés qui avaient eu raison de nos forces, nous tombions épuisés.
... En ces moments où le temps semblait avoir arrêté sa marche, ma pensée voguait souvent vers mes ancêtres.
... Depuis plusieurs mois notre idylle coulait ainsi, comme en un pays de rêve, quand, un jour, mon amie me donna à lire une dépêche de son mari qui la sommait de rentrer, je courus à la signature : X..., ministre de... Je sursautai, ma compagne, généreusement, me rassura, me disant : « Mon loup, tranquillisez-vous, car, à l’invite d’un mari, il n’y a pas de presse à se rendre ».
Mais, hélas ! un jour vint, car tout a une fin, où ce fut le ministre français qui lui enjoignit d’avoir à réintégrer la capitale du domicile conjugal. Ne pouvant nous dérober plus longtemps, nos
deux âmes dans un même corps, tant elles étaient unies, serrés l’un contre l’autre, nous avons voyagé en wagon, en bateau, toujours avec la même assurance, la même foi, de tenir l’engagement qui nous liait pour toujours. Et nous espérions encore, emportés par notre rêve dans les sphères éthérées, qu’un incident imprévu nous permettrait de vivre toujours unis dans notre bonheur. Mais, en arrivant à la frontière du pays, où son mari était ministre, un arrêt eut lieu, et, oh ! surprise ! deux gentlemen encadrèrent mon amie, avec tout le cérémonial et les égards dus à son rang. Quant à moi, deux policemen me prièrent de les suivre et nous avons voyagé en train spécial jusqu’au port de X..., où ils m’embarquèrent pour le Havre
5 ».
À ce moment, je servis une seconde cassolette de ris de veau à M. Dumas : « Elles sont si petites ! » — et Mme L... leva le doigt : « Moi aussi, c’est si bon ! ce mets glisse et vous parfume la bouche comme si on dégustait des huîtres d’Ostende qui auraient séjourné en des arômes des jardins de Nazareth... ».
Puis, s’adressant à M. de Maupassant, le voyageur malheureux reprit :
« Mon ami, quand, un bon nombre d’années plus tard, je lus votre chef-d’œuvre, Au Bord de l’Eau, le souvenir de notre idylle était là, vivant, comme au temps où nous la vécûmes. Et je restai sous l’influence d’une névrose qui m’étreignit et brûla tout mon être jusqu’en ses profondeurs les plus intimes. De toute mon âme, je maudis ce mari qui, sans aucune conception des lois qui régissent le cœur de la femme, avait fait enfermer ce trésor de toutes les grâces dans un couvent, il me semblait le voir, cet ange bien-aimé, et son regard profond du jour de notre union, passant aujourd’hui tout décoloré entre les barreaux de la fenêtre de sa chambre, pour chercher une distraction à ses ennuis mortels.
Alors je reconnus la part de responsabilité qui m’incombait dans les tourments de cette captivité, mon cœur, dans toute la mesure du possible, partagea la douleur de celle qu’il avait tant aimée, lui adressant les plus sincères regrets du peu qu’il pouvait faire pour adoucir ses souffrances, et, lentement, je pleurai comme si ces larmes eussent été une caresse que j’envoyais à mon amie ! ».
Mme L... dit alors : « Je crois que la bénédiction nuptiale possède le don de rendre les maris jaloux ; c’est vrai, qu’il y a des co... ! ».
« Quand même, si j’avais le plaisir de connaître le nom de celui qui vous a, à tous deux, joué ce vilain tour, je le classerais en tête de mon futur roman, Les Maris Ombrageux. — Oh ! répondit Dumas, l’énigme est bien facile à déchiffrer, vous n’avez qu’à trouver le nom du général de cavalerie, qui, pendant la guerre de 1855, ne pouvant pas entrer son pied dans l’une de ses doubles bottes, la renversa pour la débarrasser de l’obstacle qui l’obstruait, et, à sa grande surprise, il en sortit une superbe mère hérissonne avec tous ses petits. Ce général était le frère du héros de mon histoire. Et l’on rit de cette trouvaille surprenante qui aurait pu piquer les extrémités du général et lui faire rater une victoire ».
M. de Maupassant dit : « Ce mammifère eût mieux fait de venir dans mon jardin se nourrir de limaces, que d’aller s’intoxiquer de parfums exotiques
6 ».
*
Puis, j’ai quitté la Guillette sans y avoir vu l’ombre d’un habitant. Sur la route, Piroli, la descendante de celle d’antan, — car nous avions laissé de ses petits aux voisins, — me suivait toujours. Et, près de la chapelle protestante, elle sauta sur mon dos et se blottit contre ma nuque en murmurant quelques ron-ron.
Je lui dis alors : « Ma petite chatte, le vais vous emporter à Paris, et après, si mon opération ne me laisse pas sur le banc, je vous emmènerai à Cannes, où vous aurez tout le loisir de contempler la belle bleue, qui, pendant tant d’années a bercé le maître de vos ancêtres, cette mer qui s’étend jusqu’en Sicile, comme un long bras amoureux, et voudrait embrasser dans ses charmes tous les poètes de cette péninsule latine. Vous l’entendrez, aimable et douce, apporter sur ses rives dorées les échos du large. Vers le coucher du soleil, elle vous montrera un désert couvert d’écueils d’argent ; un autre jour, sous une aurore boréale incendiée, ce
sera une immense nappe de sang ; le lendemain, dans son calme absolu, vous aurez devant vous un lac africain ; un printemps tout couvert de turquoises sous le ciel bleu. Puis nous irons voir le port où stationnait
son bateau le « Bel-Ami », avec lequel, sur cette mer parfois idéale, il a visité tous les édens de la côte de Provence. Sur ce yacht, qui était pour lui une sorte d’Olympe Thessalienne, sur lequel il a écrit les pages les plus troublantes, les plus sublimes, qui soient jamais sorties de la plume d’un génie, je vous les lirai...
Je n’avais pas terminé, que la petite chatte, d’un bond, abandonna sa retraite et grimpa sur un arbre de l’avenue de la Passée. J’eus beau la prier de me suivre, toujours comme son aïeule ; elle me répondit par de petits miaulements qui semblaient dire : « J’attends votre retour du marché, n’oubliez pas mon poisson ! ».
Je me dirigeai alors vers la plage où je trouvai une mer toute autre que celle de Cannes. Celle-ci, je l’admire pour sa majesté et ses vagues triomphantes qui viennent avec une force surprenante fouiller les galets qui roulent comme des billes rompues à cet exercice : « Et je pensai : c’est elle, qui avec son air pur chargé d’iode, avait fait de mon maître une sorte d’hercule, que, malheureusement la fatalité avait fait si tôt disparaître. Cependant, un jour bien loin déjà, elle a tenté de me jouer un tour, que la mer des poètes a fait à son grand admirateur Shelley... ».
*
Nous étions sous la falaise qui porte la chapelle des marins, à nous baigner avec quelques camarades, lorsque je commis l’imprudence de m’éloigner parmi les rochers, où je fus pris par un courant qui m’entraîna et me roula comme une feuille morte. Alors, impuissant, entraîné sous les flots, je me crus perdu et m’abandonnai sans force à mon malheureux sort. Tout à coup, l’image de ma mère vénérée se présenta à ma vue, et la pensée de la douleur qui aurait brisé son cœur en apprenant ma mort, me fit retrouver mon énergie, et je luttai avec tout le courage de celui qui veut conserver sa vie pour celle qui lui a donné le jour. Je sentis comme une morsure au bras, c’était un ami de cette phalange de bons valets de chambre d’Étretat, qui, ayant vu la situation critique dans laquelle je me trouvais, bravant résolument le danger, était venu à mon secours.
Revenu à terre, je le remerciai, tout en lui exprimant mes regrets qu’il se soit exposé à un danger pour moi ; puis je me suis écrié : « Ma mère ! ma mère ! ma mère bien-aimée, tu m’as donné deux fois la vie ! ».
Tous mes camarades me regardaient, et, à la stupéfaction peinte sur leur visage, je compris qu’ils me croyaient fou, tant je leur paraissais dénué de tout bon sens. Pour les rassurer, je leur racontai la vision qui m’était apparue pendant ma plongée forcée. Puis, je me disais : c’est au rythme puissant de la marée où j’ai dormi nombre d’années dans ma caloge du Grand-Val. Et je l’aime sans rancœur. Ma pensée allait au loin voguer sur les flots.
*
... Aujourd’hui, après un grand nombre d’années écoulées, bien des souvenirs sont encore présents à ma mémoire. Que de fois mon maître m’a parlé du génie de ce poète qu’il prisait si fort
7. Un jour que je l’habillais pour aller dîner en ville, au lendemain de son arrivée de son voyage en Italie et aux Deux-Siciles, il me dit : « Je mets mon smoking parce, que, chez Mme Iung, c’est sans cérémonie.
Il y aura seulement ce soir une causerie intime sur Victor Hugo : vous m’avez dit ce matin avoir assisté à son magnifique enterrement
8 !...
Eh bien ? ».
« Je contai de mon mieux, à l’auteur de Sur l’Eau, ce que j’avais vu pendant une journée entière, étant juché au haut d’une échelle au coin de la rue de Presbourg...
« Quelle est la chose qui vous a le plus frappé dans ce défilé que vous me racontez si bien ?
— ... Monsieur... C’est la sortie du corbillard de septième classe qui renfermait les restes d’un grand génie, sortant de dessous cet Arc de Triomphe qui représente les faits glorieux de l’âme de notre généreuse France !...
Il m’a semblé alors que tous les sujets qui la composent tressaillaient... À ce moment, ma vue se troubla, ma pensée fût paralysée
pendant quelques instants ; quand elle me revint, je me suis demandé pourquoi la dépouille mortelle de ce génie passait sous cet édifice qui porte les faits prestigieux de celui qui l’a le plus attaqué dans son œuvre ? ».
Monsieur me répondit :
« Dans bien des choses, si on les analyse, on trouve matière à critique, nous avons aujourd’hui un régime qui... ».
Le lendemain, M. de Maupassant me reparla de cette cérémonie grandiose, qu’avait été la conduite du grand poète à sa dernière demeure et me demanda de lui préciser certains détails.
Ce que je fis. Il dit alors : « Sachez que le passage du grand poète sous l’Arc de Triomphe ne retire rien à la valeur, ni à l’honneur du premier capitaine du monde...
Je vous l’ai dit plusieurs fois, selon moi, Napoléon Ier était comme Jésus-Christ, un super homme. L’un et l’autre étaient des héros !...
C’est pourquoi ils ont été crucifiés tous deux :
Napoléon sur un rocher aride !...
Jésus, l’Homme le plus intelligent qui soit venu sur la terre... sur une croix...
Quoique l’histoire nous les ait analysés sous bien des formes, nous ne les connaissons qu’imparfaitement.
Je tiens Victor Hugo pour un poète génial, mais il était « Homme »...
Il n’aimait pas Napoléon Ier ; il l’a prouvé dans tout ce qu’il a écrit par exemple dans les Orientales, il dit :
Lui, Toujours lui ! lui partout ! ou brûlante ou glacée
Son image sans cesse ébranle ma pensée !...
Il verse à mon esprit le souffle créateur.
Je tremble et dans ma bouche abondent les paroles
Quand son nom gigantesque, entouré d’auréoles,
Se dresse dans mon vers de toute sa hauteur.
Vous pouvez lire la suite dans le volume qui se trouve à l’H. (sic) ».
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Puis, là, sur la droite, la falaise toute blanche, semblable à une voile tendue, mirait sa silhouette dans les eaux transparentes de la mer. À sa vue, j’eus la sensation qu’elle n’était pas une chose nouvelle à mon esprit. En effet, un souvenir me revint, que mon Maître m’avait dit un jour : « c’est là, devant ce tableau, assis au repos dans mon canot, avec mon ami Mathô, que j’ai composé le principal de mon premier roman
Une Vie. »
Le soleil dorait les hautes falaises que M. de Maupassant a décrites dans son roman Une Vie —... « Le soleil montait comme pour considérer de plus haut la vaste mer étendue sous lui ; mais elle eut comme une coquetterie et s’enveloppa d’une brume légère qui la voilait à ses rayons. C’était un brouillard transparent, très bas, doré, qui ne cachait rien, mais rendait les lointains plus doux. L’astre dardait ses flammes, faisait fondre cette nuée brillante ; et, lorsqu’il fut dans toute sa force, la buée s’évapora, disparut ; la mer, lisse comme une glace, se mit à miroiter dans la lumière.
Jeanne, tout émue, murmura : « Comme c’est beau ! ». Le vicomte répondit : « Oh ! oui, c’est beau ». La clarté sereine de cette matinée faisait s’éveiller comme un écho dans leurs cœurs.
Et soudain on découvrit les grandes arcades d’Étretat, pareilles à deux jambes de la falaise marchant dans la mer, hautes à servir d’arche à des navires, tandis qu’une aiguille de roche blanche et pointue se dressait devant la première ».
... Je pensais alors : N’est-il pas permis de supposer que s’il eût pu donner son avis, le grand écrivain, homme modeste, eût préféré son effigie, là, sur la roche qui soutient le pied de la falaise. Et même, sa dépouille mortelle eût pu y avoir sa place.
Un poète aurait pu chanter que là, ainsi placé, Guy de Maupassant, cet amoureux de la Mer, entendait toujours les rimes de la vague, qui venait comme une caresse s’étendre sur sa roche bien-aimée.
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... Puis, seul dans mon compartiment, j’eus tout le loisir de penser à Piroli, de regretter son absence, m’attendant toujours, perchée sur son arbre, se demandant avec anxiété si je n’avais pas oublié son poisson.
1 Sans doute Me Jacob, à qui il écrit en effet à l’époque.
2 Émile Straus, ami intime de Guy.
4 Marie-Angèle Séon, épouse d’Alexis Pasquier, dite Pasca, était du groupe qui fêtait, avec Mmes Lapierre et Brainne, la Saint Polycarpe en l’honneur de Flaubert. Ce fut une actrice réputée.
5 Par des moyens occultes, M. Dumas obtint la libération de cette dame, mais ne put jamais la revoir. (Note de François).
6 Aujourd’hui que les faits qui précèdent appartiennent à l’histoire, voici les noms :
0 Le Général Narechkine, ministre et Mme la Générale, née Sareste furent avec M. Alexandre Dumas fils, les personnages réels de cette tragédie. (Note de François).